Des risques à évaluer pour des cibles intéressantes
COLLABORATION SPÉCIALE
Avec la victoire des Panthers de la Floride lundi soir, la saison 2023-2024 est officiellement terminée. L'action passe maintenant de la glace aux téléphones, avec l'une des périodes de transactions les plus actives du calendrier qui commence. Le repêchage nous donne souvent droit à plusieurs coups d'éclat qui peuvent forger les prochaines années pour une franchise.
Une autre opportunité pour les différents directeurs généraux d‘améliorer leurs formations est l'ouverture du marché des joueurs autonomes.
Sur le marché libre, les salaires peuvent rapidement grimper avec les clubs qui se battent en enchères pour les services d'un joueur. On a vu plusieurs mauvais contrats se signer aux alentours du 1er juillet. Avec le plafond salarial qui grimpe de 4,5 millions $ cet été, il y aura sans aucun doute un bon nombre d'ententes qui feront lever des sourcils à travers la ligue.
Malgré tout, un contrat risqué ne veut pas dire que c'est absolument voué à l'échec. Après tout, Sergei Bobrovsky (7 ans, 70 millions $) et Zach Hyman (7 ans, 38,5 millions $) étaient deux contrats qui ont été critiqués à leur signature. Je crois qu'aucune des deux formations ne regrette ces acquisitions après qu'ils aient joué des rôles clés dans leur parcours jusqu'au match ultime de la Finale.
La même chose pourrait s'avérer vraie pour les trois joueurs ci-dessous. Ils sont tous talentueux et pourraient exceller dans la bonne situation, mais ils ont aussi plusieurs signes qui pourraient rapidement transformer leur prochain contrat en boulet sur la feuille de salaire d'une équipe.
Sam Reinhart
Risque: Un salaire qui mène à des attentes démesurées
Avant d'aller plus loin, je veux mettre une chose au clair. Sam Reinhart est un bon joueur, voire même excellent. Il a huit saisons d'au moins 20 buts à sa fiche et sept d'au moins 50 points (il en aurait probablement huit si ce n'était de la saison raccourcie en 2020-2021, où il avait 25 buts et 40 points en 54 rencontres).
Après avoir atteint le plateau des 30 buts à ses deux premières années avec les Panthers, Reinhart a explosé pour 57 buts cette saison, 2e dans la LNH. Il a aussi dominé avec 27 buts en avantage numérique, six de plus que Leon Draisaitl au 2e rang, le seul autre joueur à avoir atteint le plateau des 20. Il a mis la cerise sur le sundae de sa saison avec le but gagnant lors du match numéro sept lundi soir, aidant les Panthers à remporter le premier titre de leur histoire.
Reinhart s'est retrouvé dans la situation parfaite pour atteindre son plein potentiel et c'est exactement là où se trouve le risque pour tout club qui serait intéressé à ses services. Il a disputé plus de 70% de ses minutes à forces égales avec Aleksander Barkov cette saison. Même chose pour l'avantage numérique, où il a été un régulier sur la première vague avec Barkov, Matthew Tkachuk, Carter Verhaeghe et Aaron Ekblad. Ce n'est pas pour diminuer ses accomplissements, loin de là. Suivre le rythme de joueurs aussi talentueux n'est pas chose facile. Mais ignorer ce contexte est exactement le genre de chose qui mène à un contrat regrettable.
Très peu de clubs peuvent offrir une situation aussi favorable, et encore moins ont l'espace sous le plafond pour se permettre de payer le joueur le plus productif sur le marché. Si une équipe acquiert ses services avec l'espoir qu'il soit un marqueur de 50 buts qui mène la charge de l'attaque, elle risque d'être extrêmement déçue. En d'autres mots, Reinhart est idéalement un des meilleurs joueurs complémentaires de la LNH. S'attendre à ce qu'il soit le coeur de ton attaque est la recette pour un contrat qui deviendra rapidement l'un des plus gros regrets d'un directeur général.
Honnêtement, la meilleure option pour Reinhart et les Panthers est de poursuivre ce partenariat favorable, car il est difficile de s'imaginer Reinhart faire mieux ailleurs, et remplacer sa chimie avec Barkov est plus facile à dire qu'à faire. C'est encore à voir si les Panthers pourront se le permettre, avec 13 joueurs qui ont besoin de nouveaux contrats. L'absence de taxes sur le revenu en Floride pourrait convaincre Reinhart de laisser un peu d'argent sur la table pour garder le noyau intact.
Elias Lindholm
Risque: Payer pour le Lindholm de 2021-2022
Il y a à peine deux ans, Elias Lindholm était au centre du meilleur trio de la LNH à Calgary. Lui, Matthew Tkachuk, et Johnny Gaudreau avaient obtenu 124 buts et 301 points à eux trois. Lindholm avait même terminé 2e pour le titre de meilleur attaquant défensif, derrière M. Selke lui-même, Patrice Bergeron. Ça a mené à une saison de 111 points pour Calgary, la 2e meilleure marque de leur histoire.
Ce qui aurait dû être le début d'une belle époque pour les Flames est rapidement tourné au cauchemar. Après avoir été éliminés en deuxième ronde, ils ont vu Johnny Gaudreau et Matthew Tkachuk quitter vers les États-Unis. Lindholm est resté en Alberta un peu plus longtemps, avant de se faire échanger aux Canucks en janvier dernier. Vancouver a payé le gros prix pour ses services (Choix de 1er tour, Andrei Kuzmenko, Hunter Brzustewicz, Joni Jurmo, et un choix conditionnel de 4e tour), mais Lindholm est déjà loin du joueur qu'il était il y a deux ans.
Une tendance inquiétante pour Elias Lindholm
Il a vu sa production chuter de 82 à 44 points et les chiffres avancés montrent le même déclin. Il demeure un bon centre défensif qui excelle dans le cercle de mises en jeu, mais il ne génère plus assez d'attaque pour être considéré comme un centre de premier plan.
Lindholm a terminé en force avec 10 points en 13 matchs de séries pour les Canucks, ce qui pourrait jouer en sa faveur. Les centres sont toujours très recherchés et, malgré son déclin offensif, il demeure un des meilleurs joueurs défensifs disponibles à sa position. À un prix raisonnable, Lindholm pourrait être un excellent as défensif pour une formation. Si un club décide de le payer comme un centre numéro un, c'est là que ça devient plus risqué, surtout qu'il aura 30 ans en décembre. La production offensive va rarement en montant plus un joueur s'avance dans la trentaine.
(À moins qu'il ne signe à Boston. S'ils peuvent être l'une des meilleures formations de la ligue avec Charlie Coyle et Pavel Zacha, qui sait ce qu'ils pourraient accomplir avec Lindholm)
Anthony Mantha
Risque: Ignorer ce qui se cache derrière ses 6'5”.
Au premier coup d'oeil, il est facile de voir pourquoi une équipe s'intéressait à Anthony Mantha. 6'5”, 234 lb avec un bon tir sur réception et un solide coup de patin, il vient de marquer 23 buts en jouant 74 des 82 matchs cette saison. Les ingrédients sont là pour faire un bon attaquant de puissance. Si on regarde un peu plus en profondeur, par contre, les signaux d'alarme commencent à se faire voir.
Premièrement, ces 74 matchs représentent un sommet pour lui au cours des six dernières années. Il a manqué plus d'une centaine de rencontres depuis 2018-19. Ses 23 buts sont aussi venus avec un taux de réussite incroyablement élevé de 22%. Pour vous donner un peu de contexte, seulement deux joueurs actifs ont un taux d'au moins 18%: Brayden Point (18,3%) et Leon Draisaitl (18,2%). Il a profité de plusieurs bonds fortuits, ce qui est rarement un gage de succès futur. Mantha a généré 14,8 buts attendus, un chiffre qui est beaucoup plus aligné avec des attentes réalistes pour le Québécois.
L'ancien des Red Wings, Capitals, et Golden Knights vient de terminer un contrat de quatre saisons d'une valeur moyenne de 5,7 millions $ par année, un salaire qu'il ne retrouvera assurément pas sur le marché cet été. Un contrat d'un an serait probablement la meilleure option, mais si un club se laisse séduire par le potentiel et lui offre plusieurs saisons, ils pourraient rapidement regretter leur décision.