Lucas Beckman vivra son 1er tournoi international à la coupe Hlinka Gretzky
MONTRÉAL - Le gardien montréalais Lucas Beckman n'en était qu'à ses premiers jours à Baie-Comeau quand il a été réveillé par le chien de sa maison de pension alors que celle-ci était en feu.
On a discuté avec Beckman puisqu'il a été sélectionné pour son premier tournoi international, la coupe Hlinka Gretzky, mais on se permet un détour par cette histoire survenue avant la saison 2023-2024.
« On était revenus dans la nuit de mon premier voyage avec le Drakkar donc j'ai fait une sieste dans l'après-midi. Après, j'ai entendu japper le chien Milo, mon meilleur ami. Il courait partout dans la maison et il m'a réveillé. Mais je n'ai pas réalisé ce qui se passait en me levant. Ma chambre est dans le sous-sol et je suis allé à la salle de bain et c'est à ce moment que j'ai vu plein de boucane. Mon père de pension m'a aussitôt crié de sortir de la maison ce que j'ai fait avec ma petite sœur de pension de 9 ans. C'est elle qui a réveillé mon père de pension qui se reposait aussi », a raconté Beckman en nous laissant sous le choc des détails de l'histoire.
C'est Éric Roy, l'entraîneur des gardiens du Drakkar, qui a repensé à cet incident pour nous donner un aperçu du calme impressionnant de ce jeune homme.
« Après sa première semaine avec l'équipe, je lui avais demandé comment ça s'était passé et c'est là qu'il m'avait dit bien calmement ‘On a passé au feu...' Je pensais qu'il blaguait au départ. Moi, à 16 ans, à 10 heures de ma maison, si ça faisait deux jours que je suis arrivé et que ça m'arrivait, je ne sais pas comment j'aurais réagi. C'est un jeune mature et calme. On dirait qu'il place les choses par compartiments dans sa tête », a exposé Roy.
Quand on rapporte à Beckman que son sang-froid a été épatant, il l'explique ainsi.
« Ç'aurait pu mal finir, mais tout le monde du Drakkar m'a bien supporté. Ma famille de pension voulait me garder mais elle n'avait plus de maison. Un jour après avoir tout perdu, elle venait me voir pour s'assurer que j'étais correct. J'ai été placé dans une autre famille de pension qui m'a bien supporté aussi. Après une dizaine de jours, j'ai été retourné à ma famille de pension dans une maison louée. Malgré le désastre, je suis resté calme parce que plein de personnes me supportaient. Mes parents étaient venus me voir aussi. Même si je disais que j'étais correct, ils étaient inquiets », a détaillé Beckman qui, heureusement, n'était pas seul dans la maison quand le feu s'est déclenché.
Une dizaine de mois plus tard, Beckman vient de réussir un tour de force devant le filet. Il a été choisi, avec Jack Ivankovic, pour représenter le Canada à cette compétition des moins de 18 ans qui lance leur année de repêchage.
Lucas Beckman« J'ai travaillé fort, mais c'est certain que je suis très excité. C'est le plus gros tournoi de ma vie, le premier gros tournoi international auquel je participe », a-t-il confié avec le visage rayonnant.
Pour gagner ce poste, il a notamment devancé le Québécois William Lacelle qui a été repêché 25 rangs avant lui au repêchage de la LHJMQ.
« Je suis bon ami avec William et ça fait quelques années qu'il est le gardien numéro un au Québec et pratiquement au Canada. C'est vraiment un bon gardien et une bonne personne. C'est juste une équipe et il reste beaucoup de développement dans notre parcours, mais je suis content d'avoir été choisi », a décrit Beckman qui affiche une belle ascension.
« Je l'ai connu au camp d'entraînement et de jour en jour, il m'impressionnait. Même que j'ai posé la question à JF (Grégoire, l'entraîneur-chef) si on ne le gardait pas pour le début de la saison », a mentionné Roy.
Étant donné la puissance du Drakkar la saison dernière et le jeune âge de Beckman, Grégoire a tout de même opté pour la prudence en le faisant commencer la campagne dans le M18AAA où il a continué de développer sa force mentale.
Ce fut plutôt à partir de Noël que Beckman a rejoint le Drakkar et que l'équipe lui a saupoudré huit départs en neuf présences devant la cage. Le Montréalais a répondu avec de meilleures statistiques (7-1, .938 et 1,32) que dans le M18AAA (7-4, .907 et 2,71).
« On avait vraiment une bonne équipe, je ne jouais contre les plus gros adversaires et je ne recevais pas beaucoup de lancers. J'ai vraiment été bien entouré. Ça m'a aidé à me développer encore plus et à suivre la rapidité du jeu », a indiqué Beckman avec réalisme.
Il est tout de même fier d'autant plus qu'il a acquis trois jeux blancs, un record pour une recrue du Drakkar.
Roy a vanté son éthique de travail en illustrant le tout avec un autre exemple pertinent.
« Puisque j'habite à Sherbrooke, je ne pouvais pas être sur la glace tous les jours avec lui. Mais il est assez mature pour un jeune de 16 ans. Je lui ai demandé d'installer des caméras pour filmer chaque entraînement, il a tout fait ce qu'on lui demandait. C'est un jeune qui est assez sur la coche », a révélé Roy.
Depuis le camp d'entraînement du Drakkar, Beckman n'a pas ménagé les efforts pour améliorer son patin et ses déplacements pour atteindre le niveau des gardiens de la LHJMQ à ce chapitre.
Lucas BeckmanSon gabarit, six pieds un pouce et 180 livres, le rend intéressant pour les équipes de la LNH.
Le travail accompli cet été et la prochaine saison le mèneront déjà au repêchage du circuit Bettman.
« Je ne me prépare pas juste pour être bon dans la LHJMQ, je veux dominer », a soumis Beckman qui voudrait contribuer à un championnat du Drakkar.
Il met les chances de son côté en travaillant avec trois entraîneurs de gardiens durant l'été : Marco Marciano (de l'organisation du Canadien), Maxime Vaillancourt (du Crunch de Syracuse) et Laurent Lavigne.
« Il est un peu moins connu, mais il est mon entraîneur de gardiens depuis que j'ai six ans. Il est vraiment bon et il est toujours là pour m'aider », a noté Beckman.
Ce sera intéressant de le voir à l'œuvre plus souvent avec Baie-Comeau qui mise encore sur le très bon vétéran Charles-Edward Gravel.
« Il va falloir trouver une façon de lui donner un peu plus de matchs et de plus gros défis aussi. Mais il est réaliste, il comprend la game et je n'ai aucun doute qu'il va bien faire », a conclu Roy.