OTTAWA - Si son équipe avait perdu aux mains des Sénateurs comme elle l’a fait vendredi en s’inclinant 4-3 en prolongation, mais dans le cadre d’un match de saison régulière, Michel Therrien aurait sans doute été livide après la rencontre.

Si son club avait perdu de cette façon en séries éliminatoires, le coach du Canadien aurait vociféré quelques réponses avant de prendre congé des journalistes pour éviter de trop en dire.

Et il aurait eu grandement raison d’agir ainsi.

Mais parce que le Canadien s’est incliné 4-3 dans le cadre d’un match préparatoire au cours duquel son équipe s’est rendue coupable de trois pénalités couteuses sur les sept écopées – deux au dossier de P.K. Subban et la dernière en prolongation pour offrir le but gagnant aux Sénateurs – et de nombreux revirements et passes ratées, Michel Therrien s’est assuré de demeurer le plus positif possible dans son analyse d’après match.

Avec raison !

Après tout, l’expérience d’entourer Tomas Plekanec des jeunes Galchenyuk et Gallagher a donné de beaux résultats lors de cette rencontre. Galchenyuk, de très loin le meilleur attaquant du Canadien encore hier, le joueur le plus impliqué – avec une bonne note sur ce plan pour Christian Thomas – a prouvé une fois encore que peu importe où on lui demandera de jouer, il jouera. Et il jouera bien. Sans retenue. Sans compromis.

Galchenyuk est un naturel. On le sait depuis qu’il a effectué ses premières présences dans l’uniforme tricolore. À l’aube de sa troisième saison, il est rapide, solide, confiant. «Je crois que j’ai les habiletés pour rivaliser avec n’importe qui dans mes batailles à un contre un», que le jeune américain a dit sans la moindre prétention.

Et c’est parfait ainsi.

Galchenyuk a même démontré un peu de hargne devant les journalistes lorsqu’il nous a reproché de lui poser encore des questions sur sa préférence entre jouer au centre ou à l’aile où il pourrait bien amorcer la saison.

Il a aussi balayé du revers de la main toutes les questions reliées à sa sortie de la patinoire en fin de rencontre lorsqu’il a retraité au vestiaire après une vilaine chute derrière le but des Sens. «Je viens de vous dire que je suis correct, je n’ai rien de plus à ajouter», que Galchenyuk s’est borné à dire.

Bon ! J’aime bien le caractère du petit gars, mais il me semble qu’il aurait aussi facilement – et bien simplement – pu dire qu’il a eu le souffle coupé lorsque Cody Ceci lui est tombé sur le dos. Ça n’aurait rien compromis et tout aurait été clair…

Tout ça pour dire que Galchenyuk est à n’en pas douté une valeur sûre à l’aube de la saison. Peut-être même déjà le plus solide maillon de la chaine offensive du Canadien.

Ce qui représente une très bonne nouvelle.

Solide à forces égales

Autre bonne nouvelle, le Canadien a dominé les Sénateurs à forces égales. Le Tricolore a obtenu 18 tirs (deux buts) à forces égales. Les Sénateurs n’en ont obtenu que neuf. Ils ont marqué une fois sur un cadeau offert par Peter Budaj qui s’est montré généreux en début de rencontre. Trop pour garder son poste d’auxiliaire à Carey Price ? C’est une bonne question. Si Budaj ne s’était pas bien repris en fin de rencontre, j’avancerais qu’il s’est peut-être sorti de Montréal. Remarquez qu’il l’est peut-être déjà. Mais la course entre Budaj et Tokarski semble tellement serrée – et en même temps tellement peu importante tant que Carey Price demeure en santé – que je ne perdrai pas de temps à risquer une prédiction.

Si le Canadien a été, et de loin, la meilleure équipe à forces égales, il n’a pas fait le poids dans la bataille des unités spéciales.

Ça non !

Les Sénateurs ont marqué trois fois sur sept attaques massives, alors que le Canadien n’a fait mouche qu’une fois sur un tir de P.A. Parenteau qui a dévié sur la main de David Desharnais avant de dévier ensuite sur le défenseur Chris Phillips.

Le Tricolore a pourtant obtenu sept attaques massives lui aussi, dont une séquence en quatre minutes en fin de troisième période alors que Chris Neil a offert cette occasion en or au Canadien de se sauver avec la victoire. Une occasion que le Canadien a bousillée. Il faut que pendant ces quatre minutes, P.K. Subban, au cachot pour cinq minutes après un violent combat l’opposant à Mark Borowiecki et Max Pacioretty – chassé pour deux minutes après du rififi l’opposant à Chris Neil – n’ont pu aider la cause de leur équipe.

Pas évident de faire mouche quand tes deux meilleurs éléments en avantage numérique sont cloués au banc des pénalités et non sur la glace…

Quoi dire de ces bagarres qui ont marqué la troisième période ?

De un : qu’elles sont inutiles et susceptibles de faire perdre au Canadien deux joueurs importants.

De deux : que même en matchs préparatoires, le Canadien et les Sens sont animés par une rivalité qui commence à laisser poindre une haine entre les deux clubs et les joueurs qui les composent.

Cela dit, si je déteste les bagarres – surtout quand elles ne veulent rien dire, comme c’était le cas vendredi soir – je dois admettre que le fait de voir Pacioretty et Subban s’impliquer pour venir en aide à P.A. Parenteau lors d’une échauffourée autour du filet des Sénateurs après un arrêt de Robin Lehner a permis de démontrer du caractère et de l’esprit de corps dans le camp du Tricolore.

Pacioretty : trois échappées

S’il n’a pu aider la cause de son équipe en attaque massive, Max Pacioretty s’est toutefois imposée en désavantage. Vraiment ! Il a amorcé la rencontre avec une longue échappée obtenue après une perte de rondelle par le nouveau capitaine des Sénateurs Erik Karlsson.

Pacioretty a obtenu deux autres échappées lors du match. Il a fait mouche à la troisième occasion.

«J’adore jouer en désavantage numérique. Il y a de l’espace sur la patinoire et lorsque tu joues avec agressivité, tu peux créer des choses. Les attaques à cinq et les séquences en désavantage servent à prendre le momentum dans une rencontre. Peu importe que tu marques ou non. J’adore avoir ces occasions de changer le cours du match dans ces circonstances», a convenu Pacioretty.

Cela dit, le trio de Pacioretty avec Desharnais au centre et P.A. Parenteau à droite n’a rien cassé encore hier. Pas question de s’inquiéter toutefois. Les trois jeunes vétérans (mais vétérans quand même) ont hâte de jouer pour vrai, dans le cadre de vrais matchs.

Ça tombe bien. Car je crois que nous sommes plusieurs à avoir hâte de les voir se mettre en marche pour vrai…

Tinordi inquiète

Dans la catégorie des mauvaises nouvelles, il est peut-être temps de commencer à s’inquiéter du rendement de Jarred Tinordi.

Pas pour l’avenir lointain du jeune défenseur. Ça non. Mais ceux qui croient – et je fais partie de ce groupe – que Tinordi est prêt à assumer un rôle de régulier dès cette année doivent commencer à se poser des questions.

Il est gros, mais ne se sert pas assez de sa grosseur.

Il n’est pas vraiment rapide et ne le sera jamais vraiment. Ce qui ne serait pas trop grave, s’il affichait un sens de l’anticipation susceptible de faire contrepoids à son manque de vitesse. Ça viendra peut-être. Mais pour l’instant, ce sens de l’anticipation est loin d’être évident.

Et ça semble miner ses chances.

C’est dommage. Car le Canadien a une place pour lui au sein de sa brigade défensive. Mais cette place, Tinordi semble ne pas vouloir la prendre. Ou en mesure de le faire.

Ce qui n’est pas le cas de Nathan Beaulieu qui lui en mène large sur l’aspect offensif du jeu.

Depuis une semaine, je crois que Beaulieu est largement en avance sur Tinordi dans la course pour la place libre au sein du top 6 des arrières du CH. Cette avance s’est accentuée hier.

En ce qui a trait aux autres jeunes de l’organisation, Christian Thomas a une fois encore été très bon. Il sera sans doute retourné à Hamilton au cours des prochaines heures, mais il pourra partir la tête haute avec le sentiment du devoir accompli.

Jacob De la Rose et Daren Dietz le suivront.

Il ne restera alors que les décisions finales à prendre sur les statuts de Jiri Sekac, Michael Bournival et le vieux Travis Moen qui n’a rien cassé encore hier alors que Brandon Prust semblait réellement manquer à Manny Malhotra et Dale Weise au sein du trio de plombiers du Canadien.

J’imagine qu’on sera fixé samedi alors que le Canadien et les Sénateurs complèteront leur calendrier préparatoire respectif.

Pour le plaisir de la chose, je vous propose mon alignement en vue du début de saison…

Attaquants

Pacioretty – Desharnais – Parenteau

Galchenyuk – Plekanec – Sekac

Bourque – Eller – Gallagher

Prust – Malhotra – Weise

Moen - Bournival

Défenseurs

Emelin – Subban

Markov – Gilbert

Beaulieu – Weiver

Tinordi

Gardiens

Price – Budaj

Cela dit, ne gagez pas votre maison là-dessus, ni même votre cabanon…