MONTRÉAL – Le scénario se répète pour Justin Poirier qui a été ignoré en vue du Combine de la LNH. Et ce, même s’il a été le deuxième meilleur buteur de sa cuvée dans la Ligue canadienne de hockey. 

On y reviendra plus tard, mais Poirier a, au moins, appris la bonne nouvelle d’avoir été classé au 35e rang sur la liste finale publiée par Craig Button de TSN

Pour le Combine, ce sont près d’une centaine d’athlètes qui ont été conviés à Buffalo pour des tests physiques et de nombreuses entrevues avec les équipes. Poirier avait vécu une déception similaire en n’étant pas invité au Match des meilleurs espoirs de la LCH présenté en janvier. 

De l’avis d’un recruteur d’une équipe de la LNH, le petit attaquant aurait raison de mal digérer cet autre coup au menton. 

« Je trouve ça dommage qu’un gars qui a compté 70 buts (69 pour être bien précis) cette saison, séries incluses, ne soit pas là. Un moment donné, je trouve ça plate pour lui et je serais même insulté à sa place. Il doit l’être et c’est correct », a réagi ce dépisteur. 

Par contre, l’autre recruteur consulté n’était pas très étonné. Le portrait se dessinait déjà avec la décision liée au Match des meilleurs espoirs et il juge que Poirier aurait pu davantage aider son équipe dans la finale de la LHJMQ perdue contre les Voltigeurs de Drummondville. 

Par courriel, la Centrale de recrutement de la LNH a tenu à préciser que ce sont les équipes du circuit Bettman qui indiquent les joueurs qu’elles souhaitent voir au Combine. Habituellement, les clubs suggèrent des joueurs qui seront repêchés parmi les trois premières rondes. 

« C’est sûr que j’étais un peu déçu, beaucoup de yeux vont être présents. Je suis petit, mais je suis bâti assez fort donc j’étais zéro inquiet avec les tests physiques. C’est une étape qui aurait pu m’aider », a réagi le patineur de cinq pieds huit pouces et 185 livres. 

En entrevue, Poirier n’ose pas utiliser le mot « insulté » soumis par un recruteur.  

« Je vais plus dire déçu et peut-être un peu de frustration, mais je m’en attendais un peu. Comme je l’ai fait avec le Match des meilleurs espoirs, je vais m’en servir comme motivation et ç’a super bien marché pour ma deuxième moitié de saison », a-t-il répondu. 

Il avait notamment été préparé à cette éventualité par son agent Marc Lavigne de la firme RSG Hockey. 

« On s’en doutait, on est passé par là il y a quelques années avec Jordan Dumais et on a utilisé cet exemple avec Justin. Malheureusement, les petits joueurs ne reçoivent pas une tonne d’amour. En plus, il est Québécois », a mentionné Lavigne qui travaille auprès d’Allain Roy. 

« Justin, sa force, c’est qu’il est borné et têtu, il ne se laisse pas affecter. Il a conservé une attitude exemplaire et il est demeuré un bon coéquipier », a poursuivi Lavigne alors que du travail a été investi pour améliorer son jeu défensif. 

Son agent n’oublie pas non plus le côté exigeant du Combine avec les entrevues stressantes qui s’enchaînent. Son client pourra plutôt profiter de cette semaine pour recommencer son entraînement. 

S’il lui reste quelques onces de frustration à évacuer à la sortie du gymnase, Poirier pourra discuter avec son frère Jérémie, qui a glissé en troisième ronde au repêchage de 2020 ou avec Dumais qui a été sélectionné au 96e rang en 2022. 

« Je sais que je suis un petit joueur et que ça peut inquiéter la Centrale (qui le classe 82e en Amérique du Nord). Mais mon frère a vu des joueurs qui sont passés par là et qui ont déjà de gros contrats dans la LNH. Sans que mon style soit identique à eux, il y a des noms comme Seth Jarvis et Logan Stankoven. Ils ont reculé au repêchage en raison de leur grandeur », a évoqué l’attaquant droitier du Drakkar de Baie-Comeau. 

Button lui redonne le sourire

La journée que la liste d’invités du Combine a été dévoilée aux athlètes, Poirier l’a défilée en espérant y voir son nom. 

« Pendant toute cette journée, c’était la déception. Mais, après, j’ai un caractère assez fort et je n’aime pas que les gens ne me reconnaissent pas à ma juste valeur. Leur prouver devient une motivation, comme une switch qui change mon état d’esprit. Je voudrai peut-être même faire regretter les autres équipes de me faire glisser en raison de leurs doutes sur ma grandeur », a-t-il confié assez sereinement.

« Ma grandeur, c’est un facteur contre lequel je vais devoir me battre jusqu’à temps que je m’établisse dans le hockey professionnel », a reconnu Poirier. 

En attendant d’y parvenir, le patineur originaire de Valleyfield s’est réjoui en prenant connaissance du palmarès final publié par Craig Button de TSN. 

« C’est mon père de pension à Baie-Comeau qui me l’a appris. Quand j’ai vu 35e, c’est sûr que ça m’a fait du bien. C’est vraiment le bonheur de voir ça, ce qui voudrait dire début de la deuxième ronde. Je ne m’attends pas nécessairement à sortir là, mais de voir qu’un intervenant de confiance me classe à ce rang, ça fait chaud au cœur », a confié le patineur de 17 ans. 

« S’il me classe là, il n’est pas le seul. Des équipes me disent de ne pas m’inquiéter avec la liste de la Centrale », a poursuivi Poirier qui a déjà rencontré 26 ou 27 équipes en personne.   

Car oui, Poirier « a trouvé ça tough quand il manquait un peu d’attention » comme l’admet son agent. 

« Au moins, il reçoit plus d’amour depuis les Fêtes. C’est un peu drôle quand tu y penses que Button le place 35e [et qu’il n’est pas invité au Combine] », a relevé Lavigne. 

D’ici le repêchage (les 28 et 29 juin), Poirier continuera de bûcher à l’entraînement et sur la glace. Il est fier que le Drakkar ait « tout donné » pour soulever le trophée Gilles Courteau dans le but d’accéder à la coupe Memorial qui aurait pu lui donner plus de visibilité. Avant de découvrir quelle équipe de la LNH misera sur lui, Poirier se rangera derrière les Voltigeurs de Drummondville.