Un but et des pierogis : les débuts attendus de Guillaume Richard
MONTRÉAL – Les « Pierogies » de Cleveland?
Vraiment?
À son arrivée chez les professionnels la semaine dernière, Guillaume Richard admet ne pas trop avoir compris « ce qui se passait »
Le défenseur québécois pensait enfiler un chandail des Monsters, club-école des Blue Jackets de Columbus dans la LAH.
Pas cette curiosité.
Le chandail des Pierogies de Cleveland
Pourquoi donc les Monsters troquaient-ils leurs couleurs et leur logo pour une bouchée chaussée de patins et équipée d'un bâton?
« C'était une fin de semaine spéciale », a fini par apprendre Richard de la bouche de ses nouveaux coéquipiers. « C'était pour honorer la communauté polonaise [de la région ]. »
Cleveland, c'est la terre d'accueil de la première vente documentée de pierogis en Amérique du Nord en 1928, apprend-on dans l'annonce initiale du week-end thématique des Monsters.
Au cours des deux matchs que les « Pierogies » ont joués face aux Penguins de Wilkes-Barre/Scranton, vendredi et samedi dernier, le mets en vedette – qui s'apparente à un ravioli farci le plus souvent de purée de pomme de terre, d'oignons et de fromage – était offert dans les concessions alimentaires du Rocket Arena. Un hot dog a même été transformé pour l'occasion.
« C'était drôle d'avoir ces chandails et un nouveau nom d'équipe pour mon premier match », relatait Richard, plus tôt cette semaine dans un entretien avec le RDS.ca. « Mais ça a bien adonné. Ça m'a même peut-être porté chance. »
On peut dire ça.
C'est en effet dans ces éphémères couleurs honorant le drapeau polonais que l'arrière de 22 ans, avant tout réputé pour sa fiabilité défensive et son sens du sacrifice dans la NCAA, a marqué son premier but. Sur son tout premier tir.
« Je sais que pour me rendre au prochain niveau, ça va être par mon jeu défensif et pas nécessairement par mon jeu offensif. Mais c'est quelque chose que j'avais avant et c'est quelque chose que je n'ai jamais perdu. Le flair offensif, il reste. Il est encore là. »
De toute évidence. Quatre jours à peine après avoir quitté le campus de l'Université Providence, où il avait passé les quatre précédentes saisons après avoir été un choix de 4e tour des Jackets en 2021 (101e), Richard a sauté sur la première occasion s'offrant à lui de le démontrer.
Alors que son coéquipier Rocco Grimaldi amorçait une relance, Richard l'a accompagné en zone ennemie, sprintant en ligne droite et s'offrant rapidement en cible pour s'amener seul devant le gardien et le déjouer d'une habile feinte du revers.
welcome aboard, Guillaume 🙌
— Cleveland Monsters (@monstershockey) April 5, 2025
🍎: Grimaldi pic.twitter.com/xOg76Ve34l
« Les coachs m'ont dit qu'ils voulaient que je sois fiable, que je garde ça simple pour les premiers matchs. Mais ils m'ont aussi dit qu'une fois dans le milieu de la glace, puis en zone offensive, de me faire confiance. De faire les jeux que je voyais. [...] J'ai juste saisi ma chance et j'espère continuer dans cette veine-là. »
« Rien ne lui a jamais été donné »
Le hockeyeur de Cap-Santé, qui a ajouté une mention d'aide sur le jeu de puissance à son dossier lors de cette même rencontre, a depuis joué deux autres matchs dans le monde du hockey rémunéré, pour lequel il ne pourrait être plus mûr.
« L'année passée, j'ai eu des discussions avec mon agent Dominic DeBlois. On trouvait que de revenir pour une quatrième année [dans la NCAA] était important pour que le jour où j'arriverais chez les professionnels, je sois en confiance. J'ai été élu parmi les capitaines de l'équipe, on a performé et on avait une équipe pour faire un bon bout de chemin », explique celui qui a finalement vu sa carrière universitaire avec les Friars se conclure au premier tour du tournoi de la NCAA.
Après coup, Richard s'est rapidement entendu avec les Jackets, qui lui ont offert un contrat d'entrée de deux saisons qui entrera en vigueur dès l'an prochain. Une belle marque de confiance et de loyauté de la part d'une organisation qui a toujours cru au potentiel de l'espoir québécois.
« Ça fait longtemps qu'on suit son évolution », a récemment commenté Rick Nash, directeur des opérations hockey des Blue Jackets, dans une entrevue offerte à la radio officielle de l'équipe.
« Chaque match qu'on l'a vu jouer, on a pu observer qu'il amène toujours le même effort constant. Il est prêt à sacrifier son corps chaque soir pour bloquer des tirs, pour s'imposer là où ça fait mal, et pour éloigner des rivaux du filet. C'est un espoir qu'on aime aussi beaucoup à l'extérieur de la patinoire. C'est un compétiteur féroce. Rien ne lui a jamais été donné. Il a travaillé dur pour tout ce qu'il mérite. »
#CBJ director of hockey ops Rick Nash joined @DylanTyrer tonight to discuss the recent signings of Jack Williams, Caleb MacDonald and Guillaume Richard.
— CBJ Radio (@cbjradio) April 2, 2025
Here's what he had to say👇 pic.twitter.com/6Ps2h3nrJn
« C'est vraiment valorisant de savoir qu'après tout ce temps-là, et malgré le changement de directeur général à Columbus pour [Don] Waddell l'année dernière, je suis toujours dans les plans de l'équipe », apprécie Richard.
D'une part, cette confiance des Jackets lui a permis de prendre du coffre. L'étudiant en finances qui est débarqué à Providence il y a quatre ans à 6 pi 2 po et « 170-175 livres » fait aujourd'hui osciller l'aiguille du pèse-personne à « 192-193 livres » selon ses estimations.
« C'est quasiment 20 livres que j'ai prises, ce qui n'aurait pas été possible sans toutes ces années-là. Ça a été bénéfique pour moi. »
À sa dernière saison universitaire, Richard a pu utiliser chacune de celles-ci pour renforcer son jeu physique, l'objectif principal qu'il s'était fixé en vue de son saut éventuel chez les professionnels.
En plus de barrer le chemin aux James Hagens, Ryan Leonard, Gabriel Perreault et autres étoiles de la conférence Hockey East qu'il a pu croiser sur son chemin au fil de la campagne, Richard s'est de plus dressé devant la rondelle en plus d'une occasion. Ses 41 tirs bloqués ont constitué un sommet chez les Friars.
À ça se sont ajoutés 2 buts et 12 passes, le meilleur rendement parmi les défenseurs de la formation, de quoi renforcer sa candidature comme candidat des siens pour l'obtention du trophée Hobey-Baker, remis chaque année au joueur par excellence de la NCAA.
Richard, ne remportera pas cet honneur, mais sa nomination témoigne à elle seule de l'impact qu'il a eu chez les Friars, et possiblement du genre de rôle qu'il pourrait un jour jouer dans la LNH.
Comme bien d'autres défenseurs de son style, Richard prend pour modèle l'étoile des Hurricanes de la Caroline Jaccob Slavin, qui s'est révélé à la terre entière au sein de la sélection américaine lors de la récente Confrontation des 4 nations. Richard a aussi un faible pour Ryan McDonagh, sur qui il a gardé un œil averti au fil des dernières années afin de modeler son jeu.
« C'est l'avenir qui va nous le dire », commente celui qui ne s'est jamais risqué à bousculer inutilement les choses.
« Quand on regarde mon parcours, on réalise que je n'ai jamais sauté d'étape. J'ai tout le temps pris ça... pas au relax, mais une étape à la fois. Quand j'étais avec une équipe, c'était sur cette équipe-là que je me concentrais. Tant que je suis avec une équipe et que ça va bien, c'est chaque chose en son temps. »
Et pour l'instant, il est chez les « Pierogies ».
Pardon... les Monsters.