Baptisés dans la coupe Stanley
SUNRISE - Sylvain Lefebvre célébrera sa deuxième conquête de la coupe Stanley de la même façon qu'il avait célébré sa première.
« Ma plus jeune – sa fille Alexanne – a été baptisée dans la coupe en 1996. Et lorsque nous fêterons en famille au cours de l'été, ce sera au tour de son fils (Orion) d'être baptisé dans la coupe. Je pense que ce sera une première dans l'histoire », que Sylvain Lefebvre a lancé en riant alors qu'il partageait ses émotions sur la patinoire encore jonchée de rats du Amerant Arena.
Flanqué de son épouse Marie-Claire avec qui il partage sa vie depuis qu'ils ont 15 ans, de trois de ses quatre enfants – sa fille Jade-Isis est demeurée au Québec, car elle est sur le point d'accoucher – et de quatre de ses six petits-enfants, Lefebvre tenait à vivre ce grand moment avec son clan.
« Le hockey c'est toute ma vie. Mais il a aussi marqué la vie de toute ma famille. J'ai perdu le compte des villes où on s'est installés. Des appartements et des maisons qu'on a occupés. Ma carrière, on l'a vécue en « gang » on a traversé les épreuves ensemble. Ça nous a rapprochés », que Lefebvre a expliqué.
Hommage à Paul Maurice
S'il parle avec amour de son clan familial, Sylvain Lefebvre voue une passion tout aussi vive pour sa deuxième famille. Celle des Panthers de la Floride qui lui ont donné la chance de revenir dans la LNH et d'y gagner une deuxième coupe Stanley.
Après une expérience difficile avec les Blue Jackets de Columbus à l'aube de la saison 2020-2021 – Lefebvre a été congédié parce qu'il refusait d'être vacciné contre la Covid – il a reçu un appel de Paul Maurice qui voulait compter sur son expérience à titre d'adjoint responsable des défenseurs.
« C'est un homme exceptionnel. Un très grand coach, mais aussi un homme qui a cru en moi, en mes valeurs en mon caractère. Je suis tellement content et fier qu'il puisse mettre ses mains sur la coupe Stanley », a défilé Lefebvre qui n'a jamais perdu espoir de revenir dans la LNH, mais qui doit en grande partie à Paul Maurice ce retour qu'il espérait.
« Si j'ai un message à lancer, c'est de garder espoir et de toujours croire en soi. Si une porte se ferme, d'autres vont s'ouvrir et elles sont souvent meilleures. J'ai toujours cru que quand tu prends une décision avec ton cœur c'est normalement la bonne. J'étais capable de vivre avec le fait que je ne reviendrais jamais dans la Ligue nationale, mais je savais aussi qu'il y avait des étapes à suivre et que le bon moment viendrait. Chaque chose arrive pour une raison dans la vie. Il faut juste croire en soi et continuer à persévérer », que Lefebvre a témoigné devant un groupe de journalistes venu du Québec.
Deux coupes, deux équipes, deux rôles
Sylvain Lefebvre aura donc gagné ses deux coupes Stanley en Floride, mais dans des conditions bien différentes.
En 1996, avec Patrick Roy et leurs coéquipiers de l'Avalanche du Colorado, Lefebvre a participé au balayage des Panthers qui avaient atteint la grande finale à leur troisième saison dans la LNH.
Les Panthers jouaient alors au Miami Arena, un vétuste amphithéâtre infesté de rats. C'est d'ailleurs parce que Scott Mellanby, avait tué un de ces rongeurs qui s'était aventurés dans le vestiaire des Panthers, que les amateurs de l'époque ont amorcé la tradition de lancer des rats de plastique sur la patinoire lors des séries de 1996.
Une tradition avec laquelle les partisans ont renoué au cours des derniers mois jonchant la patinoire du Amerant Arena malgré des directives les sommant de couper court à cette habitude.
Est-ce que les joies de gagner sont les mêmes à titre d'entraîneur que celles qu'il a vécues comme joueur?
« C'est très différent. Comme joueur, tu te concentres sur ton implication, sur ce que tu dois faire pour aider l'équipe et tu t'assures de te reposer pour être prêt. Comme entraîneur tu as beaucoup moins de contrôle direct sur ce qui arrive. Tu travailles beaucoup plus, tu mets beaucoup plus d'heures, à préparer un plan et à la partager avec tes joueurs. Gagner la coupe comme entraîneur, ça demeure une sensation exceptionnelle, mais je ressens aussi beaucoup de fierté d'avoir pu guider les gars vers les grands honneurs », a indiqué Lefebvre qui a maintenu son niveau de confiance malgré la remontée des Oilers.
« Peu importe la manière dont tu t'y rends, un septième match de série c'est spécial. Ça faisait trois fois qu'on essayait de finir la finale et je me disais que le fait de faire face à l'élimination pour la première fois nous donnerait plus de motivation. On vient de gagner la coupe Stanley. C'est tout ce qui compte », a conclu Sylvain Lefebvre.
Âgé de 56 ans, Sylvain Lefebvre n'a jamais été repêché. Après trois saisons avec les Voisins, devenus ensuite le Titan de Laval, l'organisation du Canadien a offert une chance aux défenseurs. Lefebvre a passé trois saisons avec le club-école à Sherbrooke avant de se tailler une place avec le Canadien, à Montréal, en 1989.
Échangé aux Maple Leafs de Toronto à l'aube de la saison 1992-1993, il a raté la 24e conquête du Canadien. Mais la mégatransaction qui l'a fait ensuite fait passer des Leafs aux Nordiques – avec Wendel Clark et Landon Wilson en retour de Matts Sundin, Garth Butcher, Todd Warriner et un échange de choix de première ronde – lui a permis de se reprendre après l'exode vers le Colorado.
Après 14 saisons dans la LNH et une dernière disputée en Suisse, Sylvain Lefebvre s'est tourné vers le rôle d'entraîneur. Il a été adjoint dans la Ligue américaine, avant de le devenir avec l'Avalanche en 2009. Trois saisons plus tard, il est promu entraîneur-chef des Bulldogs d'Hamilton. Il dirigera le club-école du Canadien à Hamilton, à St. John's Terre-Neuve, puis à Laval où son aventure avec le Canadien a pris fin en 2018.
Un retour dans la Ligue américaine à San Diego, comme adjoint avec le club-école des Ducks d'Anaheim – de 2017 à 2020 – lui a servi de tremplin pour son retour dans la LNH.