Carson Bjarnason, le défenseur devenu gardien
BUFFALO – C'est l'histoire classique. Celle du p'tit frère incité à prendre place devant le filet et faire son possible, faute d'options potables.
À l'exception d'une chose. Carson Bjarnason était déjà adolescent quand il a commencé à prendre les fonctions de gardien de but au sérieux.
« J'ai été défenseur de l'âge de 8 à 13 ans », nous confiait-il il y a deux semaines au Camp d'évaluation de la LNH à Buffalo.
« Mon père m'a toujours dit que je devais être un bon patineur en premier, que je devais être l'un des meilleurs patineurs de l'équipe et l'un des plus naturels. J'imagine que mon frère avait besoin de quelqu'un sur qui tirer dans le sous-sol et que j'ai fini par aimer ça. »
À peine quatre ans plus tard, le Manitobain qui fêtera ses 18 ans au lendemain du repêchage de la LNH est perçu par la Centrale de recrutement du circuit comme le meilleur espoir à protéger une cage en Amérique du Nord.
« Je n'aurais pas cru il y a quelques années que je me retrouverais ici, reconnaissait-il peu de temps après avoir complété sa série de tests physiques sur le plancher du LECOM Harborcenter. Je suis chanceux d'être ici. Avec tout le talent pur qu'il y a dans cette cuvée, c'est exceptionnel. »
Bjarnason n'était pourtant pas vu comme l'un des meilleurs portiers de son groupe d'âge avant de faire ses débuts dans la Ligue junior de l'Ouest (WHL). Ignoré au repêchage de 2020, en partie en raison de son physique de 5 pi 9 po, c'est à titre d'invité qu'il s'est pointé au camp d'entraînement des Wheat Kings de Brandon à l'automne 2021.
Poussée de croissance aidante – il mesurait 6 pi 3 po à ce moment –, Bjarnason est alors parvenu à percer la formation du club pour devenir le premier gardien de 16 ans en près de trois décennies à jouer à temps plein pour les Wheat Kings.
« J'ai grandi à une demi-heure à l'est de Brandon (à Carberry, NDLR), alors j'ai toujours voulu être un Wheat King. »
Envoyé dans le demi-cercle à 23 reprises au cours de sa saison recrue, Bjarnason s'est emparé du poste de no 1 l'automne dernier. Dernière ligne de défense d'une équipe qui en a arraché au point de rater les séries éliminatoires au printemps 2023, Bjarnason n'a pas noirci sa fiche de statistiques à tout casser. Sa moyenne de 3,08 et son taux d'efficacité de ,900 en 47 matchs n'ont toutefois pas refroidi le spécialiste des gardiens de la Centrale de recrutement de la LNH, Al Jensen.
« Pour un gardien aussi jeune, la présence, la confiance, le calme et le niveau d'habiletés qu'il affiche à ce stade de sa carrière sont étonnants, observait l'éclaireur en entrevue à NHL.com en avril dernier. Il peut assumer la charge de travail et il ne laisse que très rarement des trous ouverts. Dès qu'on le voit, on peut dire qu'il est un gardien de but qui se qualifie pour le prochain niveau et son jeu au cours de l'année le confirme. »
Carson Bjarnason
Carey Price : une inspiration
Bjarnason, comme bon nombre de gardiens de sa génération, tient Carey Price en haute estime.
D'abord parce que comme lui, il a fait de sa confiance inébranlable l'un de ses principaux atouts sur la patinoire. « J'essaie d'être aussi stoïque et calme que lui. »
Puis, il y a le fait qu'il a lui aussi des racines au sein des Premières Nations.
« Je suis Métis. Je pense que mon nom de famille signifie ours. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai dessiné moi-même un ours sur le côté du masque que je porte présentement », a révélé l'artiste qui gratte également la guitare dans ses temps libres.
« C'est bien de voir un gars comme lui avoir un aussi grand nom dans le monde du hockey, a développé Bjarnason au sujet de Price. L'avoir comme modèle c'est très spécial. »
La possibilité d'endosser le même uniforme que lui dans la LNH le serait aussi, d'autant plus que le Tricolore, qui n'a pas exclu la possibilité de repêcher un gardien, est l'un des nombreux clubs qui sont allés à sa rencontre durant sa semaine passée à Buffalo.
« Je pense qu'ils sont intéressés, ça c'est certain. »