Dans l'ombre des jeunes vedettes, la constance payante du trio de vétérans
MONTRÉAL – À bas bruit, dans l'ombre des exploits de Nick Suzuki et Lane Hutson, le trio pivoté par Christian Dvorak est en train de soulever beaucoup plus que son poids dans la quête du Canadien de se qualifier pour les séries éliminatoires.
Ni Brendan Gallagher, ni Josh Anderson, ni leur joueur de centre n'entrera dans le livre des records de la Ligue nationale ou dans les annales statistiques des Glorieux à la fin de la saison. Le trio de vétérans aura toutefois eu son gros mot à dire s'il devait y avoir du hockey de printemps cette année dans le 514.
Comme Anderson l'avait fait deux jours plus tôt contre les Panthers de la Floride, Dvorak a permis à son équipe de s'inscrire la première au pointage jeudi contre les Bruins de Boston. Il s'agissait de son cinquième but, et d'un dixième point, à ses dix derniers matchs.
Complice sur la séquence, Gallagher a lui-même inscrit le but décisif en début de troisième période. Il a contribué dix points à ses neuf derniers matchs et son prochain but lui permettra d'atteindre la vingtaine pour la première fois depuis la saison 2019-2020.
Sans produire au même rythme offensivement, Anderson continue de jouer comme un boulet de démolition. « Il amène beaucoup de pesanteur à cette unité-là. Il est capable de gagner des rondelles, mettre les bonnes rondelles dans la zone », a vanté Martin St-Louis. Il a été crédité de cinq mises en échec contre les Bruins et s'est retrouvé au cœur de nombreux échanges virils après le sifflet des arbitres.
Dans une équipe qui mise principalement sur la jeunesse pour faire migrer sa reconstruction à la prochaine étape, les trois complices – ils ont joué 463 minutes ensemble à 5-contre-5 cette saison, la deuxième combinaison la plus stable chez le CH cette saison – fournissent l'expérience nécessaire à toute équipe bien équilibrée.
« Ce sont trois vétérans qui comprennent comment on veut jouer, les moments de la game, les momentum, a décrit Martin St-Louis après la troisième victoire consécutive de son groupe. Ils sont tous sur la même longueur d'onde, ils sont très engagés et ils tirent [l'équipe]. Ils donnent l'exemple, ne prennent pas trop de risques en zone neutre, sont efficaces sur l'échec-avant. C'est un bel exemple pour le reste. Quand on a quatre lignes qui ont cette mentalité-là, on est fatigants. »
« Notre style de jeu est fait sur mesure pour cette période de l'année, croit Gallagher. On ne fait rien de compliqué, mais on s'y engage sans compromis. On se présente à chaque soir et on essaie de montrer l'exemple. Ça donne des résultats sur la feuille de pointage dernièrement, mais on essaie simplement d'apprécier le moment présent. »
Anderson a lui aussi ciblé la simplicité comme la clé du succès qu'il connaît avec ses partenaires.
« On essaie juste de faire tout ce qu'on peut pour gagner des matchs de hockey. On ne fait rien de compliqué. Mais on ne prend jamais de pause en zone neutre, on est assidus en échec-avant, on s'applique en défensive. On s'entendu juste bien ensemble. »
C'est aussi une saison sous le signe de la rédemption pour trois gaillards que l'on n'a pas toujours vu sous leur meilleur jour au cours des dernières années.
Anderson a été passé dans le tordeur pour son manque de réussite autour des filets adverses l'an dernier, une guigne qui l'a rendu méconnaissable dans les autres aspects de son jeu. Plusieurs fantasmaient de le voir quitter dans une transaction.
Miné par les blessures, Gallagher a pris un coup de vieux prématuré après la pandémie. On s'est demandé s'il ne vaudrait pas mieux préparer la vidéo de remerciement pour l'écran géant et racheter son contrat. Le valeureux soldat démontre présentement que ça aurait été une erreur.
Quant à Dvorak, on ne le confondra finalement jamais avec Philip Danault, mais le voilà qui rebondit de belle façon après avoir été lui aussi embêté par les blessures. « Je ne crois pas que D-Vo fait partie de l'élite dans quoique ce soit, mais il est très bon dans plusieurs facettes du jeu », a vanté St-Louis jeudi.
« Ils ont probablement formé notre trio le plus constant durant toute la saison, estime Suzuki. Leur chimie crève les yeux, ce sont des gars qui montrent le chemin au reste de l'équipe. [...] Chaque saison est différente, mais clairement ils étaient motivés de montrer cette année ce qu'ils étaient encore capables de faire. Ils sont l'une des raisons qui expliquent où nous sommes présentement au classement. »