Joueurs autonomes : 8 équipes à surveiller dans l'Est
Après que l'Avalanche du Colorado eut mis fin à une disette de 21 ans en soulevant la Coupe Stanley le 26 juin dernier, l'attention s'est tournée vers l'entre-saison des équipes de la LNH, à commencer par la séance au repêchage tenue à Montréal jeudi et vendredi derniers. Sans trop tarder, tournons-nous désormais vers l'ouverture du marché de l'autonomie, prévue pour ce mercredi.
Tandis que Joe Sakic reçoit des félicitations bien méritées pour l'ensemble du boulot accompli depuis la désastreuse saison 2016-2017 de son club, par la force des choses, ses homologues gardent une impression de travail inachevé ces jours-ci.
Pour certains, l'heure est venue de déterminer les mouvements de personnel susceptibles d'offrir à leur équipe la meilleure chance de se rapprocher des grands honneurs en 2022-2023. Pour d'autres, qui souhaitent rebâtir à un rythme plus lent, la prudence sera le mot d'ordre.
À voir les succès connus par l'Avalanche et le Lightning de Tampa Bay par le biais de bonnes transactions plutôt que l'autonomie, même les prétendants au titre pourraient se tenir plus discrets qu'à l'accoutumée. Après tout, les équipes de la LNH ont souvent affiché une tendance à copier le modèle des plus récents récipiendaires de la coupe. Emboîterons-ils le pas à nouveau?
En attendant qu'on obtienne la réponse à cette question, le RDS.ca dresse aujourd'hui le portrait de quelques formations de l'association Est qu'il faudra avoir à l'œil à compter de mercredi.
Hurricanes de la Caroline
Espace vis-à-vis le plafond salarial : autour de 19 millions $
Il serait facile de perdre patience envers Rod Brind'Amour et les Hurricanes, qui semblent moins dominants qu'en saison régulière du moment où débute le bal printanier. Les Canes ont remporté le titre de leur division lors des deux plus récentes campagnes, mais chaque fois, leur parcours a été freiné dès la deuxième ronde éliminatoire, cette fois par les Rangers, vainqueurs lors des matchs nos 6 et 7.
Avec dix joueurs admissibles à l'autonomie (avec ou compensation) et un peu moins de 20 M$ de marge de manoeuvre pour tout ce beau monde, l'état-major des Canes s'attaque à un mandat plutôt complexe durant cette entre-saison.
Idéalement, dans le but de se donner de la flexibilité requise, Don Waddell parviendrait à convaincre un club en pleine reconstruction d'engloutir le contrat de Jake Gardiner, qui touchera 4,05 M$ dans le cadre de la dernière année d'une entente de quatre ans.
Le jeune noyau de l'équipe restera sensiblement le même, mais il faut quand même s'attendre à du changement à Raleigh, notamment en ce qui a trait au statut des attaquants Vincent Trocheck et Nino Niederreiter. Le premier des deux vétérans serait particulièrement en demande parmi les clubs à la recherche d'un centre de 2e trio. Trocheck demeure un mystère à ce jour; capable de belles séquences de production offensive, il lui arrive également de tomber en panne sèche pendant de longues périodes. Niederreiter est déterminé à tenter sa chance sur le marché, comme l'a confirmé son agent Andre Rufener à notre collaborateur Pierre LeBrun. Il ne serait pas surprenant non plus que Don Waddell choisisse de laisser filer Max Domi, qui était un joueur de location après tout.
À la défense, on constate déjà que le portrait sera différent, à commencer par le départ vers Philadelphie de Tony DeAngelo après une seule saison en Caroline. L'Américain de 26 ans avait obtenu la permission de discuter avec les équipes intéressées la semaine dernière, tellement les Canes n'étaient pas prêts à lui verser le salaire (autour de 5M$) qu'il souhaite obtenir ou qu'on lui octoierait en arbitrage. Waddell et ses acolytes ont désormais pour mandat de remplacer le style résolument offensif pratiqué par DeAngelo aux côtés de l'excellent Jaccob Slavin, le meilleur arrière de l'équipe. C'est le 2e été de suite que les Canes doivent dénicher un arrière pour la première vague de l'avantage numérique, après le départ de Dougie Hamilton pour le New Jersey à pareille date l'an dernier.
Dans la même veine, Ethan Bear, lui aussi joueur autonome avec compensation, aurait également obtenu le feu vert pour sonder l'intérêt de clubs concurrents.
Par ailleurs, le dossier de Martin Necas sera intéressant à suivre. L'attaquant tchèque n'affiche pas des statistiques offensives du tonnerre, mais le potentiel demeure en lui, à 23 ans, de devenir un très bon 2e joueur de centre complet. Parmi les joueurs de la LNH admissibles à l'autonomie avec compensation, Necas est l'une des cibles les plus évidentes à une offre hostile.
Devant la cage, il y a peu de mouvement à prévoir, alors que Frederik Andersen, Antti Raanta et le jeune Pyotr Kochetkov sont tous sous contrat en vue de la prochaine saison.
Panthers de la Floride
L'entre-saison s'annonçait déjà mouvementé pour les vainqueurs du Trophée des Présidents lorsqu'ils ont appris, à la fin juin, que l'ailier Anthony Duclair s'était déchiré le tendon d'Achille à l'entraînement, et qu'on ne reverra probablement qu'en 2023. Dommage pour l'une des belles révélations chez les Panthers en 2021-2022, lui qui venait à 26 ans de connaître sa saison la plus prolifique dans la LNH, avec une récolte de 31 buts.
Au moins, puisqu'il faut bien tirer du positif d'une situation aussi malencontreuse, le directeur général Bill Zito a pu ajouter 3 M$ au montant disponible pour faire ses emplettes à compter de mercredi, étant donné que le salaire de Duclair se retrouve sur la liste des blessés à long terme.
Zito aura fort à faire pour conserver les services du vétéran Claude Giroux, qu'il aimerait revoir au sein de son effectif après qu'il ait fait son acquisition à fort prix à la date limite des échanges. L'agent de Giroux et celui d'une autre prise réalisée en mars, l'ancien défenseur du CH Ben Chiarot, seraient présentement en discussion avec l'état-major des Panthers. Dans le cas de l'ancien capitaine des Flyers de Philadelphie, la lutte s'annonce féroce pour faire son ajout. Déjà, le nom de Giroux a été lié aux Oilers d'Edmonton et aux Sénateurs d'Ottawa, notamment. Est-ce qu'on se dirige tout droit vers une surenchère?
Malgré qu'il vienne tout juste d'éclore dans le circuit Bettman, l'ailier Mason Marchment est lui aussi admissible à l'autonomie complète, alors qu'il vient de célébrer son 27e anniversaire. Après cette campagne inattendue de 47 points en 54 matchs (18-29) à sa deuxième année au sein de l'organisation, les Panthers n'ont pas l'intention de laisser filer Marchment. Le scénario le plus vraisemblable est probablement celui d'une entente à court ou moyen terme. La Floride sauverait ainsi quelques précieux dollars dans l'immédiat, tandis que l'ailier gauche miserait sur lui-même en quelque sorte, puisqu'il obtiendrait quelque chose de plus lucratif à la fin vingtaine.
Canadien de Montréal
Espace vis-à-vis le plafond salarial : autour de 1 million $
Deux mois presque jour pour jour après avoir remporté la loterie du repêchage, le Canadien a volé le spectacle et l'a fait devant une foule endiablée, durant la première demi-heure de la première ronde, jeudi soir dernier. De la sélection inattendue (du moins, par plusieurs qui étaient vendus depuis belle lurette à la candidature de Shane Wright) en passant par l'audacieux pari d'envoyer Alexander Romanov à Long Island de façon à pouvoir verser le prix requis par Kyle Davidson pour les services du grand centre de Chicago Kirby Dach, Kent Hughes a démontré une nouvelle fois qu'il sera nullement effrayé de prendre des décisions inconfortables pour ramener le Tricolore vers les plus hautes cimes.
Dans le cas du DG du Canadien, la saison morte s'était amorcée à la mi-juin, lorsque les quatre dernières années du contrat de l'ancien capitaine Shea Weber ont été transférées aux Golden Knights de Vegas, en retour de l'ailier Evgenii Dadonov. Ce dernier s'amène à Montréal à 33 ans pour écouler la dernière année d'une entente de trois ans et 15 M$ signée avec les Sénateurs, en octobre 2020. C'était d'une part une brillante façon pour Hughes de se débarrasser du contrat de Weber, qui congestionnait la liste des blessés à long terme, sans avoir à verser un choix au repêchage ou un espoir. D'autre part, c'est aussi une acquisition qui a le potentiel de rapporter au printemps 2023, alors qu'un ailier du top-9 comme Dadonov, en dernière année de contrat, fera le bonheur de certains vendeurs, advenant qu'il affiche un bon rendement avec le CH.
Hughes ne s'est pas gêné pour affirmer depuis son embauche en janvier qu'il doit naviguer en eaux troubles en ce qui a trait à la situation financière à court et moyen termes de son équipe. Il a déjà liquidé quelques contrats depuis son arrivée, avec ceux de Tyler Toffoli et Artturi Lehkonen à l'avant-plan, et la plupart des informateurs hockey soulignent à quelques jours de l'ouverture du marché de l'autonomie que Montréal ne reculera pas devant quelques ventes supplémentaires, du moment où le prix déboursé est le bon. C'est ainsi qu'on regardera de près l'intérêt des 31 autres équipes pour Josh Anderson, Christian Dvorak, Jake Allen, et bien entendu, Jeff Petry, dont le sort est paraît-il intimement lié à celui de John Klingberg, de loin le meilleur défenseur droitier disponible à compter de mercredi, par la cuvée de joueurs autonomes. À 6,25 M$ par année pour encore trois saisons, Petry n'est pas le joueur le plus facile à accommoder, mais de nombreux DG de la LNH semblent s'entendre pour dire que l'Américain de 34 ans, en dépit de sa première moitié de saison lamentable, a encore quelques bonnes campagnes dans le ventre.
Le marché des gardiens de buts est sur le point de se préciser encore un peu plus, après que les cas de Marc-André Fleury, Ville Husso, Vitek Vanecek et Alexandar Georgiev aient été réglés. Où en sera le niveau d'intérêt entre Allen lorsque Darcy Kuemper et Jack Campbell auront élu domicile? C'est évidemment de très bonnes nouvelles relativement à l'état de santé de Carey Price que de voir le CH à tout le moins disposé à tendre l'oreille aux offres pour les services d'Allen.
Après le refus du Canadien de leur soumettre des offres qualificatives, Rem Pitlick, Kale Clague et Josh Brook se dirigent vers l'autonomie complète. Surtout dans le cas de Pitlick, on devine que Hughes a fait ce choix à contre-coeur, sachant que son groupe d'ailiers est déjà garni de joueurs empochant 3 M$ et plus et que Pitlick se serait prévalu, selon toute vraisemblance, de son droit à l'arbitrage. Ses 26 points en 46 matchs à Montréal auraient d'ailleurs été un argument de poids devant l'arbitre.
Si le CH parvient à conclure un ou plusieurs marchés pour ses vétérans, une autre porte s'entrouvrira pour tirer son épingle du jeu sur le marché de l'autonomie. Hughes n'a pas renoncé à effectuer une ou deux signatures afin d'épauler son jeune noyau, et lundi matin encore, Darren Dreger affirmait qu'il s'attend à une volonté du CH d'être actif. Parions un vieux billet de 2 $ sur les chances de Colin White d'aboutir à Montréal, une semaine après le rachat des trois dernières années de son entente avec Ottawa. Rappelons que Hughes était l'agent de White avant d'accepter de succéder à Marc Bergevin en janvier.
Rangers de New York
Espace vis-à-vis le plafond salarial : autour de 10 millions $
Les Rangers ont fait vivre des émotions fortes à leurs partisans en mai et en juin, alors qu'ils se sont retrouvés à deux victoires seulement d'accéder à leur première finale de la Coupe Stanley depuis 2014. Après avoir affiché un dossier de 5-0 lors de rencontres d'élimination contre Pittsburgh et la Caroline lors des deux premiers tours, ils n'ont pas été en mesure de venir à bout du puissant Lightning de Tampa Bay lorsque la situation s'est corsée.
Portés par le brio de l'éventuel vainqueur du trophée Vézina Igor Shestekrin, les Blueshirts ont effectué un énorme pas vers l'avant, quatre ans et des poussières seulement après leur que leur état-major - composé à l'époque du président John Davidson et du directeur général Jeff Gorton - ait prévenu les supporteurs de l'équipe qu'une phase de reconstruction s'amorçait.
Maintenant que le jeune effectif des Rangers a gagné en expérience dans le calendrier d'après-saison, les attentes demeureront élevées en 2022-2023. Mais avant d'y parvenir, le directeur général Chris Drury aura quelques dossiers délicats à gérer au cours des premières semaines de l'entre-saison.
Les deux partenaires de trio d'Artemi Panarin en séries, le centre Ryan Strome et l'ailier de location Andrew Copp, acquis des Jets de Winnipeg en mars, sont tous les deux admissibles à l'autonomie complète. Il faudra que Drury se montre très persuasif et que les deux attaquants renoncent à quelques centaines de milliers de dollars pour les revoir tous les deux au Madison Square Garden à l'automne. Au moment d'écrire ces lignes, ça ne semble pas être le cas, et les Rangers devront se tourner vers des options alternatives pour s'assurer d'avoir les munitions offensives nécessaires au sein des deux premiers trios.
La décision de ramener Strome et/ou Copp dépendra notamment de la capacité du DG à s'entendre à court terme avec Kaapo Kakko de façon à économiser dans l'immédiat, et à remplacer le gardien réserviste Alexandar Georgiev - parti pour le Colorado - avec une option moins coûteuse. Celui-ci empochait 2,425 M$ ces deux dernières saisons. De son côté, Frank Vatrano s'est probablement mérité une prolongation de contrat, lui qui a complété d'étonnante façon le duo Zibanejad-Kreider après son arrivée de la Floride en retour d'un choix de 4e ronde.
À travers tout cela, ne perdons pas de vue que les Rangers se tiennent bien informés des plans des Jets en ce qui a trait au centre québécois Pierre-Luc Dubois. Les New-Yorkais avaient beau participer aux éliminatoires pour la première fois depuis 2017, il y a une urgence de gagner qui s'est installée, sachant que l'excellence des Kreider (31 ans), Panarin (30 ans) et Zibanejad (29 ans) ne sera pas éternelle. En ce sens, il serait logique d'y aller agressivement dans le dossier Dubois, de manière à optimiser la fenêtre d'opportunité que représentent les deux ou trois prochaines années.
Gardez aussi un oeil sur l'évolution de la situation d'Evgeni Malkin, qui pour la première fois de sa carrière semble disposé à écouter les offres des rivaux des Penguins, son équipe des 16 dernières années, ainsi que celle de Nazem Kadri, que l'Avalanche aura toutes les misères du monde à conserver après avoir sorti le chéquier en début de semaine pour retenir les services de Valeri Nichushkin.
Penguins de Pittsburgh
Espace vis-à-vis le plafond salarial : autour de 10 millions $
Peu d'équipes ont été aussi lourdement touchées par les blessures que les Penguins ces dernières années, et la saison 2021-2022 n'y a pas fait exception, les séries éliminatoires y compris. Durant leur confrontation face aux Rangers, les hommes de Mike Sullivan ont perdu tour à tour Casey DeSmith, Brian Dumoulin, Rickard Rakell, Brian Boyle, et finalement leur capitaine Sidney Crosby pendant deux matchs cruciaux.
Crosby, Evgeni Malkin et Kristopher Letang ont été à la fibre même de la fondation des Penguins pendant tant d'années. Est-ce qu'on retrouvera ces trois joueurs vedettes dans le même effectif une fois de plus en septembre prochain? Pour la première fois depuis 2006, il semble bien que ce ne sera pas le cas.
Jusqu'à présent dans l'entre-saison, le DG Ron Hextall a utilisé une grosse partie de l'argent disponible sous le plafond salarial afin de prolonger à long terme le contrat du compagnon de trio de Sid, Bryan Rust, et quelques jours plus tard celui de Letang, pour six autres saisons à un salaire de 6,1 M$ - une entente qui fera de lui un Penguin jusqu'à ses 41 ans.
Dès lors, voyant que Malkin était laisse-pour-compte parmi les ténors des Penguins, on se doutait que Hextall venait probablement de nous annoncer son choix. Cette décision s'est à toute fin pratique confirmée lundi soir, lorsqu'en l'espace de quelques heures, il a été permis d'apprendre que Malkin allait rendre ses services disponibles aux 31 autres équipes, et que les Penguins allaient conserver ceux de Rickard Rakell dans le cadre d'une entente de six saisons lui rapportant 30 M$.
Au total, après les signatures de Letang, Rust et Rakell, 18 joueurs des Penguins se trouvent sous contrat pour l'an prochain et une somme avoisinant les 10 M$ est disponible.
À moins d'un revirement de situation des plus spectaculaires, ce sera donc la fin après 981 rencontres et 1146 points avec la formation de la Pennsylvanie. Même si son agent J.P. Barry persiste à dire que les ponts ne sont pas complètement coupés avec Hextall, tout pointe vers évaluation globale des options du no 71 lorsque le coup d'envoi sera donné mercredi. Les statistiques n'ont pas régressé si drastiquement, mais il faut reconnaître qu'à 35 ans, l'apport de Malkin se fait ressentir davantage sur l'attaque massive qu'à forces égales. D'autres super vedettes des 20 dernières années ont vu leur trajectoire prendre une importante tangente vers le bas à peu près à ce moment-ci de leur carrière, qu'il s'agisse de Patrick Marleau, Jarome Iginla, Patrik Elias ou Daniel Alfredsson, par exemple.
Sénateurs d'Ottawa
Espace vis-à-vis le plafond salarial : autour de 24 millions $
Pierre Dorion envisageait que la saison 2021-2022 allait être celle qui allait donner le ton à la montée en puissance de ses jeunes Sens. Résultat des courses plutôt différent de celui qu'il anticipait : malgré quelques soubresauts, ce fut une autre campagne difficile à Ottawa, 26e au classement général, et marquée notamment par d'autres maux de tête relativement à l'unité défensive et à la position de gardien de but.
Le 11 juillet, Dorion a en quelque sorte reconnu qu'il avait gaffé dans le dossier Matt Murray, deux ans après son arrivée dans l'organisation.
Amené dans la capitale nationale à fort prix en octobre 2020, l'ancien double champion à Pittsburgh n'a toujours pas offert le moindre indice permettant de croire qu'il redeviendra un gardien du calibre d'un no 1 dans la LNH, lui qui a traversé des séquences personnelles de sept et de six revers, en plus de quelques présences sur la liste des blessés durant une autre année de misère. Pourtant, les voisins ontariens des Sens, les Maple Leafs de Toronto, ont estimé être en mesure de relancer la carrière vacillante de Murray.
C'est ainsi que le DG des Sens a accepté de verser des choix de troisième et de septième rondes pour que son homologue des Leafs accueille Murray dans ses rangs, le tout en retenant une proportion de 25 % du salaire restant à l'entente du portier âgé de 28 ans.
Comment Dorion abordera-t-il donc la suite de cette situation entre les poteaux, sachant qu'Anton Forsberg a offert des performances plutôt stables dans le dernier tiers du calendrier? Pendant ce temps, Filip Gustavsson a peut-être un potentiel plus élevé que son compatriote, mais ce dernier attend toujours qu'on lui présente une première « réelle » chance de s'établir.
Dorion a toujours eu la réputation d'être au DG audacieux, et il en a pris certains par surprise, quelques heures à peine avant le repêchage, en mettant le grappin sur Alex DeBrincat, des Blackhawks de Chicago. C'est non seulement une énorme prise compte tenu du fait qu'il est l'un des ailiers les plus prolifiques et les plus complets de la LNH, mais le prix à débourser - les 7e et 39e choix au total - a été tout ce qu'il y a de plus raisonnable. Les Sens ont réussi à tirer profit de la volonté des Hawkse de faire table rase, même avec certains joueurs qu'on croyait essentiels à leur relance.
Il faut admettre que l'ajout d'un d'un joueur de la trempe de DeBrincat devenait d'autant plus plausible depuis qu'a été annoncé le rachat du contrat de Colin White, un ancien 1er choix des Sens dont l'aventure à Ottawa s'est terminée à 25 ans après 224 rencontres. En raison de l'âge de White, les Sénateurs n'auront qu'un tiers de son salaire à verser en pénalité vis-à-vis leur masse salariale.
En marge du repêchage, Pierre LeBrun mentionnait par ailleurs que les Sens songeaient à enclencher l'opération séduction et sortir le carnet de chèques en vue d'attirer le Franco-Ontarien Claude Giroux, qui deviendrait sans aucun doute un favori des partisans. Est-ce que la venue de DeBrincat dans la capitale nationale change les plans des Sens? Nous en saurons plus au cours des 48 prochaines heures.
À la dernière date limite, Dorion a tenté d'offrir à son entraîneur-chef D.J. Smith une option supplémentaire à la ligne bleue en réalisant l'acquisition de Travis Hamonic, des Canucks de Vancouver. Il comblera une place au sein du top-4 des Sens en 2022-2023, mais qui se greffera à la formation une fois que Nikita Zaitsev aura abouti avec sa nouvelle équipe? Il reste deux ans et 9 M$ à l'entente paraphée par l'arrière russe avec Toronto en 2017, et Dorion aurait décidé que le moment est venu d'envoyer Zaitsev sous de nouveaux cieux. Les Sens sont très bien nantis à l'attaque en vue de la prochaine campagne, mais la ligne bleue demeure un travail en chantier. Et selon les informations qui circulent, Dorion tente d'y remédier en restant bien au fait des dossiers Jacob Chychrun et Mackenzie Weegar.
Lightning de Tampa Bay
Espace vis-à-vis le plafond salarial : au-dessus du plafond par environ 1 million $
C'est déjà un exploit monumental que de soulever la coupe Stanley deux années de suite, le Lightning mérite un concert d'éloges après être passé si près d'en aligner une troisième, le mois dernier, après s'être incliné en six matchs dans le duel ultime face à l'Avalanche du Colorado.
Certaines des décisions les plus cruciales de l'entre-saison du Lightning ont déjà été prises par le Québécois Julien BriseBois, alors que le vétéran défenseur Ryan McDonagh a pris la direction de Nashville, et que le polyvalent attaquant Nick Paul a apposé sa signature au bas d'un nouveau pacte de sept saisons.
On connaît le refrain avec le Lightning depuis quelques saisons : l'amélioration de l'effectif se passe maintenant à la date limite des transactions, généralement après une impressionnante gymnastique financière. Il faut donc présumer que BriseBois sera discret sur le marché de l'autonomie.
Il est toutefois intéressant de lire que contrairement à la tendance populaire, le DG de Tampa tente par tous les moyens de retenir les services d'Ondrej Palat, ce couteau suisse qui vient de connaître d'excellentes séries éliminatoires avec une production de 21 points en 23 matchs. À 31 ans, Palat vient de conclure la dernière année d'une entente de cinq saisons qui lui rapportait 5,3 M$ annuellement. Il y aura certainement des discussions entre BriseBois et Craig Oster, l'agent de Palat, mais ces conversations seront-elles productives? En réalité, à moins que Palat ne soit disposé à offrir au Lightning une importante réduction salariale, il est plus plausible que le Tchèque monnaye sa valeur intelligemment et qu'il poursuive sa carrière ailleurs.
Il n'a certainement pas le même profil que son compatriote, mais le défenseur Jan Rutta est un autre joueur que BriseBois aimerait revoir dans les couleurs du Lightning, lui qui est un complément idéal au style préconisé par le meilleur arrière de l'équipe, Victor Hedman. « Je travaille là-dessus », s'est limité à dire le DG québécois il y a quelques jours. À un salaire annuel de 1,3 M$ ces deux dernières saisons, Rutta représentait une superbe aubaine. Quel genre d'augmentation salariale peut-il soutirer au Lightning?
Maple Leafs de Toronto
Espace vis-à-vis le plafond salarial : autour de 6 millions $
Kyle Dubas a flairé la bonne affaire jeudi soir dernier lorsque son homologue Kyle Davidson, des Blackhawks de Chicago, lui a proposé d'absorber le contrat de Petr Mrazek en échange d'un recul de 13 positions au tableau du repêchage, du 25e au 38e échelon. C'était la 2e fois en l'espace de quelques mois que le jeune DG des Leafs parvenait à rectifier le tir après avoir été coupable d'une bourde sur le marché de l'autonomie. En février dernier, il avait réussi à transiger Nick Ritchie aux Coyotes de l'Arizona sans trop être pénalisé après un constat d'échec. Ritchie empochait 2,5 M$ jusqu'à la fin de la campagne 2022-2023 et s'était avéré une nuisance plus qu'autre chose sous les ordres de Sheldon Keefe.
Par ailleurs, c'est passablement loin du prix que les Torontois avaient dû se résigner à payer aux Hurricanes pour que ceux-ci acceptent d'engloutir le salaire restant au contrat de Patrick Marleau, en juin 2019. Peu après, la Caroline se servait de ce choix pour réclamer Seth Jarvis, qui sera un membre important de leur top-6 pour les années à venir.
Cette fois cependant, Dubas a habilement fait les choses, et c'est avec 3,8 M$ additionnels à sa disposition qu'il a pu se tourner vers Ottawa et être « récompensé » pour faire l'ajout de Matt Murray, ajoutant deux choix au repêchage à sa banque afin de libérer les Sens. Les Leafs devront verser 4,8 des 6,25 M$ payés à Murray lors des saisons 2022-2023 et 2023-2024.
Le facteur « familiarité » a joué pour beaucoup dans cette stratégie déployée par Dubas. C'est que Murray est bien connu tant de Dubas que de Keefe, puisqu'il a gardé les buts à Sault Ste. Marie dans l'OHL au moment où ces derniers étaient respectivement DG et entraîneur-chef des Greyhounds. Les deux années restant à son entente simplifient aussi sa tâche, alors que Jack Campbell aurait probablement insisté pour obtenir quatre ou cinq ans dans le cadre de sa nouvelle entente.
Outre une aide additionnelle entre les poteaux (à moins qu'Erik Källgren ne soit pressenti pour être le gardien no 2), les sommes disponibles serviront aussi à offrir de nouvelles ententes à deux joueurs autonomes avec compensation, soit Rasmus Sandin et Pierre Engvall, et possiblement un peu d'aide au sein du 4e trio. Pour sa part, Ondrej Kase n'a pas reçu d'offre qualficative, ce qui constitue une certaine surprise. Dans le cas d'Ilya Mikheyev finalement, il était déjà convenu que la page était tournée sur l'expérience torontoise en raison de ses exigences salariales. Même après la liquidation du contrat de Mrazek, ça laisse peu de place sur la masse pour un coup de génie, il faut en convenir.