BROSSARD – « J’ai bien fait de mettre mon beau chandail », a lancé P.K. Subban, tout souriant, à la vue de la horde de caméras et de journalistes qui l’attendait devant son casier lundi matin.

Chez le Canadien, la journée du bilan de fin de saison est souvent un exercice un peu ennuyeux, un mal nécessaire auquel bien des joueurs semblent se prêter à contrecœur, comme un dernier sacrifice avant de partir en vacances la tête en paix. Compréhensible, une telle attitude aurait été d’autant plus justifiée cette année avec l’exclusion de l’équipe des séries éliminatoires.

Mais Subban, on l’a compris depuis longtemps, n’est pas un joueur comme les autres.

« Ça me fait rire quand j’entends des gens me dire d’effacer ce ridicule sourire collé à mon visage, que ça les dérange. Ça ne veut pas dire que je dois les écouter! », a d’ailleurs fait remarquer le volubile jeune homme avec sa candeur habituelle.

Pour une multitude de raisons, Subban ne semble laisser personne indifférent. Quand ses performances ne permettent pas à ses détracteurs de s’y acharner, on vise sa personnalité éclatée, on tente de décrypter ses moindres faits et gestes.

Dans une saison aussi pénible que celle que vient de traverser le Canadien, c’est peut-être la relation entre Subban et Max Pacioretty, qui s’est avérée être la plus fascinante source de spéculation. Des gros mots ont été entendus, des regards ont été analysés, des déductions ont été ébauchées et des présomptions ont trouvé leur chemin vers la place publique.

La perception générale veut que Subban et Pacioretty, deux athlètes aux personnalités opposées, aient de la difficulté à se blairer. Vrai ou faux? Lundi, les principaux intéressés ont tenté pour une dernière fois de déconstruire cette idée.

Les deux joueurs sont pratiquement entrés dans le vestiaire main dans la main et Subban, avant de prendre congé de son public pour l’été, a fait plaisir aux caméras en allant faire l’accolade à son capitaine.

« On s’aime, on se respecte, on joue ensemble. Qu’est-ce que vous voulez? Est-ce que je dois aller l’embrasser pour vous convaincre? », avait proposé Subban quelques secondes avant de faire sa sortie.

« Les journaux doivent vendre, les réseaux de télévision veulent des cotes d’écoute. Si le débat sur la relation entre Max et moi fait réagir, ils en parleront autant qu’ils le voudront. Mais je ne crois pas que ce soit juste envers nous deux », a ajouté le 76.

« C’est si drôle qu’on me pose des questions à ce sujet, a réagi Pacioretty. Si vous pouviez amener les caméras dans le salon des femmes des joueurs au Centre Bell et voir P.K. jouer au mini-hockey avec mon garçon, vous ne poseriez pas cette question. Je veux dire… P.K. Subban est venu à mon mariage! »

Le plus récent volet de cette « controverse » a fait surface en milieu de semaine dernière, quand Pacioretty a été nommé par ses coéquipiers pour l’obtention du trophée King-Clancy, qui récompense notamment l’engagement des joueurs dans la communauté. Avant le début de la saison, Subban a annoncé l’octroi d’une contribution de 10 millions de dollars à la fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants.

« Il mérite ce trophée, j’ai même voté pour lui, a clamé Subban. Je ne comprends pas où est l’histoire. C’est fascinant de voir cette controverse. »

« Les gens s’impliquent parfois dans l’ombre, a ajouté Pacioretty. Je pense que les gens poussent ce sujet beaucoup trop loin. »

« Après une saison comme celle que l’on vient de connaître, les remises en questions sont normales, a concédé Subban. Mais bien honnêtement, quand vient le temps de parler du leadership de cette équipe, je me demande jusqu’où certaines personnes vont creuser pour tenter de trouver quelque chose à dire. C’est très drôle d’entendre les théories que certains essaient de concocter au sujet de notre noyau de vétérans. Patch est notre capitaine, il est le bon gars pour occuper ce rôle et il a le support de tout le monde. Vous pouvez continuer de gratter, mais il n’y a rien à déterrer sur le sujet. »

Une question de perceptions

Un personnage aussi extraverti que Subban ne fera jamais l’unanimité, peu importe la sphère de la société dans laquelle il circule. Avec le temps, le volubile philanthrope l’a compris.

« C’est le monde dans lequel on vit. Il y a des personnalités plus fortes, il y a d’autres gars qui sont plus stoïques. Dans une équipe de hockey, c’est le travail du groupe de leaders de s’assurer que tous s’entendent bien et je trouve que c’est comme ça que cette équipe est construite. J’aime notre équipe. »

Subban a aussi habilement balayé les questions concernant ses relations supposément houleuses avec ses coéquipiers.

« Il m’arrive de souhaiter que l’attention soit davantage dirigée vers l’équipe que sur moi, mais je ne peux rien y faire. Ma personnalité se démarque de celle d’autres joueurs de notre équipe et même à travers la Ligue, et les gens essaient de s’imaginer ce que ça peut créer comme dynamique dans un vestiaire de hockey. Mais il y a toutes sortes de gars dans cette équipe. Ce n’est pas parce qu’Andrei Markov ne sourit pas devant vous qu’il ne se rend pas coupable de quelques coups pendables. C’est pour ça que je préfère en rire. Tout n’est qu’une question de perception et bien souvent, il n’y a rien de vrai dans ce que les gens croient savoir. »