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Les Canadiens dans la KHL incités à quitter la Russie et le Bélarus

Jordan Weal Jordan Weal - Getty
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Des Canadiens continuent de jouer avec des équipes de la Russie et du Bélarus de la Ligue continentale de hockey (KHL) malgré les avertissements du gouvernement du Canada de quitter ces deux pays.

Avec 48 joueurs au sein de formations de la KHL cette saison, le Canada affiche la plus importante représentation de tous les pays, à part la Russie.

Quarante-quatre de ces Canadiens évoluent avec des équipes situées à l'intérieur des frontières de la Russie et du Bélarus, tandis que les quatre autres jouent au Kazakhstan.

La Russie, avec le soutien du Bélarus, a envahi l'Ukraine le 24 février.

Dans ce conflit, le Canada a clairement manifesté son appui à l'Ukraine avec des contributions financières de 626 M $ en aide militaire et de plus de 320 M $ en assistance humanitaire depuis février.

Le Canada a également imposé des sanctions financières à la Russie et au Bélarus.

« La guerre du président (Vladimir) Poutine en Ukraine est une guerre pour la liberté, pour la démocratie et pour les droits des Ukrainiens, et de tous les peuples, de déterminer leur propre futur », a écrit Adrien Blanchard, attaché de presse de Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, dans une déclaration acheminée par courriel à La Presse Canadienne.

« En tant que Canadiens, ce sont des valeurs auxquelles nous tenons chèrement. Les athlètes qui décident de jouer et de s'associer à la Russie et au Bélarus devraient expliquer leur décision à la population. »

Ritchie Winter, un agent négociateur albertain qui compte trois clients dans la KHL, estime que les joueurs ont le droit de gagner leur vie dans leur profession comme le font d'autres Canadiens travaillant dans des pays étrangers.

« Nous vivons dans un monde où les individus ont le droit de prendre ces décisions. Ce n'est qu'une décision individuelle liée à une occasion d'emploi, a fait remarquer Winter. Est-ce que tous les joueurs qui sont partis se sont débattus avec la décision? Oui, absolument.

« Au bout du compte, ce sont des époux et des pères qui ont des responsabilités envers leur famille. Si vous formez une jeune famille avec des ressources limitées parce que vous avez surtout joué dans les ligues mineures, il y a un désir de prendre soin de votre famille. Parfois, ça mène des gens vers les champs pétrolifères du Kazakhstan et parfois ça les mène vers la KHL. »

Dans un communiqué acheminé à La Presse Canadienne, le ministère Affaires mondiales Canada a indiqué que des avis de ne pas voyager en Russie et au Bélarus ont été publiés le 5 mars et le 24 février, respectivement.

« Notre gouvernement a été très clair. Les Canadiens devraient éviter tout voyage en Russie et au Bélarus, a déclaré Blanchard. S'ils se trouvent en Russie ou au Bélarus, ils devraient quitter maintenant. Notre capacité à offrir des services consulaires pourrait devenir extrêmement limitée. »

Des dizaines de Canadiens jouent dans des ligues de hockey professionnel masculin en Europe chaque année. Les meilleurs joueurs de la KHL peuvent toucher un salaire annuel supérieur à 1 M$ US.

La Presse Canadienne a transmis des messages à neuf joueurs canadiens qui évoluent dans la KHL afin de savoir si la ligue et leur équipe leur avaient fourni des assurances liées à leur sécurité personnelle. Aucun n'a répondu.

« Il y avait un certain nombre de joueurs pris dans le collimateur l'année dernière quand tout cela est arrivé. Ils sont restés et n'ont vu aucun risque », a déclaré Winter.

« D'après ce que les joueurs me disent, l'environnement n'a pas changé par rapport à ce qu'il était auparavant. Beaucoup d'entre eux ont évalué ce risque et ont déterminé qu'ils joueraient là-bas. »

Winter connaît aussi des joueurs qui ont refusé des occasions de jouer dans la KHL cette saison.

« Tout le monde a un profil de risque différent, a-t-il fait remarquer. J'ai eu des clients canadiens et américains qui ont refusé de gigantesques sommes d'argent par rapport à ce qu'ils gagneront ici. »

Il y avait 53 Canadiens dans la KHL la saison dernière. Sept jouaient pour le Dynamo de Riga, en Lettonie, une équipe qui a quitté les cadres de la ligue, tout comme la formation finlandaise du Jokerit de Helsinki.

« Je n'appuie évidemment pas la guerre en cours, a affirmé l'attaquant Jake Virtanen, qui profite d'un essai avec les Oilers d'Edmonton après avoir disputé 36 parties avec le Spartak de Moscou la saison dernière.

« C'est l'une des principales raisons pour lesquelles je suis parti. C'est une situation difficile. Personnellement, je n'y retournerais pas à cause de ça. »

Les États-Unis, qui supportent l'Ukraine, sont empêtrés dans une querelle diplomatique avec la Russie au sujet d'une athlète professionnelle.

La star de la WNBA Brittney Griner, qui joue au basketball professionnel à Ekaterinburg pendant la saison morte, a été condamnée le 4 août à neuf ans de prison pour possession de drogue.

Lorsqu'elle est arrivée à Moscou le 17 février, la police a déclaré avoir trouvé des cartouches de vapoteuse contenant de l'huile de cannabis dans ses bagages.

M. Winter affirme que le fait que des Russes jouent dans la LNH dissuade une éventuelle détention d'un joueur canadien en représailles au soutien du Canada à l'Ukraine, mais un professeur agrégé de sciences politiques de McGill estime que le risque existe.

« La Russie n'a pas d'État de droit, donc toute personne qui se trouve en Russie risque toujours d'être piégée, incarcérée, utilisée comme un pion dans tout ce que le gouvernement local, le gouvernement central, etc. décide de faire », a déclaré Maria Popova.

Le risque qu'un joueur de hockey canadien soit détenu par les autorités locales, nationales ou centrales est faible à modéré, « mais le risque existe », a-t-elle ajouté. « Je pense que quelque chose comme ce qui est arrivé à Brittney Griner est possible. Le même livre de jeu peut être répété dans une affaire contre un joueur canadien, c'est sûr. »

« Je ne vois pas pourquoi la Russie essaierait d'utiliser ces personnes comme un pion parce que le Canada n'est pas le principal problème de la Russie dans cette guerre », a poursuivi Popova.

« Il n'y a pas vraiment d'espoir que la Russie puisse changer la politique canadienne en Ukraine. Ils savent que le Canada est fermement ancré dans l'OTAN et qu'il soutient clairement l'Ukraine. »

Le gardien de but Andrew Hammond est le plus récent Canadien à avoir signé un contrat avec un club de la KHL. Il a rejoint le Traktor de Chelyabinsk le 16 septembre.

Sept Canadiens de la KHL ont porté la feuille d'érable aux Jeux olympiques de Pékin en février dernier, juste avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine, dont le gardien Ed Pasquale (Metallurg de Magnitogorsk) et les attaquants Corban Knight (Avangard d'Omsk) et Josh Ho-Sang (Salavat Yulaev).