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RÉSULTATS

4400 calories par jour : l'été de Maveric Lamoureux

Maveric Lamoureux Maveric Lamoureux - Ghyslain Bergeron/Voltigeurs de Drummondville
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Mise à jour

DRUMMONDVILLE – L'objectif avait été fixé à 215 livres par les Coyotes de l'Arizona.

C'est le poids que devait afficher Maveric Lamoureux, à la recommandation du directeur général Bill Armstrong, à son arrivée au plus récent camp d'entraînement de l'équipe.

Cette demande avait été formulée près d'un an plus tôt, alors que le défenseur géant s'apprêtait à quitter le désert après y avoir amorcé une longue rééducation rendue nécessaire par une opération à l'épaule qui venait le priver d'une première vraie saucette chez les pros.

De retour chez les Voltigeurs de Drummondville après un séjour de cinq semaines aux pays d'Auston Matthews, le choix de premier tour des Coyotes en 2022 (no 29) a dû patienter jusqu'à la mi-décembre avant de jouer un premier match.

Les Coyotes, comme le décrivait en détail le collègue Éric Leblanc en mars dernier, l'ont accompagné et épaulé tout au long de cette éprouvante campagne, autant sur le plan physique que psychologique. N'empêche, rattraper le temps perdu en une moitié de calendrier relevait de l'utopie.

« [Après l'opération], j'avais perdu beaucoup de poids parce que je ne mangeais pas, j'étais sur les médicaments. J'étais descendu à 183 livres. À 6 pi 7 po, 183 livres ce n'est pas une bonne shape à avoir! », s'esclaffait mercredi la tour des « Rouges » lorsque rencontré par le RDS.ca au Centre Marcel-Dionne.

« Ç'a été long après ça regagner tout ce poids-là. »

Les rigueurs d'une saison LHJMQ étant ce qu'elles sont, c'est cet été que Lamoureux a entrepris les vrais travaux pour solidifier son imposante armature. Dans le gymnase, d'abord, il a suivi à la lettre le plan établi par son entraîneur Stéphane Dubé. L'objectif premier? Gagner en force et en masse musculaire.

Puis il a mangé. « Énormément », lâche l'athlète de 19 ans.

« Le nutritionniste [des Coyotes de l'Arizona] Carl Bombardier, que je connaissais depuis trois ans pour avoir déjà travaillé avec lui, m'a fait un plan de repas dans lequel il fallait que je mange environ 4400 calories par jour. C'est énorme! Il fallait que je mange beaucoup, beaucoup, beaucoup. C'était entre trois et quatre repas par jour, en plus du shake que je me faisais chaque soir avant d'aller me coucher. »

Pour la petite comparaison, sachez que selon Santé Canada, un homme de 19 à 30 ans d'un gabarit standard – on peut déjà exclure Lamoureux – doit ingérer environ 3000 calories par jour pour suffire aux demandes d'un régime de vie considéré comme « actif ».

« Des fois, je n'avais vraiment plus faim, mais il fallait que je me force à manger. Ce n'était vraiment pas le fun. C'était un défi mentalement, ça c'est sûr. Je finissais des fois en boule dans mon lit- le soir et j'avais mal au ventre. Je me disais : "Ahhhhh! Pourquoi je fais ça? " Et là je m'en rappelais : "Il faut que tu le fasses, ça va payer". »

Prendre les bouchées doubles, à la table comme dans le gymnase, a en effet rapporté. Au beau milieu de l'été, il était au sommet de sa forme. Celle que les joueurs de hockey ont l'habitude de ressentir en milieu de saison, fait-il remarquer.

C'est ainsi, à 216 livres, que cette bonne pièce d'homme a posé ses fesses dans le siège de l'avion le transportant en Arizona pour le lancement des activités 2023-2024 des Coyotes. Objectif atteint. 

« Enfin, j'ai eu un été d'entraînement complet. Et après ça, j'ai pu faire vraiment un camp d'entraînement au complet cette année. Le camp de développement, le camp des recrues et le camp principal de l'équipe. Ça m'a donné tellement d'expérience. »

Le séjour s'est étiré pendant un mois et demi. Arrivé avant même le début de ces camps à l'invitation des Coyotes et avec la bénédiction des Voltigeurs, Lamoureux s'est entraîné avec plusieurs joueurs de l'organisation sous contrat, mais aussi les stars du hockey de la région, Auston Matthews et Tage Thompson.

« Pendant la semaine, je pratiquais avec le groupe de la Ligue américaine, et le vendredi on faisait un match en intégrant les gars de la LNH, les superstars. C'était incroyable. »

Lamoureux a ensuite pris part à quelques matchs préparatoires, le temps de constater qu'il avait à tout le moins la carrure pour se frotter à d'imposants trentenaires établis dans la LNH, mais aussi de marquer un premier but contre les Golden Knights, la veille de son retranchement.

Spag et bœuf haché pour déjeuner

De retour à Drummondville où il patrouille la ligne bleue d'un club visant grand cette saison, le no 13 des « Volts » retrouve progressivement son rythme et ses repères, tout en se familiarisant avec les concepts enseignés par le nouvel entraîneur-chef au pouvoir, Sylvain Favreau.

« Commencer au début de la saison avec tout le monde en même temps, c'est bénéfique. Ça fait du bien. Je ne sens pas que je suis en retard sur tout le monde », constate-t-il.

« C'est toujours mieux de l'avoir sur ton équipe que de jouer contre », apprécie aujourd'hui Favreau, qui a quitté l'arrière du banc des Mooseheads de Halifax au cours de l'été après avoir remis sa démission. Il est imposant, intimidant même. Je l'ai vu grandir, pas juste en hauteur, mais en maturité aussi dans la ligue. Tu vois qu'il a plus de prestance sur la glace et ça intimide les joueurs adverses, c'est sûr. »

Maveric Lamoureux

À 214 livres selon les dernières données de la LHJMQ, Lamoureux en impose, c'est vrai. Il ne se soumet plus à son rigoureux plan alimentaire de l'été, mais il n'aura sans doute aucune difficulté à maintenir son poids.

En août dernier, l'attachant gaillard confiait au micro de la baladodiffusion Sans restriction animée par Kevin Raphaël qu'il n'avait pas des habitudes communes pour le petit déjeuner. Au RDS.ca, Lamoureux a confirmé qu'elles n'ont toujours rien de naturelles.

« Quand j'étais jeune et que je mangeais admettons des céréales et des toasts, j'avais encore faim après. J'ai fini par demander à ma mère si elle pouvait me faire autre chose. Et ç'a parti comme ça. »

Lamoureux s'est alors mis à manger des boulettes de bœuf haché, entre autres, se souvient-il. Rapidement la ferme biologique de grand-maman, source de viande, de fruits et de légumes, a été mise à contribution.

« Quand on partait en tournoi l'été, ma mère amenait le wok et de la bouffe qu'elle avait déjà fait cuire avant. Comme déjeuners, je mangeais des saucisses, du spag, du poulet avec des pâtes, de la viande hachée, du canard. Ça été ça toute ma jeunesse. »

Et ça n'a pas changé dans sa famille de pension à Drummondville.

« Je suis arrivé là-bas il y a trois ans et demi avec deux grosses boîtes de viandes congelées qu'on a mises dans un congélateur en bas. Quand je suis arrivé avec ça, ils étaient surpris. Ils se demandaient c'était quoi ça? »

Lamoureux leur a tout expliqué. Le matin, il se cuisine un repas. Quand c'est possible.

« À matin, il fallait aller visiter des entreprises, des commanditaires des Voltigeurs. J'avais moins de temps. Ça fait que j'ai juste pris le restant du souper d'hier. »