Caleb Desnoyers, le leader zen
MONTRÉAL – Caleb Desnoyers se présente au rendez-vous souriant, l'air détendu. Il est coiffé d'une casquette noire et d'un chandail à capuchon rouge sur lequel on peut lire « Commit to win ». C'est derrière ce slogan que les dirigeants des Wildcats de Moncton avaient voulu rallier leurs joueurs lors des dernières séries éliminatoires.
« C'est rare que je le mets, celui-là, l'autre est dans le lavage, s'excuse le jeune hockeyeur. Quand je vois des gens pour des entrevues, j'aime mettre des choses des Wildcats pour représenter la marque, mais disons qu'il ne faut pas trop le montrer, celui de l'an passé. Ça n'a pas très bien été. »
Desnoyers préférerait oublier sa première expérience dans les séries de la LHJMQ. Les Wildcats, troisième tête de série dans l'Association Est, détenteurs du cinquième meilleur dossier de toute la ligue, avaient été opposés aux Saguenéens de Chicoutimi en première ronde. Ils avaient été balayés en quatre matchs.
Quelques mois plus tard, l'équipe néo-brunswickoise est bien engagée sur le chemin de la rédemption. Après 20 matchs, les Wildcats n'en ont perdu que trois à la régulière. Ils ont marqué plus de buts que n'importe quelle autre formation du circuit Cecchini et en étaient la référence défensive avant d'accorder six buts aux Sea Dogs de Saint John jeudi.
À 17 ans seulement, Desnoyers est au centre de ces succès.
Peu importe l'angle duquel on veut les approcher, les chiffres sont éloquents. Le joueur de deuxième année est le meilleur marqueur de l'équipe avec 25 points en seulement 16 matchs. Seulement six de ces points ont été obtenus en avantage numérique. Son différentiel de +19 n'est à l'ombre que du +21 de son coéquipier Julius Sumpf.
Aux cercles des mises en jeu, il affiche un taux de réussite de 61%. Parmi tous les joueurs de centre qui ont pris au moins 200 mises en jeu, il n'a que Markus Vidicek, un vétéran de 20 ans, à envier.
Pas étonnant qu'il soit considéré comme le plus bel espoir québécois en vue du prochain repêchage de la Ligue nationale.
« Pour être bien honnête, je suis très, très zen là-dedans. Je suis chanceux d'avoir un groupe de soutien autour de moi qui est très présent. Peu importe que ça soit positif ou négatif tout ça, les commentaires ou les listes qui sortent, never too high, never too low. J'essaie de juste jouer ma game et de rester dans un bon état d'esprit. Que je sois dixième, quinzième ou cinquième sur une liste, c'est la journée du repêchage que tout va se décider. Je crois que c'est la bonne mentalité à adopter parce qu'au final tu ne veux pas de distraction, juste du plaisir. »
« C'est la nature du joueur de hockey de regarder ça, mais pour vrai, sans dire que ça me passe une couple de pieds au-dessus de la tête, au final je ne veux vraiment pas que ça m'affecte, réitère-t-il. Je veux rester moi-même. À travers tout ça, c'est juste de garder le contrôle et ton sang-froid. »
Du Laliberté dans le nez
Sans surprise aucune, le début de saison de Desnoyers lui a valu une invitation au Défi des espoirs, une compétition qui opposera les meilleurs « prospects » de la Ligue canadienne de hockey à leurs homologues du programme de développement américain. Il y sera l'un des deux représentants de la LHJMQ avec Justin Carbonneau de l'Armada de Blainville-Boisbriand.
Pour l'occasion, le garçon de Saint-Hyacinthe a été désigné comme l'un des trois assistants au capitaine Porter Martone. Desnoyers est habitué de porter une broderie supplémentaire sur son maillot. Il a été capitaine d'Équipe Québec aux Jeux du Canada. Il a aussi porté le « A » avec l'équipe nationale au Défi des moins de 17 ans et à la Coupe Hlinka-Gretzky.
La lettre, il s'en fout un peu. Mais le leadership, il tient à ce qu'on le reconnaisse comme un élément fondamental au cœur de sa personnalité.
« C'est quelque chose qui est très important pour moi, confirme-t-il. C'est une valeur [...] qui nous a été inculquée dès notre plus jeune âge par nos parents, à moi et mes frères. Juste d'être une bonne personne, d'être respectueux et de vouloir le meilleur pour ses coéquipiers. »
Le frère aîné de Caleb Desnoyers, Elliot, a été un choix de cinquième ronde des Flyers de Philadelphie. Il dispute présentement sa troisième saison dans la Ligue américaine. La famille est complétée par un troisième garçon, Théo.
« Que ça soit à la maison ou à l'aréna, ça a toujours été par rapport aux valeurs familiales, la fierté, la loyauté. Je crois que ce sont des valeurs importantes qui se retrouvent dans le leadership, continue le cadet du trio. C'est le fun d'avoir une lettre, mais au final ça commence surtout dans la chambre, par ton engagement à être toi-même une bonne personne pour rendre les gens autour de toi meilleurs. Mes parents ont eu de la fierté à nous l'enseigner, les trois gars à la maison, et c'est une qualité qu'on chérit tous très fort. »
Desnoyers a grandi avec des modèles positifs évidents dans son domaine de prédilection. Son père David a passé quatre ans dans la LHJMQ au début des années 1990 et a joué dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH). Son beau-père, Pascal Trépanier, a joué quelque 230 matchs dans la LNH avant d'aller poursuivre sa carrière en Europe.
Mais il serait une erreur de ne pas mettre sa mère, Martine Laliberté, au centre de ses influences. « Elle a du chien dans le nez elle aussi! », assure l'adolescent.
« On a la chance d'avoir autant notre mère que notre père qui connaissent très bien leur hockey. Souvent ma mère, après mes matchs, elle va m'appeler et me parler de forecheck, de tracking, de petits détails... Des fois, ça va être tannant d'entendre ça de ta mère, mais au final je remarque qu'elle a pas mal toujours raison. C'est vraiment une femme intelligente et elle aussi, depuis qu'elle est née, elle a toujours baigné dans le hockey. Je suis vraiment chanceux de l'avoir. »
Au sens figuré, on pourrait dire que Desnoyers est dans une classe à part, seul dans son monde, parmi les espoirs québécois qui seront convoités par les équipes dans la Ligue nationale. Mais dans la réalité, il y a tout un village qui l'entoure.