OTTAWA – Le Canada et les États-Unis se croiseront « pour vrai » le 20 septembre lors du tournoi à la ronde marquant la première phase de la Coupe du monde.

Mais si les matchs préparatoires de vendredi à Columbus et de samedi à Ottawa sont le reflet de ce que nous réservent les joueurs des deux équipes, ce premier duel aura des allures de guerre de tranchées. Et ceux qui suivront s’ils se croisent à nouveau en grande finale se transformeront en guerre sans merci.

Au lendemain de la défaite de 4-2 encaissée dans le cadre d’un match au cours duquel les Américains se sont imposés autant sur le plan physique qu’au chapitre du score final, le Canada a pris les moyens pour remettre les pendules à l’heure.

Fort d’une attaque massive qui lui a donné trois buts, de bons arrêts effectués par le gardien partant Braden Holtby et surtout par le Québécois Corey Crawford qui a disputé la deuxième portion de la rencontre, le Canadien a éclipsé les Américains 5-2. Tout ça en dépit du retrait préventif de Sidney Crosby à qui Mike Babcock a donné congé pour insérer Corey Perry – Jay Bouwmeester a aussi remplacé Jake Muzzin à la ligne bleue – au sein de la formation.

Mais en plus de jouer du gros hockey pour savourer une revanche au chapitre des buts marqués, les Canadiens ont sorti les épaules pour reprendre possession de la patinoire.

Particulièrement actif vendredi à Columbus, Ryan Kesler était la cible de prédilection pour le Canada. On s’en est vite rendu compte lorsque Joe Thornton a franchi les limites de la légalité pour l’épingler solidement dans la bande en début de rencontre. « Jumbo Joe » a écopé une pénalité pour son geste. Qu’à cela ne tienne. Un message devait être livré et le vétéran l’a livré en personne. D’autres livraisons ont suivi au cours de cette rencontre ponctuée de plusieurs coups solides, de trois échauffourées qui ont marqué la fin des première, deuxième et troisième périodes et de 26 pénalités mineures.

Tavares déteste perdre

Comment expliquer pareille intensité lors d’un deuxième match préparatoire qui a offert du jeu plus intense et soutenu en première période que la majorité des premières périodes que les clubs de la LNH offriront à leurs partisans en janvier et février prochain?

« Parce que tous les joueurs au sein de notre équipe détestent perdre. Les attentes sont élevées à l’intérieur et à l’extérieur du vestiaire chaque fois que le Canada dispute un match. Peu importe que ce soit un match de médaille d’or ou dans le cadre d’un match hors-concours qui sert malgré tout à établir notre position face à un rival aussi important que les États-Unis », a vivement répliqué John Tavares qui a marqué deux buts sur les sept tirs qu’il a décochés – le Canada en a obtenu 38 – décrochant une première étoile fort méritée.

« Nous avons fait bien de bonnes choses vendredi même si les résultats ne sont pas venus. Ce soir, le synchronisme était meilleur. Nous n’avons eu que trois entraînements avant de disputer ces deux premières rencontres. Il faut maximiser notre apprentissage, développer notre aisance et notre complicité le plus rapidement possible si nous voulons performer à la hauteur de nos attentes lors du tournoi. C’est pour cette raison qu’il fallait rebondir comme nous l’avons fait », a conclu Tavares dont les deux buts ont été enfilés lors d’avantages numériques : une fois à quatre contre trois, et l’autre à cinq contre quatre.

S’il a enfilé un but chanceux – rondelle déviée devant la cage de Cory Schneider – pour marquer son premier filet et a bénéficié du travail sensationnel de Jonathan Toews qui lui a permis de tirer dans une cage déserte sur son deuxième, John Tavares s’est aussi fait voler à deux reprises par le gardien des Devils : une première fois sur un tir vif de l’enclave et un autre au terme d’une échappée.

ContentId(3.1196641):Le Canada l'emporte 5 à 2 devant les États-Unis
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Logan Couture a ouvert la marque en première période marquant lui aussi lors d’une attaque massive. Il a bénéficié sur le jeu d’une passe savante de son coéquipier et ancien capitaine avec les Sharks de San Jose Joe Thornton.

Jay Bouwmeester a donné les devants 3-0 au Canada avant la fin du premier tiers. Des buts de Ryan McDonagh en fin de première période et de John Carlson lors d’une attaque massive en début de deuxième ont ramené les États-Unis dans le coup.

Un but magnifique de Matt Duchene à qui Tyler Seguin a servi une passe parfaite dans l’enclave après avoir attiré vers lui deux joueurs américains a permis au Canada de reprendre une avance de deux buts. Une avance qui a alourdi les jambes des joueurs des États-Unis.

« Le match de vendredi a été si intense, si rapide, si difficile que nous étions à plat ce soir », a plaidé Max Pacioretty croisé devant le vestiaire de l’équipe américaine après la rencontre.

Relégué au sein d’un quatrième trio, le capitaine du Canadien n’a pas joué beaucoup effectuant 13 présences seulement (le plus faible total de l’équipe) totalisant 10 min 5 s d’utilisation. Trois petites secondes de plus que Kyle Palmieri qui a toutefois passé six minutes au banc des pénalités. Limité à un tir au but, Pacioretty a été victime d’un différentiel de moins-2 lors de la rencontre. « C’était difficile ce soir. Comme je l’ai dit tantôt, nous n’avions pas de jambe. Pas de rythme. On s’en va compléter notre préparation à Washington – match contre la Finlande mardi – et nous serons prêts pour le tournoi. »

Si Pacioretty n’a pas vu beaucoup d’action, son nouveau complice avec le Canadien Shea Weber a été le joueur le plus utilisé par le Canada passant 23 min 41 s sur la patinoire. Solide dans tous les aspects du jeu, Weber s’est imposé en compagnie de Marc-Édouard Vlasic au sein du duo le plus solide du Canada.

Drew Doughty qui a récolté deux passes tout comme Corey Perry et Steven Stamkos a obtenu la deuxième étoile de la rencontre.

Crawford s’éclate

Bien qu’il n’ait disputé qu’une moitié de rencontre en relève à Braden Holtby (deux buts accordés sur 13 tirs), Corey Crawford a été parfait devant la cage du Canada stoppant les 10 tirs auxquels il a fait face.

Deux de ses dix arrêts ont soulevé les 18 687 partisans venus assister à la rencontre au Centre Canadian Tire. Un premier avec la mitaine – et un brin de moutarde – aux dépens de James Van Riemsdyk et un deuxième sur un plongeon réalisé aux dépens de Ryan McDonagh.

Si le capitaine des Rangers a aidé la cause du gardien de Châteauguay en prenant une seconde de trop avant de décocher son tir, Crawford a admis avoir surtout joué de chance.

« J’ai été pris en défaut sur mon déplacement qui était trop lent. J’ai alors plongé (sur sa droite) en levant mon bâton. J’ai été chanceux de toucher à la rondelle », a reconnu Crawford qui a alors eu droit à des « Corey! Corey! Corey! » normalement scandés par les partisans des Hawks au United Center.

Visiblement satisfait au terme de cette rencontre, Crawford a répété à quel point il est heureux de faire partie d’Équipe Canada. « J’étais un peu nerveux, car c’était ma première sortie avec l’équipe nationale. Mais les circonstances sont bonnes pour moi. J’accompagne deux des meilleurs gardiens au monde. Je connais mon rôle. Je sais ce qui m’attend. Je ne suis pas ici pour voler le job à qui que ce soit. Alors c’est clair qu’il y a moins de pression sur moi que sur les autres. Ça m’aide certainement un peu. Je tiens simplement à profiter au maximum de mon expérience, à m’amuser tout en demeurant prêt au cas où on aurait besoin de moi. »

Les joueurs de l’équipe canadienne profitent d’un congé dimanche. Ils reprendront l’entraînement lundi avant de faire le voyage vers Pittsburgh où ils compléteront leur calendrier préparatoire mercredi avec un match contre la Russie.

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