Une victoire nécessaire
Canadiens dimanche, 6 nov. 2016. 01:18 mercredi, 11 déc. 2024. 18:30Au lendemain d’une humiliante dégelée, de retour devant des partisans bien plus enclins à composer le 9-1-1 qu’à se satisfaire de cette fiche pourtant fort éloquente après 10 matchs, les joueurs du Canadien n’avaient pas à puiser bien creux pour trouver des sources de motivation à l’aube de leur affrontement face aux Flyers de Philadelphie.
Débarqués au Centre Bell dans la cadre de la grande journée consacrée à la lutte contre le cancer, des dizaines de jeunes garçons et filles venus trouver un brin de courage et deux brins de force autour du Canadien ont offert d’autres sources de motivation à leurs favoris.
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« Il était impossible de ne pas sortir forts dans des circonstances comme celles de ce soir », a d’ailleurs convenu le Québécois Phillip Danault qui, comme ses coéquipiers, a été remué par le jeune Simon qui a profité de la courte sortie que lui ont accordée ses médecins de l’Hôpital pour enfants de Montréal pour venir dévoiler l’alignement partant à ses héros dans le vestiaire du Tricolore, assister à la victoire de 5-4 de son club favori et rencontrer les joueurs après la partie avant de retourner à l’hôpital pour y reprendre le combat qu’il livre au cancer.
La dure réalité qui frappe le petit Simon et les autres enfants qui ont accompagné Carey Price, Shea Weber, Alexei Emelin, Max Pacioretty, Tomas Plekanec et Brendan Gallagher sur la patinoire pour les hymnes nationaux ont remis en perspective les conséquences de la raclée de 10-0 encaissée vendredi à Columbus.
Vrai que sur le plan hockey, cette défaite avait de quoi secouer bien des partisans, voire en faire paniquer quelques-uns. Mais en signant une victoire bien banale et loin d’être convaincante aux dépens des Flyers, le Canadien a vite repris les deux points gaspillés face aux Blue Jackets.
Ces deux points ne règlent pas tous les ennuis du Tricolore. Loin de là. Mais ces ennuis sont bien futiles en comparaison aux véritables maux qui minent les enfants qui étaient de passage au Centre Bell samedi – et les milliers d’autres qu’ils représentaient – et les membres de leur famille qui ont pu profiter de la victoire du Canadien pour atténuer la douleur avec laquelle ils doivent composer quotidiennement.
La victoire de samedi a donc fait du bien à tout le monde. À commencer par les enfants et leurs parents heureux de les voir sourire au lieu de souffrir.
Elle a fait du bien aux joueurs du Canadien, à commencer par Tomas Plekanec qui a finalement secoué sa torpeur en marquant son premier but de la saison. Un but important qu’il a inscrit alors qu’Andrew Shaw écoulait la deuxième tranche d’une pénalité mineure de quatre minutes. Une pénalité coûteuse puisque les Flyers venaient de marquer au cours de la première tranche.
Elle a fait du bien à Phillip Danault (première étoile du match) et aux membres du quatrième trio qui ont encore été sans tache et sans reproche samedi. Forts des 14 points qu’ils revendiquent depuis le début de la saison, le trio de Torrey Mitchell (5 buts, 1 passe), de Phillip Danault (3 buts, 3 passes) et de Brian Flynn (2 passes) est d’ailleurs le seul à ne pas avoir été
secoué dans le cadre des nombreux chambardements orchestrés par Michel Therrien.
La victoire a aussi fait du bien à l’entraîneur-chef et surtout aux très nombreux partisans qui étaient prêts – remarquez qu’ils le sont peut-être toujours malgré la victoire – à congédier Michel Therrien et à échanger la moitié du club en raison des « signes évidents » que cette équipe n’est pas meilleure que celle qui a piqué du nez au classement l’hiver dernier. Que cette équipe est encore tributaire de Carey Price et de ses performances devant son filet.
Encore Price
Vrai que Carey Price a une fois encore été solide devant la cage du Canadien.
Remarquez que c’était prévisible : seul joueur qui n’avait rien de rien à se reprocher après la défaite de 10-0 encaissée à Columbus vendredi, Carey Price a fait ce qu’on attendait de lui. Il a donné une chance de gagner à son équipe. Malgré un vilain but et un autre un brin douteux, Price a réalisé quelques gros et très gros arrêts qui ont fait toute la différence dans le match.
Car si Price a su racheter quelques largesses avec de gros arrêts, son vis-à-vis devant la cage des Flyers a été incapable de l’imiter. Très généreux devant son filet, Michal Neuvirth a anéanti
les chances de victoires de Flyers qui ont pourtant été bien meilleurs que le Canadien au moins durant 40 des 60 minutes de la partie.
Neuvirth a été généreusement mauvais. De fait, les cinq buts accordés sur les 17 tirs du Canadien lui ont donné une affreuse moyenne d’efficacité de 70,6 %. Une moyenne bien pire que celle de Al Montoya qui a pourtant accordé 10 buts sur les 40 tirs (75 %) des Blue Jackets vendredi soir.
Ça vous donne une idée.
Une victoire avant tout
Les quelques gros arrêts de Price combinés aux cadeaux de Neuvirth ont changé l’allure du match de samedi. Ils ont effacé les lacunes du Canadien qui a été bien trop brouillon en zone défensive et bien trop nerveux dans ses poussées offensives pour faire oublier l’affreuse partie de vendredi.
Le fait que le Canadien ait été dominé 38-17 dans les tirs cadrés et 70-45 au chapitre des tirs tentés offre une très bonne idée de l’allure de la rencontre. Une allure surtout dictée par les Flyers.
«Tout ce qui comptait ce soir est la victoire. Après notre défaite de vendredi, il fallait gagner et j’aime mieux m’attarder aux aspects positifs et au fait que nous avons su profiter de nos chances», a commenté Michel Therrien après le match.
Cette remarque était tout à fait justifiée de la part de Michel Therrien. Car oui, la victoire va calmer un peu la tempête soulevée par la défaite de 10-0.
Mais l’entraîneur-chef qu’est Michel Therrien ne peut être complètement soulagé par le simple score final de la partie de samedi. Surtout que la semaine qui s’annonce sera bien plus difficile que celle qui se termine alors que les Bruins de Boston, les Kings de Los Angeles et les Red Wings de Detroit se succéderont au Centre Bell mardi, jeudi et samedi avec, en prime, une petite virée à Chicago dimanche, pour compléter cette séquence de quatre matchs en six soirs.
Michel Therrien voit comme tout le monde que son équipe peine à orchestrer des sorties de zone rapides et précises depuis que ses adversaires mettent de la pression sur ses défenseurs.
Michel Therrien voit comme tout le monde que ses premiers trios sont loin de lui offrir le rendement qu’il attend d’eux.
Michel Therrien voit comme tout le monde qu’Alexeï Emelin, malgré sa bonne volonté, les mises en échec qu’il distribue et les tirs qu’il bloque, ne peut passer plus de 23 minutes sur la patinoire sur une base régulière.
C’est pour cette raison qu’il jongle comme il le fait avec ses trios depuis le début de la saison. C’est pour cette raison qu’il tente de trouver les meilleures combinaisons qui permettront de retrouver le rythme de production offensive du début de saison alors que les autres clubs ne s’étaient pas ajustés à la vitesse et l’efficacité du Tricolore.
Si je suis prêt – et il serait bien injuste de refuser de lui offrir le temps nécessaire – à laisser Michel Therrien jongler avec ses effectifs comme il le fait, il faudra que le coach du Canadien trouve une façon de réduire le nombre de pénalités écopées par son équipe et de réduire le nombre de dégagements refusés dont son club se rend coupable.
Les pénalités font mal. On l’a vu vendredi à Columbus alors que les Jackets ont enfilé quatre buts en attaque massive. Les Flyers ont marqué deux fois en supériorité numérique en fin de rencontre samedi. Ces deux buts ont compliqué indûment la tâche du Tricolore qui a bousillé deux fois plutôt qu’une des avances de deux buts.
Les trop nombreuses mises en jeu disputées près de ses gardiens après des dégagements bêtes et refusés font aussi bien mal au Canadien qui a d’ailleurs payé le prix sur le but de Shayne Gostisbehere en milieu de première période samedi.
Après la raclée de vendredi et la présence des enfants malades au Centre Bell, je m’attendais à un meilleur match de la part du Canadien. Je m’attendais à ce que les joueurs sortent avec plus de vigueur et jouent avec plus de détermination qu’ils ne l’ont fait face aux Flyers.
Peut-être étaient-ils encore secoués par les contrecoups de la raclée encaissée vendredi. « Je peux t’assurer que personne n’a bien dormi la nuit dernière et que personne n’avait le cœur à la fête ce matin à l’entraînement. On voulait gagner et c’est ce qu’on a fait. Je suis fier de la gang et du caractère qu’on a démontré », a d’ailleurs indiqué Phillip Danault qui est venu faire un tour sur le plateau de l’Antichambre après le match.
Je vais donc donner le bénéfice du doute au Québécois et à ses coéquipiers qui, en dépit l’affreuse défaite de vendredi, ont su rebondir dès le lendemain ce qui fait qu’ils n’affichent qu’une seule défaite en temps réglementaire cette saison.
Même si tout n’est pas parfait, loin de là même, avec une fiche de 10-1-1, avec Price qui est en santé, avec le nouveau leadership qui solidifie cette équipe moins fragile que l’an dernier, le Canadien mérite bien qu’on lui accorde le bénéfice du doute plutôt que de sauter sur le téléphone pour composer le 9-1-1.
Vous ne trouvez pas?