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RÉSULTATS

Bruno Gervais : la sagesse vient avec l'âge... vraiment?

Bruno Gervais - RDS
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Mise à jour

L'effervescence du début de la saison de hockey fait partie de la vie de Bruno Gervais depuis toujours. La seule différence cette année est qu'il vient tout juste de célébrer son 40e anniversaire.

L'analyste n'a aucune difficulté à admettre qu'il fait partie des gens qui acceptent mal cette nouvelle décennie.

« Il y a une annonce qui recommande aux hommes de commencer à faire des tests de santé à partir de 40 ans. Je me rappelle de l'avoir vu et de m'être dit que c'était dans 100 ans. Hier, elle a rejoué et j'ai réalisé que j'étais rendu là. »

Retraité du hockey depuis 2017, l'ex-hockeyeur s'ennuie de sa forme d'antan.

« Il y a des matins où je me sens très vieux. Quand je vais dans un événement pour jouer au hockey, je suis content mais je sais que les trois jours d'après vont être l'enfer. »

Il n'y a pas que le côté physique qui le fatigue. « Mentalement, je pensais être beaucoup plus intelligent à 40 ans. Je pensais savoir plus de choses, être plus sage et calme dans mes réflexions. Mais non, je suis toujours aussi épais », lance-t-il en riant. « Plus sérieusement, je réalise qu'il en reste moins et qu'il faut s'occuper de la qualité de ce qui reste. »

Apprendre à dire non

Le père de trois enfants âgés de onze, huit et sept ans a un agenda aussi garni qu'un politicien. Analyste hockey à RDS, président-gouverneur des Gaulois de St-Hyacinthe dans la ligue M18 AAA, il oeuvre également au sein du Groupe Respect qui offre des formations pour prévenir les abus et la discrimination. Depuis quelques mois, il a lancé la gamme de boisson hydratante Behy, avec un groupe d'amis qui inclut son complice de toujours Maxime Talbot.

Bruno espérait que son après-carrière soit remplie de projets et il constate que sa mission est un peu trop bien accomplie.

« L'impression que j'ai c'est quand tu es enfant et que tu cours en rond dans une piscine hors-terre pour créer un tourbillon. J'ai couru longtemps et j'ai l'impression que le courant me dépasse et me traine. Je ne suis plus en contrôle d'où ça va et j'essaie d'attraper l'échelle pour prendre une petite pause une fois de temps en temps », illustre celui qui dirige également l'équipe de hockey mineur de son fils.

« Ce que je souhaite apprendre de mes 40 ans, c'est de dire non plus souvent. D'y aller plus en qualité qu'en quantité. Je voulais goûter à tout, apprendre, découvrir, acquérir des nouvelles connaissances dans mon coffre à outils. Maintenant, je veux faire le ménage de mon coffre. »

À l'image de Sylvain

Puisqu'en vieillissant il n'est pas rare que l'on ressemble à ses parents, Bruno reconnait son père Sylvain dans cette incapacité à rester en place. Celui qui est également son voisin n'a pas l'habitude de se bercer en regardant le temps passer.

« Il ne tire pas un grand plaisir à ne rien faire. Je revenais de RDS vers 23 heures l'hiver dernier et mon père était en train d'arroser la patinoire avec les gants chauffants qu'on lui a offert. Quand je suis en congé, passer la journée devant Netflix je vois ça comme une grosse perte de temps. Je préfère aller grimper une montagne ou faire le ménage de la maison. »

Le paternel de 67 ans s'est incorporé deux semaines avant de quitter le marché du travail, une vision qui plait à son fils. « Dans ma tête, il n'y a pas de retraite. C'est plutôt de passer d'un projet à l'autre. Je suis chanceux de pouvoir faire ça. »

Rapidement, l'idée de ralentir de rythme s'impose une fois de plus comme la résolution du moment.

« Dans ma tête je trouve que je suis trop vieux, trop souvent. Il faut retourner en enfance malgré l'âge. Je n'ai pas beaucoup de moments légers d'esprit. »

Parions que le voyage de golf entre amis prévu le mois prochain pour souligner ses 40 ans lui permettra de lâcher son fou!

Conseils d'un quadragénaire

Aux joueurs comme Joshua Roy et Logan Mailloux qui vivent la déception d'être rétrogradés?

Il faut que tu mettes ton ego de côté. Ceux qui réussissent sont ceux qui sont prêts à faire un sprint, même s'ils ne savent pas où est la ligne d'arrivée. Je me souviens de David Desharnais qui se fait tasser de Bridgeport dans la LAH. Il a eu une carrière exceptionnelle parce qu'il a continué de miser sur ses forces.

Aux joueurs comme Emil Heineman et Oliver Kapanen qui s'accrochent pour rester avec le grand club?

Si tu ralentis, quelqu'un va te dépasser. Sprinte! Un moment donné dans ta vie, tu vas penser que tu es arrivé et c'est le pire sentiment à avoir. C'est là que tu deviens un mauvais contrat et que tu te fais tasser.

À un joueur comme David Savard qui se rapproche tranquillement de la retraite?

De le savourer parce qu'il n'y a pas un meilleur emploi sur la planète. Ce qu'il vit présentement, il va passer le reste de sa vie à essayer de le retrouver. Mon père m'avait dit “Joue jusqu'à ce que quelqu'un t'enlève les patins des pieds. Tu vas avoir été à la limite de ce que tu pouvais faire.'' Les gars que j'ai connu qui ont arrêté parce que le timing est bon, ils finissent toujours par le regretter.

Quel âge dans ta tête?

Des fois j'ai 12 ans et d'autres fois j'ai 108 ans.

RDS m'apporte quand même un peu ça. J'arrive préparé, mais j'arrive et je jase de la game avec Benoit (Brunet) ou Denis (Gauthier). Je retourne dans le vestiaire. On niaise un peu devant l'écran, on a du plaisir, c'est léger. Ça fait du bien dans mon balan de vie. Les gars qui jouent jusqu'à 38-39 ans c'est pour ça. Tu restes un enfant. Tu vois les gens qui ont ton âge sur le marché du travail, c'est sérieux depuis trop longtemps.