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RÉSULTATS

De Wichita à la finale de la coupe Stanley

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SUNRISE - Quand Vincent Desharnais et Stuart Skinner ont échangé une très longue et très chaleureuse accolade tout juste après l'élimination des Stars de Dallas, le Québécois s'est assuré de remercier son coéquipier et grand ami pour la grande performance qu'il venait de connaître devant la cage des Oilers.

« Je l'ai aussi remercié de me donner la chance de prendre part à une finale de la coupe Stanley et je ne sais pas combien de fois je lui ai dit à quel point j'étais fier de lui », que Desharnais a raconté vendredi dans le cadre de la grande journée médiatique donnant le coup d'envoi à la grande finale Oilers-Panthers qui débutera samedi soir.

Desharnais lui a aussi lancé à l'oreille : « Rappelle-toi de Wichita il y a cinq ans! » Ce bout de phrase, bien banal pour le commun des mortels, est lourd de sens pour les deux joueurs des Oilers. Et il donne plus d'ampleur encore à l'exploit de se retrouver en finale de la coupe Stanley.

Tout ce que la ville de Wichita évoque chez moi sur le plan sportif est le fait que les Expos y ont déjà établi un de leurs clubs-écoles. À part ça? Rien! Que s'est-il donc passé de si important à Wichita il y a cinq ans?

« Nous étions coéquipiers dans cette équipe de la Ligue de la Côte Est où on s'est retrouvé en 2018-2019 après avoir été coupé à Bakersfield, le club-école des Oilers. Disons qu'on était loin de la LNH et de notre rêve d'y jouer un jour. De retour dans le vestiaire après une défaite de 8-2, "Stu" m'a regardé et m'a lancé : "veux-tu bien me dire qu'est-ce qu'on fait ici. Ça vaut-tu vraiment la peine de continuer? Peut-être qu'on est rendu au bout de notre rêve. Peut-être que tout est fini..." »

Choix de septième ronde des Oilers en 2016, Vincent Desharnais avait alors tenté de remonter le moral de Skinner que les Oilers avaient repêché en troisième ronde l'année suivante.

« J'en ai vécu des épreuves de ce genre. J'en ai connu des moments de doutes et de découragements au cours de mon long parcours vers la Ligue nationale et je lui avais dit de s'accrocher. C'est pour ça que j'étais si fier de lui après le match contre les Stars. C'est pour ça que l'accolade a été si longue et qu'elle avait plus de signification que le résultat du match », a poursuivi Desharnais qui sera prêt à sauter dans la mêlée dès qu'on lui demandera de le faire.

Initialement secoué par la décision de le remplacer par Philip Broberg, Vincent Desharnais a vite tourné la page. Avis à ceux et celles qui voudraient lui remonter le moral en insistant sur « l'injustice » dont il a été victime, ce genre d'appui serait aujourd'hui très mal accueilli. Ses parents et amis l'ont d'ailleurs appris à leurs dépens.

«J'ai été déçu et un peu frustré pendant 24 heures. Mais avec tout ce que j'ai vécu au fil de ma carrière, il fallait vite tourner la page. J'ai été obligé de dire à mes parents et amis qu'ils ne m'aidaient pas en remettant la décision en question. Je n'avais pas besoin de négatif autour de moi, mais de positif. Je suis un Oiler à part entière. J'ai joué 78 matchs cette saison. J'en ai disputé 15 en séries. Cette attitude me permet de savourer totalement le fait que je sois en finale de la coupe Stanley. Il y a des gars qui attendent toute leur carrière une présence en finale sans jamais y arriver. J'y participe à ma deuxième saison. C'est extraordinaire », assurait le grand défenseur québécois.

Skinner se souvient

À quelques podiums de celui où était assis Vincent Desharnais, Stuart Skinner expliquait à des collègues à quel point il avait appris à rester de marbre face aux épreuves lorsque je me suis retrouvé devant lui.

Le genre d'épreuve vécue à Wichita que je lui ai alors glissé comme question.

Skinner a esquissé un sourire un brin agacé avant de répondre : « c'est un très bon exemple oui! »

Quand je lui ai souligné que l'histoire venait de m'être contée par Vincent Desharnais, le gardien a plongé.

« J'avais été très ordinaire lors de ce match et Vincent a raison : j'avais accordé huit buts! Et j'en ai donné beaucoup d'autres dans les matchs suivants. Vincent et moi avons vécu plus que notre part d'épreuves. C'est loin d'avoir été facile. Des fois, c'était même très décourageant. Mais cela m'a appris à me remettre rapidement d'un mauvais but accordé. Cela m'a permis de rester confiant malgré le fait que j'ai suivi deux matchs du banc des joueurs en deuxième ronde contre Vancouver. Avec ce que je sais aujourd'hui, si tout était à refaire, je voudrais suivre le même parcours aussi difficile a-t-il été. Car ce parcours m'a permis d'apprendre à ne jamais abandonner. Me voici cinq ans plus tard en finale de la coupe Stanley au cours de laquelle je donnerai tout mon cœur pour aider mes coéquipiers à soulever ce trophée », que Stuart Skinner a insisté.

Bobrovsky respectueux

L'inégalité des forces devant les filets alors que Stuart Skinner ne semble pas en mesure de rivaliser avec Sergeï Bobrovsky est l'un des facteurs expliquant pourquoi bon nombre d'observateurs favorisent les Panthers pour remporter la finale de la coupe Stanley.

Sans surprise, Skinner profite de la confiance de tous ses coéquipiers. « C'est lui qui nous a permis d'éliminer les Stars en finale de l'Ouest et c'est lui qui va nous permettre de gagner la coupe Stanley », que Vincent Desharnais a lancé avec confiance.

Directeur général des Oilers, Ken Holland est aussi convaincu du potentiel de son jeune gardien.

« Quand j'ai pris la décision de rétrograder Jack (Campbell) dans la Ligue américaine, j'avais fait venir les deux gardiens dans mon bureau. J'avais annoncé la nouvelle à Jack et avait dit à Stuart que le filet était maintenant à lui. Que j'étais convaincu qu'il était prêt à remplir le rôle de numéro un. Il l'a démontré tout au long de la saison. Il l'a fait aussi en séries et j'ai entièrement confiance en lui », que Holland a assuré.

Stuart Skinner profite aussi de l'appui de son principal adversaire alors que Sergeï Bobrovsky, après des victoires contre ses compatriotes Igor Shesterkin et Andreï Vasilevskiy en plus d'avoir battu Jeremy Swayman est loin de regarder le gardien des Oilers de haut.

« Je n'ai pas battu les trois gardiens contre qui nous avons joués. Mon équipe a battu les trois équipes que nous avons affrontées. On se prépare à affronter une autre très bonne équipe et, peu importe ce que vous pouvez penser de l'autre gardien, il est rendu en finale de la coupe Stanley à 25 ans. C'est bien assez selon moi pour que nous le prenions très au sérieux », que Bobrovsky a philosophé lorsque croisé dans le cadre de la journée médiatique orchestrée par la LNH.