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RÉSULTATS

À Ottawa, Xavier Bourgault voudra éviter le piège des attentes

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MONTRÉAL – Il arrive encore à Xavier Bourgault de se demander, pendant de très brefs instants, s'il n'a pas rêvé à tout ça. Il ne s'est pas encore habitué, par exemple, aux nouvelles couleurs de son équipement, celui qu'il revêt presque chaque jour pendant qu'il se prépare pour sa troisième saison chez les professionnels.  

Mais en gros, le choc, celui d'avoir été échangé pour la première fois de sa vie, est passé.

Bientôt, l'ancien espoir des Oilers d'Edmonton prendra la route d'Ottawa pour participer au camp d'entraînement des Sénateurs. Son objectif sera simple, le même que tous les joueurs avec qui il partagera la glace : commencer la saison dans la Ligue nationale.

Il dosera mieux ses espoirs, par contre, atténuera un peu ses attentes. Il ne veut pas refaire la même erreur que l'année dernière.

À l'âge de 20 ans, Bourgault a connu un solide camp d'entraînement avec les Oilers. Le 2 octobre, il a marqué deux buts dans une rencontre hors-concours contre le Kraken de Seattle. C'était le sixième match du calendrier présaison de son équipe. Il en avait joué cinq. Il était en train de se dire que tout ça était bien encourageant quand on lui a annoncé qu'il irait continuer sa préparation dans la Ligue américaine.

Il admet aujourd'hui que la nouvelle est arrivée dans son angle mort et l'a décontenancé plus qu'elle ne l'aurait dû.

« Tu t'attends à faire l'équipe, c'est sûr, chaque fois. Mas je pensais que j'étais vraiment proche, racontait Bourgault dans une récente entrevue avec RDS. J'avais vraiment eu un bon camp. Par la suite, ça a peut-être été plus dur mentalement tout au long de l'année. Des fois, dans une période plus creuse, tu te dis : "J'ai vraiment eu un bon camp, comment ça se fait que ça ne marche pas?". Fait que mentalement, ça a peut-être été plus tough. »

Bourgault veut qu'on sache qu'il retient quand même du positif de sa deuxième saison avec le club-école des Oilers. Son jeu défensif a progressé, il a beaucoup joué en désavantage numérique. Le fait que ses statistiques offensives aient aminci – 20 points en 55 matchs comparativement à 34 points en 62 matchs – ne raconte pas toute l'histoire, dit-il.

Mais qu'il s'agisse d'une perception juste ou non, ces arguments ne correspondent pas à la définition qu'on se fait du progrès pour un attaquant repêché en première ronde qui est, de surcroît, considéré comme le plus bel espoir d'une organisation.

Porter ces étiquettes peut devenir lourd pour un jeune athlète. Bourgault reconnaît avoir senti cette pression, ne serait-ce que légèrement, pour la première fois l'an dernier. Mais il ne la voit pas comme un facteur ayant contribué à ses ennuis.

« Je pense que je suis encore jeune, j'ai encore confiance en mes moyens. Oui, je suis un choix de première ronde, il y a des attentes qui viennent avec ça, mais je ne m'en fais pas trop avec ça. J'ai encore confiance », répète-t-il.

Assumer les comparaisons

Comment accepter d'avancer à sa propre vitesse quand d'autres autour de nous s'approchent plus rapidement de leurs objectifs? C'est un autre enjeu auquel Xavier Bourgault a été confronté.

Mavrik Bourque et lui ont été indissociables pendant leurs années chez les Cataractes de Shawinigan. Ils ont gagné la Coupe du Président ensemble, on atteint la finale de la Coupe Memorial ensemble, ont joué avec Équipe Canada junior ensemble. Bourque a été repêché au 30e rang par les Stars de Dallas en 2020, Bourgault 23e par les Oilers l'année suivante. Les deux ont écoulé les deux premières saisons de leur contrat d'entrée dans la LNH.

Mais Bourque est en avance sur son ami. La saison dernière, il a été le meilleur pointeur de la Ligue américaine. Il a même disputé un match dans le parcours éliminatoire des Stars. Il a clairement un pied dans la porte à laquelle son ancien coéquipier cogne toujours sans obtenir de réponse.

Les comparaisons sont faciles, naturelles et, potentiellement, blessantes. Bourgault a-t-il su s'en protéger?

« Ça peut t'affecter, mais il ne faut vraiment pas que tu regardes ça comme ça, répond-il avec aplomb. On se parle encore souvent. Même si ça marchait bien pour lui, il me disait de ne pas lâcher. Il me connaît assez comme joueur, il sait que ça va finir par y aller. »

Il serait surprenant que Bourque ne commence pas la prochaine saison dans la LNH. Bourgault, pour sa part, ne s'en fait pas trop avec sa prochaine destination. Il estime débarquer dans un environnement favorable avec un directeur général (Steve Staios) qui vient lui aussi de l'organisation des Oilers et un entraîneur-chef (Travis Green) avec qui tout le monde aura une page blanche. « C'est peut-être un avantage », s'encourage-t-il.

Le reste – les calculs, les prédictions et les attentes – il a l'intention de laisser ça aux autres.

« Je pense que c'est un noyau dans lequel je peux [bien cadrer], dit-il en pensant aux Tkachuk, Stützle, Batherson et autres joueurs qui forment le cœur de sa nouvelle équipe. C'est intéressant comme lineup. Je veux arriver avec la mentalité de faire l'équipe, mais j'ai quand même des choses à prouver encore dans la Ligue américaine. Que ça soit à Belleville ou à Ottawa, je veux juste me concentrer sur moi-même. »

« Je ne veux pas regarder le nombre de places disponibles ou quel joueur est en avant de moi, se promet-il. Au bout de la ligne, si je joue bien, je vais avoir un rappel. »