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RÉSULTATS

Oilers : La défaite fait mal, mais l'exploit demeure

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SUNRISE, Fl. – Après avoir comblé un recul de 0-3 pour pousser la finale de la Coupe Stanley jusqu'à la limite, Connor McDavid et les Oilers d'Edmonton ont été incapables de marquer le but qui leur aurait permis de pousser cette septième partie en prolongation.

Et qui sait? Peut-être ensuite de la gagner.

Les Oilers ont eu leurs chances. Plusieurs chances. De très bonnes à part ça. Mais McDavid devant une cage déserte, Zach Hyman dans une situation similaire quelques secondes plus tard, Evan Bouchard à deux, trois, cinq occasions et le capitaine une fois encore qui a fait dévier au-dessus du filet une rondelle que venait de lui acheminer Bouchard, ont été incapables de transformer ces occasions en or.

Ils se sont soit butés à un Sergei Bobrovsky qui a terminé la finale comme il l'avait entreprise : avec brio! Ou ont vu plusieurs de leurs tirs être déviés ou complètement stoppés avant d'avoir la chance de se rendre à la cage défendue par le grand Bob.

« C'est poche! » que McDavid a répété plusieurs fois en guise de premières réactions à la défaite de 2-1 aux mains des Panthers de la Floride. Des Panthers qui ramènent la coupe Stanley en Floride pour la troisième fois en cinq ans alors que les Oilers tentaient de la rapatrier au Canada après une absence de 31 ans.

La défaite a ébranlé les Oilers.

Dans le long corridor menant à la salle d'entrevues adjacente à leur vestiaire, des employés étaient assis les uns par terre, les autres sur des caisses d'équipements. Paralysés par la défaite, ils fixaient le sol sans bouger. Sans parler. Presque sans respirer.

À l'autre bout, l'entraîneur-chef Kris Knoblauch, les mains dans les poches, faisaient les 100 pas en regardant au ciel comme s'il y voyait défiler le match qui venait de se terminer à la recherche de petits détails qui ont eu de gros impacts sur l'issue de la rencontre.

Premier joueur à venir croiser les journalistes, Hyman semblait tout aussi en état de choc que les employés croisés à l'entrée du vestiaire quelques minutes plus tôt.

L'œil hagard, les traits tirés, visiblement épuisé, McDavid s'essuyait le visage avec la serviette qu'il portait sur son épaule. Une serviette qui épongeait efficacement la sueur, mais ne pouvait rien de rien pour éponger la déception qui le minait.

McDavid boude le Conn-Smythe

Même le trophée Conn-Smythe qu'il a obtenu en dépit de la conquête des Panthers – McDavid est le deuxième patineur de l'histoire de la LNH après Reggie Leach des Flyers de Philadelphie en 1976 à recevoir le Conn-Smythe dans une cause perdante. Les gardiens Roger Crozier (Red Wings de Detroit en 1966), Glenn Hall (Blues de Saint Louis en 1968), Ron Hextall (Flyers en 1987) et Jean-Sébastien Giguère (Ducks d'Anaheim en 2003) ont aussi réussi l'exploit – n'a pu faire contrepoids à la déception de voir la coupe Stanley lui glisser des mains.

« Oui c'est un bel honneur quand on regarde les noms sur ce trophée. Oui. Oui. C'est ça », que McDavid a balbutié alors qu'il ne voulait clairement pas élaborer sur un honneur individuel qui le laissait de marbre.

Le capitaine des Oilers était d'ailleurs déjà au vestiaire lorsque le commissaire Gary Bettman a confirmé son élection. Et il y est resté au lieu de retourner sur la patinoire.

Dans ce vestiaire sombre, Hyman et McDavid parlaient avec des voix si éteintes qu'on pouvait facilement entendre les célébrations qui se déroulaient sur la patinoire du Amerant Arena et imaginer la coupe Stanley dansant au bout des bras des joueurs des Panthers qui se l'échangeaient les uns après les autres.

« On savait que le match serait très serré et que le résultat final dépendrait d'un petit détail ici et d'un autre là. On était à quelques pouces de prendre les devants 2-1, mais ce sont eux qui ont pris les devants 2-1 sur la poussée qui a suivi notre occasion ratée. Après ça, ils ont été très efficaces. On a eu des occasions, mais nous avons été incapables d'en profiter », que McDavid a défilé laconiquement.

Kulikov à un bout, Reinhart à l'autre

Le jeu auquel McDavid faisait référence, le jeu qui a tout changé, c'est Dmitry Kulokov qui l'a réussi en plongeant derrière son gardien pour faire dévier une rondelle qui était sur le point de franchir la ligne rouge.

Carter Verhaeghe a amorcé une relance au profit de Sam Reinhart qui a déjoué Stuart Skinner avec un tir que le gardien des Oilers aurait pu et aurait dû stopper.

Oui c'était un bon tir de Reinhart. Et oui Brett Kulak s'est replié peut-être trop au lieu de défier Reinhart, sans oublier que Leon Draisaitl aurait pu être plus agressif dans son repli aux dépens de l'attaquant des Panthers. Mais Skinner a vu la rondelle partir. Il a pu suivre sa trajectoire. Et quand il a réalisé qu'elle venait de passer entre son corps et son bras droit gauche, le gardien des Oilers a levé la tête au ciel. Une réaction qui témoignait une vive déception d'avoir été déjoué par un tir qu'il aurait pu arrêter.

Pas question ici d'imputer le poids de la défaite des Oilers sur les jambières de Skinner. Après avoir été le meilleur des deux gardiens sur la patinoire lors des trois derniers matchs, Skinner a été supplanté par Bobrovsky lors du match ultime. Mais il n'a pas à porter le bonnet d'âne.

D'ailleurs, cette septième partie a été si chaudement disputée, elle a offert tellement de beaux élans des deux côtés qu'il me semble nécessaire de parler d'une victoire des Panthers, bien plus que d'une défaite des Oilers.

Je sais que le résultat est le même. Mais ça esquisse un meilleur portrait de cette septième partie qui a été à la hauteur des attentes. Peu importe qu'on soit satisfait ou non du résultat.

Remontée historique

McDavid, ses coéquipiers, leurs partisans à Edmonton et tous les amateurs de hockey des quatre coins du Canada qui espéraient voir la coupe Stanley revenir au pays ont le droit d'être déçus.

C'est normal.

Mais cette déception ne devrait pas diminuer l'exploit que les Oilers ont réalisé en forçant la tenue d'un match ultime après avoir amorcé la grande finale avec trois revers.

Cette déception ne devrait pas non plus diminuer, la portée de la récolte de 42 points (huit buts) de McDavid qui a rejoint Wayne Gretzky et Mario Lemieux à titre de seuls joueurs de l'histoire à avoir fracassé le plateau des 40 points en séries. Encore moins, le nouveau record qu'il a établi avec ses 34 mentions d'aides.

Et elle ne devrait pas porter ombrage au fait que Hyman a éclipsé Alexander Ovechkin et Sidney Crosby avec ses 16 buts marqués depuis le début des séries. Un de plus qu'Ovechkin (2018) et Crosby (2009).

Et cette déception ne devrait pas modifier l'analyse de cette équipe qui est bien meilleure en défensive – même devant le filet – et bien plus solide au chapitre de ses joueurs de soutien que plusieurs le croyaient.

Pour combien de temps?

Tout dépendra de l'avenir de Leon Draisaitl à Edmonton, de celui de Mattias Janmark dont les performances exceptionnelles en finale de la Coupe Stanley lui permettront de maximiser sa présence au marché des joueurs autonomes et des autres joueurs de soutient qui seront disponibles lundi prochain, et de la manière dont Ken Holland, ou son successeur si le bon Kenny décide de tirer sa révérence, arrivera à mieux structurer l'échelle salariale de cette équipe qui devrait être très solide l'an prochain et pour des années encore.

Pourvu que McDavid – il est sous contrat pour encore deux ans à 12,5 millions $ par année – demeure à Edmonton parce que les Oilers, en plus de le payer à sa juste valeur, l'assurent d'une chance réelle d'y gagner un jour la coupe Stanley. Ou de pouvoir y retoucher comme les Oilers l'ont fait cette année.