Dans le calepin : anecdotes et observations en provenance du « Combine »
BUFFALO – Peut-être que Beckett Sennecke s'approchera du top-5, peut-être pas. Le simple fait de se poser la question en dit long sur sa progression. En début de saison, plusieurs hésitaient à voir en lui un futur choix de première ronde.
L'attaquant des Generals d'Oshawa présente l'une des candidatures les plus intrigantes du prochain repêchage de la LNH. D'abord parce que son rendement des derniers mois a attiré l'attention. À la pause du temps des Fêtes, il n'avait récolté que 25 points en 28 matchs, mais en deuxième moitié de saison, il a explosé pour 43 points en 35 parties. Mieux encore, il a produit 22 points en 16 matchs de séries éliminatoires. L'effet de récente est bien réel.
Mais Sennecke pique aussi la curiosité en raison de sa fulgurante poussée de croissance. Selon le récit qu'il en fait, il mesurait 5 pieds 10 pouces la première fois qu'il s'est présenté à Oshawa à l'âge de 16 ans. À la fin de cette saison, il estime qu'il faisait tout près de 6 pieds 1 pouces. Aujourd'hui, les sites spécialisés le classent à 6 pieds 2 tandis que la Centrale de recrutement de la LNH lui donne un pouce de plus.
« À chaque fois que je sortais patiner l'été dernier, je remarquais que mon bâton était de plus en plus court », rigolait-il devant les médias à Buffalo.
« On me dit que j'ai les attributs d'un petit joueur dans le corps d'un grand joueur, expliquait-il plus sérieusement. Avant de grandir, j'avais développé ma vision, mon agilité, mon maniement de rondelle... j'ai gardé ces qualités en grandissant, avec en plus la possibilité de progresser autrement. »
Sennecke estime être encore en période d'adaptation par rapport à ses nouvelles mensurations, mais entend profiter de l'été pour trouver ses repères et gagner en confort dans son corps.
Dans l'ombre de Lindstrom
Quelques minutes après le début de son point de presse, l'impatience d'Andrew Basha était palpable. Pas que le jeune attaquant des Tigers de Medicine Hat ne soit pas de commerce agréable, bien au contraire. Mais quand vous n'avez que quelques rares minutes pour vous mettre en valeur, à combien de questions pouvez-vous répondre au sujet d'un coéquipier plus populaire avant de commencer à rouler des yeux?
Basha croyait pourtant s'être extirpé de l'ombre de Cayden Lindstrom cette saison. Malgré que son compagnon de trio se soit blessé à la mi-saison, le petit attaquant a maintenu une cadence qui lui a permis d'accumuler 85 points en 63 parties.
« Quand tu joues avec des joueurs aussi talentueux, ton nom va peut-être se perdre un peu dans la conversation. C'était important pour moi de montrer que je n'ai pas besoin d'un coéquipier exceptionnel pour produire, a avoué le sympathique Albertain. Je peux être le moteur de mon trio. »
Il a l'impression de l'avoir fait, tout ça en gérant lui-même une blessure. « Je suis vraiment fier de ma deuxième moitié de saison. »
On a aussi appris que Basha, qui est né et a grandi à Calgary, parle un excellent français. Sa mère est une Néo-Brunswickoise native de Janeville, près de Bathurst. Il a passé plusieurs étés de son enfance sur la rive sud de la Baie-des-Chaleurs.
« J'ai été à l'école totalement francophone jusqu'en huitième année, explique-t-il. Ma mère a profité de quelques occasions [grâce à son bilinguisme] quand elle était jeune et mes parents ont cru que ça serait bien que j'aie ça dans mon répertoire. »
Une exception norvégienne
Les certitudes sont rares dans un repêchage, mais en voici une à propos de l'édition de cette année : pour la première fois de l'histoire, un Norvégien sera sélectionné en première ronde.
Le nom de cet animal rare est Michael Brandsegg-Nygård. Natif d'Oslo, il a passé la dernière saison au Mora IK, en deuxième division suédoise. À 18 ans, la logique serait de dire qu'il était un enfant parmi les hommes, mais c'est une description à laquelle s'opposeraient probablement ses adversaires. Classé à 6 pieds 1 pouce et près de 200 livres, le colosse scandinave s'est plu à faire sa place à grands coups d'épaules dans son pays d'adoption.
« C'est un défi [de pratiquer ce style de jeu contre des joueurs plus matures], mais quand je les frappe et qu'ils tombent, c'est encore mieux », dit-il avec un sourire en coin.
Brandsegg-Nygård peut aussi punir l'adversaire avec ses qualités offensives. Il a récolté dix points en douze matchs dans les séries éliminatoires et cinq points en sept matchs au Championnat du monde.
Il passera la prochaine saison avec Skellefteå en première division suédoise.
Un pipi qui a tout changé
Un autre intimidant Norvégien trouvera preneur au prochain repêchage. Son nom est Stian Solberg, un défenseur taillé à même le roc qui s'attire les comparaisons avec le capitaine des Rangers de New York Jacob Trouba.
Solberg a offert l'une des meilleures anecdotes qu'il nous ait été donné d'entendre après toutes ces années de couverture du « combine ». Il s'est lancé dans les confidences après avoir révélé qu'il avait été initié au hockey comme attaquant et qu'il n'avait été converti en défenseur qu'à l'âge de « 14 ou 15 ans ».
« On avait un tournoi en Suède et un de mes coéquipiers a fait pipi dans son bain. Le coach lui a dit qu'il ne pouvait pas faire ça et qu'en conséquence il ne le ferait pas jouer. C'est donc moi qui l'a remplacé en défense. »
La suite s'est plutôt bien passée pour lui. Quelques années plus tard, le voilà au cœur de la brigade défensive de son équipe nationale et à la veille du repêchage, quelques classements, dont celui du réputé Craig Button, le considèrent comme un espoir de premier tour.
Solberg a jusqu'ici pris la décision de poursuivre son développement en Norvège, mais il fera saut dans la ligue élite de Suède, avec Färjestad, l'automne prochain.