Mathieu Cataford, un « gamer » facile à adorer
MONTRÉAL – David Lafrance ne se souvient pas des mots exacts qui ont été prononcés ce soir-là dans le vestiaire des visiteurs du Centre Slush Puppie. Mais il se rappelle de quelle bouche ils sont sortis.
« Oui, 100 %. »
Une recrue de 16 ans qui prend la parole pour secouer des coéquipiers, ça ne s'oublie pas. C'était le 21 novembre 2021, après une défaite de 4-1 des Mooseheads de Halifax contre les Olympiques de Gatineau, une deuxième de suite en conclusion d'un séjour de trois matchs en sol québécois.
« On avait juste été flats, retrace Lafrance. Le genre de game où il n'y avait pas vraiment eu d'efforts du groupe. »
En bon capitaine, Elliot Desnoyers s'est levé le premier. Puis, Mathieu Cataford a jugé que c'était son tour. Après 19 matchs dans la LHJMQ.
« Je savais qu'il avait ça en lui », témoigne Lafrance, un défenseur ontarien à l'époque âgé de 20 qui poursuit aujourd'hui sa carrière dans les rangs universitaires canadiens.
« Ce n'était pas un gars qui était intimidé ou qui avait peur parce qu'il avait 16 ans. Il savait quelle était sa place dans la chambre et les gars le respectaient aussi. Qu'il fasse ça, ça nous prouvait qu'il pouvait être un leader, qu'il en était déjà un dans le vestiaire. »
Il l'est toujours, sinon plus, une saison plus tard.
« À 17 ans, il est incroyable, s'émerveille l'entraîneur-chef des Mooseheads, Sylvain Favreau. Son engouement à compétitionner pour gagner, je n'ai jamais vu ça. C'est ce qui fait de lui un joueur spécial. »
Déjà, à son entrée en matière dans la LHJMQ, le 6e choix du repêchage 2021 en a offert la preuve probante. Avec 46 points (17 buts, 29 passes), dont 29 glanés à ses 23 derniers matchs du calendrier régulier, il a dominé tous les autres patineurs de son âge à jouer dans la LHJMQ.
« Ce n'est pas une surprise que l'année passée il ait fini meilleur marqueur chez les joueurs de 16 ans, parce qu'il veut tellement, explique Favreau. Souvent, il a l'avantage sur d'autres joueurs juste parce que son niveau de compétition est tellement élevé. »
Favreau n'a donc pas hésité une seconde. Quand les blessures l'ont privé de quelques atouts offensifs en fin de campagne, notamment le choix de premier tour des Predators de Nashville Zachary L'Heureux, il a promu Cataford sur le premier trio aux côtés du vétéran Desnoyers et du spectaculaire Jordan Dumais.
« Un gars comme Jordan Dumais, il était super content de jouer avec Mathieu Cataford parce que la rondelle se retrouvait sur son bâton. Et si la rondelle se retrouve sur le bâton de Jordan Dumais, souvent elle finit dans le filet adverse », calcule Favreau.
« Sylvain m'a donné une chance et je pense que je n'ai pas regardé en arrière après ça », observe le hockeyeur de Saint-Constant.
« Je pense que j'ai fait la job et c'est pour ça que j'ai fini l'année avec eux et que cette année j'ai autant de responsabilités. »
Mathieu Cataford
« Ça, c'est Mathieu »
Après un été marqué par une conquête de la médaille d'or avec le Canada à la Coupe Hlinka-Gretzky, Cataford a fait forte impression durant le calendrier préparatoire des Mooseheads avec 10 points en à peine trois rencontres (1 but, 9 passes). Il était prêt à reprendre sa place aux côtés de Dumais et assumer tous les mandats que Favreau le jugeait apte à relever.
« En anglais, on dit que c'est un gamer, dépeint l'entraîneur-chef franco-ontarien. Je ne peux pas le décrire mieux que ça. Il joue à 5 contre 5, 5 contre 4, 4 contre 5... On l'utilise à toutes les sauces. »
Au centre, à l'aile gauche, à droite, sur la première ligne, la deuxième, la troisième...
« Il y a des joueurs que tu peux mettre avec d'autres et tu le sais tout de suite que ce joueur-là va rendre un autre joueur meilleur. Ça, c'est Mathieu », résume Favreau.
« On le sait qu'on peut le mettre n'importe où. Est-ce qu'il va produire nécessairement? Oui et non, mais on le sait qu'il va être la locomotive de cette ligne-là. »
Cette polyvalence n'a pas échappé aux éclaireurs de la Centrale de recrutement de la LNH, qui dans leur plus récente mise à jour de leur classement des meilleurs espoirs en vue du prochain repêchage, placent le joueur de centre naturel au 27e rang des patineurs nord-américains.
Ses 58 points (24 buts, 34 passes) amassés en 51 rencontres jusqu'à maintenant cette saison font de lui le 22e pointeur du circuit et le meneur parmi les joueurs à leur première année d'admissibilité au repêchage de la grande ligue.
« Pour n'importe quel coach, c'est un joueur qui devient facile à adorer », apprécie Favreau, heureux d'avoir à sa disposition un joueur aussi fiable « des deux côtés de la rondelle ».
« Il pense super bien la game. Il crée des jeux, mais il est aussi capable de la mettre dans le net. C'est ça qui est le fun avec lui. C'est un joueur complet. »
Ces louanges, Favreau les entonne à peu près « tous les deux jours » aux dépisteurs le contactant pour étoffer leurs rapports sur Cataford.
« C'est un joueur bon dans toutes les facettes du jeu, leur répondrait sans doute David Lafrance si on lui donnait aussi un coup de fil. Je ne sais pas s'il a une force qui [prédomine] les autres. Il a quand même une bonne shot, de bonnes mains, une bonne vision, il est bon défensivement... Il est juste vraiment un joueur solide. Le genre de joueur que tu veux dans ton équipe. »