Voici le 2e volet d'une série d'articles au sujet d'une dizaine d'espoirs en vue du repêchage de la LNH qui sera présenté à Dallas les 22 et 23 juin.

 

MONTRÉAL – La fameuse année du repêchage, Alexis Gravel ne l’a pas entamée comme il l’aurait souhaité. Repêché en 1987, en troisième ronde, par le Canadien de Montréal, son père François était le mieux placé pour ressentir que son fils avait besoin de lui.

 

À la fin octobre, il a donc sauté dans l’avion, sans l’avertir, pour lui rendre visite à Halifax. Après tout, il s’agit de l’année la plus stressante pour un hockeyeur qui aspire à la LNH.

 

« C’est sûr qu’il est loin, ce n’est pas toujours évident. C’était une année méga importante, celle du rêve qu’il caresse depuis son enfance. Je voulais m’assurer de le supporter, d’être avec lui et de l’écouter.

 

« Quand il a eu des moments difficiles, je suis descendu le voir. Il était vraiment content quand il m’a vu, il voulait justement me demander de venir. Je savais que le timing était bon, qu’il avait besoin de moi », a raconté son père en entrevue au RDS.ca.

 

« Pour moi, le plus important, c’est la famille. Le hockey, c’est des sacrifices, j’ai été loin de ma famille beaucoup. Ça m’a fait du bien de le voir, c’était très important pour moi », a confirmé Alexis, lors d’un entretien dans le cadre du Combine à Buffalo.  Alexis Gravel

 

Cette visite a redonné de l’aplomb au gardien de six pieds trois pouces et 219 livres.

 

« On a imposé beaucoup de responsabilités sur ses épaules, il a notamment été notre gardien en séries. À 16 ans, il avait eu une excellente année. Le départ a été plus difficile cette saison, mais il a très bien joué à partir de novembre. Pour un gardien de 17 ans, de mener une jeune équipe à une saison de 93 points, je dirais qu’il a eu une très bonne année », a tenu à préciser Cam Russell, le directeur général des Mooseheads de Halifax.

 

Malheureusement, Gravel n’a pas été en mesure de conserver son efficacité. Par le fait même, il a chuté du premier au troisième rang parmi les gardiens de l’Amérique du Nord sur la dernière liste publiée par la Centrale de recrutement de la LNH.

 

Dan Marr, le grand manitou de cet outil, a expliqué cette conclusion.

 

« Dans son cas, c’est la question de la constance qui n’est pas assez présente et c’est la raison qui a expliqué ce recul. Par contre, quand il est dans son élément, il est vraiment bon. Il doit travailler là-dessus, ça peut être un enjeu aussi mental que technique. Mais il a tous les atouts et les attributs pour devenir un gardien de la LNH », a confié Marr.

 

« Les attentes étaient probablement un peu plus élevées pour Gravel, mais il ne faut pas oublier que son équipe était jeune. Il a souvent eu à réparer des pots cassés derrière cette défense. Il n’a pas été aussi constant que (Olivier) Rodrigue qui avait aussi un jeune groupe devant lui », a décrit un recruteur d’une formation de l’Est dans la LNH.

 

Tirer des leçons du parcours de son père

 

Maintenant qu’il avait traversé cette année, le gardien des Mooseheads savait ce qui l’attendait dans le cadre des entrevues avec les équipes de la LNH. Cette fois, c’est un barrage de questions sur sa saison en dents-de-scie.

 

« Les équipes voulaient savoir comment j’allais rebondir, ce que j’allais faire pour que ça se produise. Mon année a été en up and down, mais ce n’était pas juste une déception, ç’aurait pu être pire et ç’aurait pu être mieux. J’ai joué de très bons matchs et de très mauvais aussi. Ils voulaient entendre ce que je vais faire pour être plus constant et devenir un gardien numéro un à temps plein », a confirmé Gravel.

 

« C’est sûr qu’il n’a pas été régulier, il a vécu de l’adversité. Il n’a pas connu l’année qu’il voulait avoir. Il en est conscient et je sais qu’il a beaucoup appris de ça », a noté son père. François Gravel

 

En début d’année, le gardien qui attrape de la main droite a également dû composer avec un réveil brutal. Un recruteur n’a pas hésité à le confronter pour l’inciter à travailler davantage.

 

Gravel s’attendait sans doute à une saison plus facile considérant son rendement en 2016-2017. Dorénavant, il souhaite éviter les pièges qui ont freiné l’ascension de son père vers la LNH.

 

« C’est sûr qu’il ne veut pas que je répète ses erreurs. Il m’a dit qu’il n’était pas assez mature et que ça l’a rattrapé. Il voit que je suis plus mature que lui à la même époque. Quand il voit que je fais quelque chose qu’il faisait et que ce n’est pas correct, il vient me le dire. Sa plus grande fierté serait sûrement que je réussisse. Il saurait qu’il a tout fait. Il a eu une très belle carrière professionnelle, mais le rêve reste la LNH. Il veut vraiment que je l’atteigne, il serait très content en tant que père et ancien gardien », a exprimé le jeune homme de 18 ans.

 

Gravel est né en Allemagne, a grandi en Italie et s’est arrêté à Toronto

 

La bonne nouvelle, c’est que le gardien possède beaucoup de vécu pour son âge. Ce bagage devrait l’aider à retrouver tous ses instincts. En raison de la carrière internationale de son père, Alexis est né en Allemagne et il a surtout grandi en Italie avant de revenir au Québec vers l’âge de sept ans.

 

« Il a toujours été là, il venait à mes parties en Italie. Il était petit bonhomme et il avait le chandail d’équipe. Je l’amenais à toutes les pratiques matinales, il pouvait aller sur la glace et il a progressé vite. Très rapidement, sa passion a grandi envers le hockey. »

 

Alexis GravelC’est donc sur une patinoire italienne qu’il a appris à patiner, qu’il a enfilé l’attirant uniforme de gardien à six ans (sur la photo) et qu’il est tombé en amour avec ce rôle.

 

« La première fois que je l’ai vu avec un équipement de gardien, je suis venu les yeux dans l’eau. Je m’en rappelle... », a confié le paternel.  

 

« Quand on commençait les entraînements en Italie, on prenait du temps avec lui. Une fois, il était par terre et j’étais près de lui avec un bâton. Pour l’amuser, je me suis mis à déplacer le bâton dans tous les sens. Il faisait comme une pieuvre, il tournait de tous les côtés et il était crampé du début à la fin. C’était tellement comique. Après, on commençait chaque entraînement avec ça et ça me rendait très heureux de le voir dans cet état », a ajouté François avec un brin de nostalgie.

 

Alexis n’a rien perdu de son attrait pour le hockey international. En plus d’avoir représenté le Canada, il s’intéresse à ce qui se passe en KHL et en France particulièrement. Il s’est aussi lié d’amitié avec quelques gardiens d’ailleurs sur le globe.

 

« Sans mon père, je ne me serais pas autant promené. Il a été ouvert d’esprit, [...] il aimait ça voir d’autres cultures », a prononcé Alexis qui rêve de faire le tour du monde éventuellement.

 

Le petit Alexis vivait aussi en Europe quand son père lui a raconté la précieuse histoire qui commençait par quelque chose comme : « Il était une fois, le moment où j’ai été repêché par le Canadien... »

 

« J’étais jeune et ça m’arrivait d’oublier des bouts de l’histoire et je lui demandais qu’il me la raconte de nouveau. Il l’a fait plein de fois. Il disait que les Flames avaient un intérêt et que le Canadien avait fait une transaction pour aller le choisir. Ça me faisait capoter! Je suis chanceux que mon père ait vécu ça et qu’il puisse me montrer ce métier », a décrit Alexis qui a disputé l’équivalent de son Midget AAA dans la région de Toronto.

 

Le 23 juin, 31 ans plus tard, le fiston pourrait vivre le même privilège et le père sait que ce serait très spécial.

 

« Je suis autant fier de ma fille. Mais ça reste que c’est indescriptible de voir son enfant faire la même chose que j’ai faite. De le voir s’épanouir dans ça, c’est une récompense extraordinaire. J’ai vraiment hâte au repêchage, je suis convaincu que ce sera une journée extraordinaire. De voir mon enfant être reconnu parmi les meilleurs, c’est très agréable pour un père », a conclu le père d’Alexis.

 

Alexis Gravel et Cristobal Huet