Repêchage LNH : l'ascension fulgurante d'Aatos Koivu
BUFFALO – Le 18 décembre 2014, Aatos Koivu s'est retrouvé sur la glace du Centre Bell. Il s'en souvient encore très bien aujourd'hui. C'était lui, le petit blondinet dans le chandail de laine vert, applaudissant d'un air amusé pendant que 21 000 personnes scandaient le nom de son père.
Rien n'est imminent, mais il n'est pas déraisonnable de penser que le fils de l'ancien capitaine du Canadien reviendra un jour sur les lieux de ce touchant hommage. Cette fois tout seul comme un grand, patins aux pieds.
Âgé de 17 ans, Koivu est un espoir en vue du prochain repêchage de la Ligue nationale. À quelques semaines du Jour J, c'est un constat qu'il continue d'accueillir avec une bonne dose d'incrédulité. Jamais, à l'époque où son père a pris sa retraite, aurait-il cru pouvoir un jour patiner dans ses traces.
En fait, inutile de reculer si loin en arrière. Il y a un an à peine, il aurait fallu s'assurer qu'il ait la bouche vide avant de lui suggérer cette possibilité.
« Je ne t'aurais pas cru, je t'aurais traité de menteur, répond candidement le jeune Finlandais, rencontré la semaine dernière au camp d'évaluation des espoirs à Buffalo. Il y a un an, je ne m'imaginais assurément pas être assis ici aujourd'hui. »
La cote de Koivu n'a cessé de monter dans les dix derniers mois. Formé au sein de l'académie du TPS Turku, le joueur de centre a commencé la saison au sein de l'équipe U18 du club. Lors de sa participation au tournoi des cinq nations des moins de 18 ans, en février, il avait raconté que c'est à ce niveau qu'il s'attendait à passer l'intégralité de son année. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé.
Après 20 matchs chez les U18, Koivu avait amassé 22 points. Sa production lui a valu une promotion chez les U20, où il n'a pas dérougi. Il y a ajouté 31 points, dont 16 buts, en 28 parties. Il a même obtenu une pige de quatre matchs avec la première équipe, en Liiga, quand des vétérans ont atterri à l'infirmerie en janvier. « Probablement l'affaire la plus cool qui me soit arrivée jusqu'ici dans ma carrière », s'extasie-t-il.
Il a maintenu le rythme en séries éliminatoires, affichant sept points en dix matchs. En avril, cette feuille de route bien garnie lui a valu une invitation au Championnat du monde des moins de 18 ans.
« Au fil de la saison, j'ai énormément gagné en confiance, dit le patineur de 6 pieds et 170 livres. J'ai connu un bon départ chez les U18, la chance me souriait et j'ai commencé à croire que je n'étais pas si mal comme joueur. C'est peut-être là que j'ai commencé à penser au repêchage pour la première fois, mais je ne voulais pas non plus me laisser distraire. Ce n'est que depuis le Championnat du monde que je me permets d'y penser davantage. »
Sortir de l'ombre
Aatos Koivu est né en Finlande juste avant que son père connaisse sa saison la plus productive avec le Canadien. Il a vécu à Montréal pendant trois ans, puis a passé les cinq années suivantes en Californie.
De l'époque où Saku terminait sa carrière avec les Ducks d'Anaheim, il garde relativement peu de souvenirs. Ses visites à l'aréna étaient surtout l'occasion d'en explorer les coulisses et de jouer avec ses amis. « C'est un peu triste que je ne me rappelle rien des matchs de l'époque, rigole-t-il en revisitant le passé. Je paierais cher pour pouvoir y assister aujourd'hui. »
Aatos Koivu avec son père SakuLe jeune Koivu ne semble pas trop intéressé à donner de la matière au conte de fées dans lequel il joue le rôle de l'héritier qui suit la voie défrichée par son célèbre paternel. Son géniteur l'a évidemment supporté et conseillé dans son parcours athlétique, assure-t-il, mais sans l'étouffer d'un impératif de réussite.
« Il est très intéressé, il est toujours à mes matchs, mais il essaie surtout d'être un bon père pour moi à la maison et c'est ce que je préfère. »
Lorsqu'on lui demande si son père est encore impliqué dans la gestion du TPS Turku – il en a déjà été le propriétaire, le directeur du développement des joueurs et le site Elite Prospects l'identifie maintenant comme un consultant – l'adolescent lance à la blague qu'« il fait quelque chose, mais je ne sais pas trop quoi exactement! »
« Je n'accorde pas beaucoup d'importance à tout ça, dit-il plus sérieusement. Mon père a joué, il a eu une belle carrière, il a accompli de belles choses. J'essaie juste de faire mon propre chemin. »
On disait plus tôt que rien n'était imminent quant à l'accession éventuelle d'Aatos Koivu à la Ligue nationale. En effet, les évaluateurs semblent surtout le voir comment un objet de curiosité et un projet à long terme. Son tir et ses instincts défensifs lui permettent de se démarquer, mais son arsenal est encore trop incomplet pour qu'il soit projeté comme un futur professionnel en Amérique du Nord.
Pour au moins les deux prochaines saisons, Koivu se voit poursuivre sa progression au plus haut niveau dans son pays.
« Mon but est de faire ma place dans cette ligue, de m'y tailler un poste l'an prochain. Je ne dis pas que ma saison sera un échec si je dois jouer en U20, vraiment pas, mais je veux jouer en Liiga et y obtenir de grosses minutes, un rôle important. C'est là-dessus que je me concentre. »