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RÉSULTATS

Repêchage LNH : Berkly Catton, l'obsédé autodidacte

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BUFFALO – Brad Yetman est conscient que son évaluation repose sur un échantillon bien modeste. Il admet aussi être légèrement biaisé. Mais quand vient le temps d'évaluer les attaquants qui pourraient être disponibles lorsque le Canadien se prononcera au cinquième rang du prochain repêchage, sa liste diffère de celle de la majorité.

Dans cet ordre, elle se lit comme suit : Berkly Catton, Cayden Lindstrom, Tij Iginla.

Yetman, qui a dirigé les Huskies de Rouyn-Noranda entre 2021 et 2023, a brièvement croisé les trois jeunes hockeyeurs au Défi mondial des moins de 17 ans en novembre 2022. En tant qu'adjoint au sein du groupe d'entraîneurs d'Équipe Canada Rouge, il a côtoyé Catton et Iginla de près en tant que responsable des attaquants. Lindstrom faisait partie d'Équipe Canada Blanc.

Il est clair pour lui qu'à l'époque, Catton avait une longueur d'avance sur ses semblables.

« Ses connaissances et sa maturité sont vraiment développées pour un gars de son âge, nous disait Yetman avant le récent camp d'évaluation des espoirs à Buffalo. Quant à son intelligence sur la patinoire, on entend souvent d'un jeune qu'il a une longueur d'avance sur les autres. Eh bien lui, il en a probablement deux ou trois. »

Les commentaires de Yetman sont principalement basés sur un tournoi qui a eu lieu il y a un an et demi. Puisqu'ils concernent des athlètes qui, à leur âge, peuvent progresser ou plafonner plus vite qu'il ne faut de temps pour apprendre à épeler leur nom, ils doivent donc être pris avec un grain de sel. Iginla, par exemple, a vu sa cote grimper en flèche après son acquisition par les Rockets de Kelowna dans la dernière année.

Tout de même, ce que ces observations révèlent est toujours d'actualité. Contrairement à Lindstrom ou Iginla, Catton n'est pas reconnu pour utiliser son gabarit afin de se créer de l'espace ou conserver la possession du disque. « Il y a quand même du nerf dans sa game, relativise l'entraîneur québécois Bruce Richardson, qui l'a dirigé au Mondial des moins de 18 ans en 2023. Mais défensivement, c'en est un autre qui triche beaucoup. »

Le petit joueur de centre des Chiefs de Spokane compte en revanche sur une impressionnante collection d'atouts qui, lorsque combinés, lui permettent de générer de l'attaque comme peu de joueurs de son âge peuvent le faire dans le circuit junior canadien.

Cette statistique mise en lumière par Cam Robinson, d'Elite Prospect, frappe l'imaginaire. Depuis l'an 2000, Catton est l'un des quatre joueurs de la LCH ayant produit au moins 50 buts et 115 points à leur première année d'admissibilité au repêchage de la LNH. Les autres sont Sidney Crosby, Patrick Kane et Connor Bedard.

Catton a des mains de soie, un tir de feu et un coup de patin explosif. Toutes ces qualités sont maximisées par sa vision du jeu et une compréhension exceptionnelle de son environnement.

Si on voulait tomber dans les clichés, on dirait qu'il joue aux échecs pendant que ses adversaires jouent aux dames. Mais honnêtement, les pauvres défenseurs qu'il laisse dans son sillage donnent souvent l'impression qu'ils sont encore à assimiler les règles du Serpents et échelles.

« Honnêtement, je crois que de toutes les qualités qu'un joueur peut posséder, celle-là est la plus précieuse, nous disait Catton lors d'un récent tête-à-tête. Si tu es un joueur intelligent, tu connaîtras du succès d'une façon ou d'une autre. Bien sûr, mon jeu pourrait être appelé à changer dans la LNH. Est-ce que je serai un fabricant de jeu ou davantage un marqueur de buts? Personne ne le sait vraiment. Mais je sais que je pourrai toujours compter sur ce que j'ai entre les deux oreilles. »

Un gardien en bois et un mot de passe emprunté

Passer un petit quart d'heure avec Catton, c'est comprendre que son cerveau ne lui sert pas qu'en situation de match. Le natif de la Saskatchewan se considère comme un « hockey nerd », un qualificatif auquel il n'est pas à court d'anecdotes pour faire honneur.

« Dans sa tête, il peut toujours faire quelque chose pour être meilleur. Il veut sans cesse apprendre », a eu le temps de remarquer Yetman.

Catton dit se rappeler qu'à l'âge de 6 ou 7 ans, il patinait vite, mais sans jamais aller nulle part. « Je n'aimais pas ça et je suis devenu obsédé à regarder les joueurs qui étaient meilleurs que moi. Il y avait un gars dans mon équipe qui réussissait tout le temps à sortir de ses duels avec la rondelle. Je l'ai observé et imité jusqu'à ce que je le fasse mieux que lui. Les gens pensent que je mens quand je raconte ça, mais c'est la vérité. »

C'est une habitude que le petit blondinet n'a jamais perdue. Après avoir terminé sa première saison dans la WHL avec 55 points en 63 matchs, Catton a conclu que les 23 buts qu'il avait marqués étaient insuffisants. De retour à la maison pour l'été, il a construit dans la cour arrière un gardien en bois qu'il a vêtu d'un équipement de hockey de rue. Il a passé l'été à le bombarder.

« Il en a pris pour son rhume, mais il a fait le travail que j'attendais de lui », rigole celui qui a touché la cible 54 fois la saison suivante.

Finalement, Catton nous a appris qu'il ne passait pas une journée sans observer les joueurs dont il aime s'inspirer, parmi eux Jack Hughes et Logan Cooley. Comment? Il a convaincu son entraîneur de lui prêter ses accès au logiciel InStat, une plateforme qui donne accès à des séquences ciblées de joueurs évoluant aux quatre coins du monde.

« C'est l'une des plus belles inventions, s'emporte notre intellectuel des surfaces glacées. Si, un soir, je vois qu'un joueur a connu une bonne soirée, en 20 minutes je peux faire le tour de ses présences. J'aime regarder les gars qui peuvent changer un match avec leur talent, mais qui ont aussi cet aspect cérébral. »

« Parfois, il faut que je me parle pour rester loin de mon écran. J'essaie de travailler là-dessus, mais j'avoue que c'est proche de l'obsession mon affaire. L'été, mon père peut me surprendre à regarder et il me supplie d'aller jouer dehors. J'ai l'air fou comme ça, mais sinon je crois que je suis un kid pas mal normal... »