Bill Zonnon : de l'incompréhension à la satisfaction
MONTRÉAL – Bill Zonnon a d'abord eu de la « difficulté à comprendre ». Yannick Gaucher aussi.
Questionné par ses confrères du circuit à savoir pourquoi son jeune attaquant ne figurait pas le 18 octobre dernier sur la liste des 66 joueurs invités par Hockey Canada à participer au Défi mondial des moins de 17 ans, le directeur général des Huskies de Rouyn-Noranda a été pris de court.
L'incompréhension était alors légitime. Après un camp d'entraînement où il avait brillé avec 4 buts et 4 passes en sept rencontres préparatoires, Zonnon flirtait avec le sommet du classement des pointeurs recrues de la LHJMQ en saison régulière (4 buts, 2 passes en 10 matchs) lorsque la sélection a distribué ses invitations.
« Ce qu'on m'a expliqué, c'est que ç'a été un peu plus difficile pour lui durant le camp [d'Hockey Canada] cet été », a fini par apprendre Gaucher.
« Personnellement, je n'avais pas mal joué, mais je n'avais pas assez bien joué pour avoir un poste garanti au sein des 66 joueurs », déduit aujourd'hui l'ailier gauche de 6 pi 2 po et 179 livres.
« Après le camp, je me suis dit que ce n'était pas la fin du monde, qu'ils allaient quand même regarder le début de ma saison. [...] Avec le début de saison que j'ai eu, je me suis dit c'est sûr que j'ai des chances, mais j'imagine qu'ils pensaient que mon camp n'avait pas été assez convaincant pour m'inviter. »
À la première occasion, Zonnon a entrepris d'effacer tout doute subsistant. De retour sur la patinoire au Cap-Breton deux jours après avoir été rejeté, le 6e choix du dernier repêchage de la LHJMQ a connu son meilleur match à ce jour. En fin de première période, il a brisé les chevilles du défenseur des Eagles Olivier St-Louis en entrée de zone, avant de réserver le même sort au gardien Oliver Satny pour marquer un but qui a fait sensation.
Bill Zonnon a des mains!
— Huskies de Rouyn-Noranda (@HuskiesRn) October 20, 2022
Ce but sera dans le top 5 des jeux de la semaine!#LHJMQ pic.twitter.com/9KPAUIvnN8
Puis, à son retour du vestiaire au deuxième vingt, il s'est isolé au centre de l'enclave en attente d'une passe pour exposer toute la rapidité de sa dégaine et la précision de son tir sur son deuxième but de la soirée. Avant de délacer ses patins, Zonnon a ajouté une mention d'aide à sa fiche, prolongeant alors à quatre sa série de matchs avec au moins un point.
Dans les cinq rencontres qui ont suivi, Zonnon n'a été blanchi qu'à une reprise, engraissant ses chiffres de six passes et un autre but. Il a ainsi bouclé le mois d'octobre avec une séquence de sept matchs avec au moins un point, une récolte totale de sept buts et 15 points en 16 matchs depuis le début de la campagne, le titre de recrue par excellence du mois... et un appel d'Hockey Canada.
Maxim Massé des Saguenéens de Chicoutimi étant blessé, Zonnon était invité à faire ses valises pour se joindre à l'une des trois formations du Canada qui se disputeront avec les États-Unis, la Suède, la Finlande et la Tchéquie les honneurs du Défi mondial des moins de 17 ans qui s'amorce aujourd'hui à Langley et Delta en Colombie-Britannique.
« Je savais que si quelqu'un se blessait, j'avais des chances d'y aller, parce que d'après moi, je méritais d'être là depuis le début », estimait Zonnon en entrevue mardi soir, au terme d'une première journée de réunions et d'entraînement à Vancouver.
« Son cerveau va vite »
Gaucher est tombé sous le charme de Zonnon l'an dernier, à l'occasion de visites sur le campus de la Northwood School, une école préparatoire de Lake Placid aux États-Unis où l'espoir a décidé de poursuivre son développement à l'âge de 13 ans. Accompagné du directeur général de l'époque Marc-André Bourdon, qu'il épaulait à titre d'adjoint et de dépisteur-chef, Gaucher a vite constaté pourquoi une dizaine d'universités américaines courtisaient le Montréalais.
« Il avait 15 ans et jouait contre des joueurs de 17-18 ans. Le jeu était plus Nord-Sud et ça jouait physique, mais on voyait qu'il était capable de faire les détails à haute vitesse. »
Si la Centrale de soutien au recrutement (CSR) de la LHJMQ classait Zonnon au 20e rang des meilleurs espoirs en vue du repêchage, les Huskies n'ont pas hésité à le sélectionner au 6e échelon, et ce même si Zonnon n'avait pas encore décidé s'il emprunterait le chemin menant à la NCAA ou s'il bifurquerait vers les rangs juniors canadiens.
« Ç'a été vraiment difficile [de décider]. Ce sont des années de questionnement à me demander ce que j'allais faire. J'ai pris ma décision quelques semaines avant le camp à Rouyn-Noranda. Dès que je l'ai prise, j'ai été soulagé de beaucoup de poids sur mes épaules. »
Sur les patinoires de la LHJMQ, Zonnon joue pour l'instant sans complexe, aidé par un sens du hockey hors norme, souligne Gaucher, le père de Nathan Gaucher, un choix de premier tour des Ducks d'Anaheim au dernier repêchage de la LNH, et de Jacob Gaucher, un ancien du circuit québécois qui fait ses débuts chez les professionnels cette saison.
« C'est assez spectaculaire de voir comment il est capable de faire de petits jeux et de petites passes rapides. Il joue vraiment vite. Son cerveau va vite. »
« Mon sens du jeu, c'est un de mes plus grands atouts, approuve le meilleur pointeur de la LHJMQ chez les recrues. Je suis capable de prendre les bonnes décisions avec la rondelle. Même si je n'ai pas beaucoup d'espace, j'attends. C'est quelque chose que les gens me disent tout le temps, que j'ai toujours été ce type de joueur-là capable de faire des choses spéciales avec la rondelle. Je ne pense pas que ç'a changé en arrivant dans la LHJMQ, même si les gars sont plus vites, plus gros et plus vieux que moi. »