ST LOUIS - Peu importe l’angle qu’elles vous offrent, peu importe que vous regardiez la séquence à la vitesse réelle, au ralenti, voire au super ralenti, les images sont claires, nettes et précises : Timo Meier a bel et bien effectué une passe avec la main sur le jeu qui a propulsé les Sharks vers une victoire de 5-4 en prolongation aux dépens des Blues.

 

Une victoire qui donne l’avance 2-1 à San Jose dans la finale de l’Ouest qui se poursuivra vendredi à St Louis.

 

Et ce but de la victoire, il n’était pas bon.

 

Sur les genoux à la gauche du filet des Blues, Meier a passé la rondelle avec la main vers Gustav Nyquist qui était dans l’enclave et ce dernier l’a refilée à son compatriote Erik Karlsson qui a ensuite déjoué Jordan Binnington après 5 :23 de jeu en prolongation.

 

Pendant que les joueurs des Sharks convergeaient vers Erik Karlsson pour célébrer la victoire, les joueurs des Blues, à commencer par le jeune gardien, convergeaient vers les arbitres pour contester la légalité du but.

 

Avec raison. Car ce but devait être refusé.

 

Pourquoi a-t-il été accordé?

 

Parce que les arbitres, après s’être regroupés au centre de la patinoire pour échanger leur point de vue sur le déroulement de la séquence, ont clairement été incapables de conclure qu’il y avait eu une passe illégale sur le jeu.

 

Pendant qu’ils se parlaient, les reprises diffusées sur toutes les chaines de télé et surtout celles qui se multipliaient à l’écran géant surplombant la patinoire du Entreprise Center donnaient mille fois raison aux joueurs des Blues.

 

Certains incrédules, d’autres en furie, les joueurs des Blues tout comme leurs partisans hurlaient aux arbitres de simplement lever les yeux au ciel pour regarder les images qui dictaient une décision toute simple : refuser le but initialement accordé à Karlsson.

 

Mais ils ne pouvaient pas le faire.

 

Aucune révision possible

 

En fait oui. Ils auraient pu tous les quatre lever les yeux vers l’écran géant pour se rendre compte qu’ils avaient raté une passe que la planète hockey tout entière voyait maintenant. Mais cela n’aurait rien changé : ils auraient simplement pu constater leur erreur, mais en aucun moment n’auraient pu changer leur décision.

 

Et il est là le vrai problème.

 

On peut blâmer les arbitres et les juges de lignes tant qu’on voudra. Et les Dieux du hockey savent qu’ils ont été blâmés depuis le début des séries.

 

Du confort de notre salon, des gradins d’un amphithéâtre ou du haut de la galerie de presse, on peut marteler qu’il est anormal, voire absurde, que quatre officiels ne soient pas en mesure de voir une infraction aussi évidente que la passe avec la main qui a mené au but de la victoire. Surtout lorsqu’on a trois, cinq, dix reprises pour appuyer nos prétentions.

 

Mais à un moment donné, c’est à la LNH de venir au secours de ses arbitres lorsque des erreurs aussi évidentes, des erreurs aux conséquences aussi néfastes pour l’image du sport se déroulent pendant que la ligue elle reste bêtement les bras croisés.

 

Lorsque les arbitres ont conclu qu’ils n’avaient pas vu de passe avec la main, qu’ils ont patiné vers la sortie pour retraiter au vestiaire, les joueurs des Blues ont fracassé leurs bâtons pendant que les partisans tiraient vers les arbitres tout ce qui leur tombait sous la main.

 

Entassés dans la salle de contrôle de Toronto, les responsables auraient alors pu saisir le téléphone et rappeler les arbitres aux bancs des pénalités et les informer qu’ils étaient en train de commettre une erreur grossière.

ContentId(3.1322052):Séries LNH : Sharks 5 - Blues 4 (Prolongation) (hockey)
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Mais non! Ils ont laissé leurs arbitres aller se faire lapider de critiques sur la place publique parce que les passes avec la main ne sont pas soumises à des révisions officielles.

 

Comme vous, comme moi, comme les arbitres et juges de lignes – Dan O’Rourke, Marc Joannette, Matt MacPherson et Jonny Murray – qui le savent depuis le moment qu’ils ont vu la reprise du jeu litigieux, les responsables de la salle de contrôle de Toronto étaient bien conscients que le but ne devait pas être accordé.

 

Mais parce qu’une passe avec la main ne fait pas partie de la liste des jeux susceptibles d’être révisés par les officiels pour s’assurer que la bonne décision soit rendue, les responsables entassés dans le bureau de Toronto sont demeurés les bras croisés eux aussi. Bon! Peut-être qu’ils se grattaient la tête un brin ou deux, je ne le sais pas parce que j’étais à St Louis et non à Toronto, mais vous comprenez ce que je veux dire...

 

Kay Withmore, qui agissait à titre de superviseur des arbitres au Enterprise Center, mercredi soir, à St Louis a simplement reconnu qu’une passe avec la main ne pouvait être révisée. Lorsqu’on lui a demandé si cela voulait dire que les arbitres n’avaient simplement pas vu l’infraction, il a répondu : « ils m’ont dit qu’une passe avec la main ne pouvait être révisée. J’imagine que vous êtes capables de lire entre les lignes... »

 

La Ligue doit s’adapter et le faire rapidement

 

Le but qui teinte la victoire des Sharks ne fait que s’ajouter à une longue liste de jeux controversés qui démontrent que la Ligue doit changer sa façon de voir les choses. Qu’elle doit adapter ses règles pour éviter des conclusions aussi néfastes que la conclusion du troisième match de la série Blues-Sharks.

 

Il me semble que le temps est venu de réviser tous les jeux litigieux aux conséquences importantes et/ou néfastes sur le cours d’une partie. Que ce soit sur un but gagnant ou non. Que ce soit sur une pénalité majeure comme on l’a vu en première ronde dans le septième match de la série Knights-Sharks alors que la pénalité majeure imposée à Cody Eakin a grandement aidé la cause de San Jose dans le cadre de sa remontée victorieuse.

 

Les rondelles touchées plus haut que la barre transversale, les rondelles bottées volontairement avec les patins c’est bien beau. Tout comme les contestations pour hors-jeu non signalé ou obstruction sur les gardiens, mais ce n’est plus assez.

 

Mais à la vitesse à laquelle le jeu se déroule, il faut venir en aide aux arbitres et juges de lignes au lieu de simplement les laisser se faire critiquer. Ou émettre des lettres d’excuses comme la LNH l’a fait à l’endroit des Golden Knights au lendemain de leur élimination.

 

Inacceptable!

 

Floués par une décision qui a effacé le fait qu’ils avaient comblé des avances de 0-2 et 1-3 pour prendre le contrôle de la troisième partie, les Blues étaient bien sûr secoués après la défaite. Mais ils ont affiché beaucoup de retenue dans leurs commentaires.

 

« À un moment donné, ça devient inacceptable, a lancé David Perron en guise de première réaction sur le but qui aurait dû être refusé au lieu d’être accordé. Je connais très bien – le juge de lignes – Jonny Murray. J’ai beaucoup de respect pour lui. C’est un très bon arbitre. Les choses vont vite sur la patinoire, ce n’est pas évident. Mais c’est difficile à accepter. Et quand on regarde tout ce qui s’est passé depuis le début des séries, il me semble qu’ils – les arbitres – devraient avoir de l’aide. »

 

Ironiquement, David Perron a aussi profité d’une pénalité ratée par les quatre officiels pour ramener son équipe dans le match en deuxième période mercredi.

 

De l’arrière de son filet, Perron a tiré directement dans la foule. Joe Thornton a signalé l’infraction en levant le bras en l’air, mais les arbitres, après s’être regroupés là encore, ont passé l’éponge. Ils ne pouvaient imposer une infraction dont ils n’avaient pas été témoins.

 

Au lieu de se retrouver au cachot, Perron a nivelé les chances 3-3 en fin de période médiane avant de donner les devants 4-3 avec son deuxième but de la rencontre alors qu’il ne restait que 78 secondes à jouer en deuxième.

 

« Cette pénalité ratée a eu un impact direct sur la rencontre », a indiqué Joe Thornton en entrevue après la rencontre. Mais disons que les doléances de Jumbo Joe et de ses coéquipiers ne faisaient pas contrepoids à celles des Bleus.

 

« Vous avez vu le jeu comme moi? Vous en pensez quoi? Alors ne me posez pas la question », a sèchement répliqué l’entraîneur-chef par intérim Craig Berube lorsqu’on lui a demandé s’il croyait qu’il y avait eu passe avec la main sur le but de la victoire.

 

Visiblement en colère, Berube a toutefois convenu que son équipe aurait dû faire du meilleur travail pour protéger l’avance d’un but qu’elle a perdue avec une minute à faire.

 

« On a manqué un filet désert – Jaden Schwartz a frappé le poteau sur un tir décoché de la zone neutre alors que le gardien Martin Jones avait été rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant – et je considère que nous aurions dû sceller l’issue du match sur ce jeu. Nous nous sommes aussi rendus coupables de quelques dégagements refusés. Sur le but égalisateur, nous avons perdu des batailles devant le filet – Ryan O’Reilly a échappé Logan Couture qui a marqué en sautant sur une rondelle libre à la gauche de Jordan Binnington – et il est arrivé ce qui est arrivé en prolongation. À mes yeux, on aurait dû gagner ce match 4-3. On doit tourner la page et penser à être meilleurs encore lors du quatrième match », a conclu l’entraîneur-chef des Blues.

 

« On a quand même joué un très bon match. On a bien commencé la partie et on n’a pas lâché même s’ils ont pris les devants 2-0. C’est dur à accepter ce soir, mais demain tout sera oublié et on fera ce qu’on a fait depuis le début des séries : on va rebondir », a plusieurs fois répété Perron pour détourner les questions posées en rafales sur la passe avec la main qui a mené au but de la victoire… ou de la défaite. C’est selon.

Top-5: Buts accordés malgré une passe avec la main