Gabriel Perreault : « Des yeux tout le tour de la tête »
BUFFALO – Auston Matthews, Jack Hughes, Clayton Keller, Patrick Kane, Phil Kessel... À jamais, Gabriel Perreault pourra se vanter d'avoir mieux fait que chacun d'entre eux.
Le meilleur pointeur de l'histoire du programme de développement américain en une saison, c'est lui.
« Ce n'est pas une chose que j'aurais cru possible de faire au début de la saison, mais de voir mon nom à côté des leurs, c'est vraiment cool », appréciait le recordman, récemment, au Camp d'évaluation de la LNH à Buffalo.
Avec 132 points (53 buts et 79 passes) en 63 matchs cette année, Perreault a fracassé la marque de 117 points de Matthews (55 buts et 62 passes en 60 rencontres) qui tenait depuis la campagne 2014-2015.
Comment cet attaquant a-t-il pu tenir pareil rythme de production, au point de n'être devancé que par le surdoué des Pats de Regina Connor Bedard dans la cuvée 2023? Ses coéquipiers ont leur petite idée là-dessus.
« Ah Gabe... Par où commencer? », s'est d'abord interrogé son compagnon de trio Ryan Leonard, avant de mettre de l'ordre dans ses idées. « Je dis tout le temps ça : il fait des jeux qu'on ne voit même pas à la télé au ralenti. La façon dont son cerveau opère est réellement spéciale. Jouer avec lui me rend la vie pas mal facile. »
Des 79 mentions d'aide amassées par Perreault cette année, plusieurs ont effet mis la table à l'un des 51 buts marqués par Leonard au fil de la saison. L'autre membre de ce trio réputé comme le meilleur à l'extérieur de la LNH, Will Smith, en doit lui aussi plus qu'une à son partenaire pour ses 51 buts et ses 127 points, la deuxième meilleure récolte de l'histoire du programme.
« Ses habiletés avec la rondelle le démarquent des autres, a distingué Smith. Il a fait des choses que je n'ai jamais vu personne d'autre faire. Parfois, je ne le regarde même pas et la rondelle arrive sur ma palette. »
Invité à commenter l'affirmation du gourou de la Centrale de recrutement de la LNH Dan Marr, qui avançait que Perreault avait « des yeux derrière la tête », Smith s'est permis d'en ajouter une couche.
« Il a des yeux tout le tour de la tête, a-t-il rectifié. Il me voit même si je suis en diagonale par rapport à lui et que je ne suis même pas dans son champ de vision. Il fait des choses spéciales. »
Gabriel Perreault
« Je le vois aller et je joue avec lui depuis un bon bout de temps déjà et certaines choses qu'il réussit, je ne sais pas comment il fait. C'est l'un des joueurs les plus créatifs que j'ai vu de ma vie », a corroboré Paul Fisher, un défenseur du programme américain avec lequel évolue Perreault depuis l'époque du Mission de Chicago.
C'est au sein de cette équipe de hockey mineure élite, dirigée par son père Yanic au terme de sa carrière de 14 saisons dans la LNH, que le cadet de la famille Perreault estime avoir développé le sixième sens qui fait aujourd'hui sa renommée et de lui un choix de premier tour presque garanti selon bon nombre d'éclaireurs.
« Sur la glace avec le Mission, il (Yanic) voulait toujours qu'on soit créatifs et qu'on fasse des jeux », a raconté celui qui a également passé beaucoup de temps dans le sous-sol familial avec le paternel et son frère aîné Jacob, un choix de première ronde des Ducks d'Anaheim en 2020, à lancer des rondelles et parfaire son savoir.
« Quand j'étais jeune, je n'étais pas le plus gros, alors il fallait que je trouve une façon différente d'avoir un impact sur la game. Il fallait que je fasse plus de jeux. »
Il en a fait sa spécialité, comme l'a reconnu la Centrale de recrutement de la LNH, qui l'identifie comme le 10e meilleur espoir à évoluer en Amérique du Nord, derrière ses chums Smith (3e) et Leonard (5e).
« Il est rapide et intelligent avec la rondelle, a noté Marr, le patron de la Centrale. L'entraîneur au conditionnement physique de Team USA a fait du très bon travail avec lui. Son coup de patin s'est amélioré de façon significative par rapport à l'an dernier. Il a développé l'habitude de bouger constamment ses pieds, de sorte qu'il est être toujours au bon en endroit au bon moment.
« C'est pur marqueur, il veut la rondelle sur son bâton, a développé Marr. Il a montré qu'à pleine vitesse il peut réaliser des jeux, qu'il peut tirer et qu'il arrive à temps. C'est un joueur offensif de grand talent, tout simplement. »
Ces aptitudes, Perreault les mettra à profit l'an prochain dans la NCAA aux côtés de Smith et de Leonard, qui l'ont convaincu de les accompagner sur le campus des Eagles de Boston College. On peut les comprendre d'avoir insisté.
« On a fait du recrutement un peu... Mais rien d'illégal », a juré Leonard.