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RÉSULTATS

La surutilisation des gardiens, un obstacle à un long printemps?

Andrei VasilevskiyAndrei Vasilevskiy - PC
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Mise à jour

« Montre-moi un bon gardien et je te montrerai une bonne défense », comme le veut un adage parfois utilisé.

Les plus grands défenseurs des gardiens de but vous diront à quel point il est important de compter sur un gardien d'excellence pour remporter la Coupe Stanley. Les trois dernières saisons auront sans doute donné des arguments béton pour appuyer cette hypothèse, avec Andrei Vasilevskiy qui a mené le Lightning à trois finales de la Coupe Stanley consécutives.

Mais la danse printanière cette année semble faire figure d'exception. Après tout, qui avait prédit que Frederik Andersen, Sergei Bobrovsky, Adin Hill et Jake Oettinger allaient être les quatre gardiens de but à mener leurs équipes respectives au troisième tour? Qui avait prédit que les trois finalistes au trophée Vézina – Linus Ullmark, Connor Hellebuyck et Ilya Sorokin – allaient tous être écartés des éliminatoires dès le premier tour? Qui avait prédit que Vasilevskiy et Igor Shesterkin allaient se retrouver sur les terrains de golf dès la première semaine du mois de mai?

Comment expliquer que la crème de la crème des gardiens de but dans la LNH ait été incapable de soutenir le rythme lors des matchs les plus importants? L'importance d'un bon gardien devient-elle moindre au fil des années – avec la LNH qui tente d'augmenter le spectacle offensif – ou le résultat des dernières semaines n'est-il que la conclusion d'un ensemble de variables additionnées les unes aux autres?

Du lot de gardiens à avoir mené leur équipe en finale d'association, seul Oettinger fait réellement partie de l'élite de la LNH, avec 62 matchs joués cette saison, 35 victoires et des statistiques qui auraient certainement pu lui valoir une place à la table des finalistes pour le trophée Vézina.

La surutilisation, une cause principale

Les experts s'entendent généralement pour dire que l'utilisation idéale d'un tandem de gardiens de but dans la LNH se divise de la façon suivante : 60% des matchs pour un gardien de but no 1 et 40% des duels pour le gardien de but no 2. On parle donc d'environ 50 matchs pour le meilleur gardien et de 32 duels pour l'auxiliaire de l'équipe.

Après deux rondes éliminatoires, la tangente semble se dessiner clairement. Trois des quatre gardiens toujours en vie ont disputé 50 matchs et moins, alors que tous les autres gardiens éliminés qui sont au cœur des discussions lorsque vient le temps de parler de l'élite de la LNH se sont davantage approchés de la soixantaine.

Hellebuyck (64 matchs) et Sorokin (62 matchs) ont tous les deux été parmi les cerbères plus utilisés cette saison, alors que Vasilevskiy (60 matchs) et Shesterkin (58 matchs) ont également eu leur part de temps de glace cette saison.

Dans le cas des deux derniers, la surutilisation est encore plus spectaculaire lorsqu'on remonte dans le temps. Vasilevskiy a été d'office pour un impressionnant total de 294 matchs au cours des quatre dernières années – séries et saison régulière comprises – alors que le nombre de matchs de Shesterkin s'élève à 138 depuis octobre 2021, soit une période de temps de seulement 19 mois.

Confusion dans le carré d'as

Laissons le cas Jake Oettinger de côté. Il est l'exception à la règle dans le dossier des gardiens de but lors des séries actuelles. Ses 62 matchs pourraient être considérés comme une donnée aberrante chez les gardiens de but qui ont connu du succès en éliminatoires en 2023.

Exception faite, aucun des trois autres gardiens n'a été surutilisé avant les séries. Bobrovsky a été le gardien le plus actif avec 50 matchs, alors que Andersen (34 matchs) et Hill (27 matchs) ont tous disputé moins de 50% des rencontres de leurs équipes en saison.

Ceci dit, n'attribuez pas ces statistiques à un signe de stabilité.

En Floride, Bobrovsky avait perdu son statut de gardien de but partant au début des séries, au profit d'Alex Lyon, avant de retrouver son niveau de jeu qui lui a permis de mettre la main sur deux trophées Vézina.

En Caroline, la tâche devant le filet a été répartie assez équitablement entre Andersen, Antti Raanta et Pyotr Kochetkov cette saison, histoire de négocier avec les blessures. À l'image des Panthers, c'est même Raanta qui a obtenu les cinq premiers départs en séries, avant d'être remplacé par Andersen.

Et finalement, la situation des Golden Knights a possiblement été la plus suivie dans la LNH. Cinq gardiens différents ont défendu les buts en saison régulière. On pensait bien trouver un peu de stabilité avec la tenue exemplaire de Logan Thompson en début de saison, mais les blessures l'ont privé de poursuivre le travail.

Vegas a ensuite fait l'acquisition de Jonathan Quick avant la date limite de transactions, mais son séjour s'est limité à 10 matchs de saison jusqu'ici. Il a été relégué au poste de troisième gardien derrière Laurent Brossoit et Hill. C'est d'ailleurs Brossoit qui avait la mission de mener les Golden Knights au précieux trophée, jusqu'à ce qu'il subisse une blessure au bas du corps et qu'il cède à son tour sa place à Hill pendant la série contre les Oilers.

Est-il donc juste de dire que trois des quatre équipes toujours en vie ont connu du succès malgré l'instabilité devant le filet?

Les séries, une nouvelle saison

Certains gardiens élites ont livré la marchandise en séries malgré l'élimination de leurs équipes. C'est le cas pour Igor Shesterkin, qui a maintenu un niveau digne d'un gagnant du trophée Vézina avec une moyenne de buts alloués de 1,96 et un taux d'efficacité de ,931.

On peut aussi souligner le brio d'Ilya Sorokin, qui a su conserver un rendement pratiquement identique à celui de la saison régulière, qui lui a valu une nomination pour le Vézina.

Pour les autres, disons simplement que ça s'est gâté. Finalistes au Vézina, Hellebuyck et Ullmark ont tous les deux présenté des moyennes de buts alloués au-dessus de 3,30 ainsi qu'une efficacité inférieure à ,900.

Dans le cas de Vasilevskiy, ce n'est rien de moins qu'un des pires rendements de sa carrière qu'il a offerts lors des séries 2023. Plus de 3,5 buts accordés en moyenne par match et un taux d'efficacité de ,875. Saison régulière et séries comprises, il a fait pire une seule fois dans sa carrière : lors des séries en 2019, alors que les Blue Jackets avaient balayé le Lightning.

Et finalement, pour conclure avec le cas Oettinger, la qualification des Stars n'aura pas été uniquement le fruit de son travail. Sa moyenne de buts alloués est passée de 2,35 à 2,75 en séries, alors que son taux d'efficacité s'est détérioré, passant de ,919 à ,903.

L'impact d'un gardien pour une équipe de la LNH est indéniable. Les séries de cette saison tendent toutefois à dire que le succès est possible, même sans avoir un finaliste au Vézina dans ses rangs.

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