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RÉSULTATS

Tomas Lavoie, le doux mélange d'un chien et d'un gorille

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TEXTE NO 1 : Tomas Lavoie : espoir de qualité, humain « extraordinaire »

TEXTE NO 2 : Un déclic qui mène Tomas Lavoie au Combine de la LNH

MONTRÉAL – Même s'il ne devait pas gouverner une nation entière, Tomas Lavoie avait l'horaire d'un président lors de la première semaine du mois de juin.

Dans le cadre de la dernière étape importante le menant au repêchage de la LNH, l'espoir québécois était de passage à Buffalo pour la tenue de la Séance d'évaluation des équipes de la LNH, communément appelée le Combine.

Avant de participer aux nombreux tests physiques qui l'attendaient, Lavoie était attendu à 17 entrevues avec les équipes du circuit Bettman. Dix-sept équipes et dix-sept approches les plus différentes les unes que les autres pour dresser un portrait du caractère de l'athlète qui se présentait devant eux.

Certaines équipes ont l'habitude d'opter pour des questions plus déstabilisantes, en leur demandant par exemple de se comparer à un animal. Quand la question est venue aux oreilles de Lavoie pendant une de ses 17 entrevues, le grand gaillard n'a montré aucun signe d'ébranlement grâce à sa bonne préparation.

« Je suis un chien hors glace. Je suis ami avec tout le monde et j'aime avoir du plaisir et rester actif. Mais sur la patinoire, je suis un gorille. Je suis près de ma famille et je vais défendre tout le monde... je suis prêt à attaquer. »

Ce contrôle de la situation dans un moment à première vue stressant est le résultat de plusieurs mois de travail psychologique et d'une bonne préparation pour les diverses entrevues en compagnie de son agent Marc Lavigne et de l'agence RSG Hockey, pilotée par le Canadien Allain Roy.

Bien qu'ils souhaitent éviter de créer des réponses construites à l'avance, les agents de RSG Hockey sont en mesure de guider leurs clients et de leur proposer des mots clés à utiliser dans leurs réponses afin d'assurer une bonne prestance.

« Marc me préparait à certaines questions et à certaines équipes qui font des entrevues plus difficiles, a confié Lavoie au RDS.ca. Au final, le plus important était de rester moi-même. Je n'invente rien, ils m'ont vu jouer toute l'année et ils connaissent mes forces et mes faiblesses. Je devais répondre aux questions le plus simplement possible. J'ai une tête sur les épaules et je sais que je suis capable de leur répondre le mieux possible. »

« Je leur demande d'être franc et de parler avec cœur, ajoute Lavigne. On évite de faire des réponses faites à l'avance parce qu'on veut que les équipes connaissent les vrais joueurs. C'est évident quand un joueur a des réponses fabriquées à l'avance. »

Avec les années, RSG Hockey a développé un processus exhaustif pour accompagner ses clients jusqu'au repêchage. En plus de présenter un formulaire de questions à ses joueurs et de simuler des entrevues, l'agence organise des visioconférences avec d'anciens joueurs de la LNH qui occupent maintenant un rôle dans le développement des joueurs de certaines organisations du circuit Bettman.

Cette année, l'ancien client de RSG Hockey Rich Peverley s'est notamment adressé à quelques espoirs pour les accompagner dans leur année de repêchage et les orienter vers les éléments clés pour séduire les équipes de la LNH. Après plus de 400 matchs comme joueur, Peverley s'est tourné vers un poste de direction dans le développement des joueurs avec les Stars de Dallas, qui l'ont engagé il y a près de dix ans.

« C'est pour les aider à savoir ce que les équipes regardent. C'est une chose de l'entendre de nous et de leurs entraîneurs, mais quand ça vient directement d'anciens joueurs de la LNH, disons que ç'a un impact important. Peverley était venu parler de son expérience de joueur et de ce qu'il a appris depuis qu'il travaille dans le développement des joueurs », développe Lavigne.

« Le message est souvent semblable, mais de l'entendre d'eux, c'est encore plus plaisant, explique Lavoie. Ils nous rappellent l'importance de ne jamais abandonner. Ça nous aidait beaucoup sur le plan mental. »

Réduire la pression et les attentes

De nature, Tomas Lavoie n'est pas le genre d'homme à se prendre la tête avec les variantes hors de son contrôle. Disons simplement que le calme et la sérénité sont des jokers dans son jeu de cartes qu'il utilise au quotidien.

Mais au cœur d'une année aussi importante que celle d'un repêchage, il se peut que les atouts importants que sont le calme et la sérénité s'envolent temporairement en raison des bourrasques de pression et d'anxiété. À ce moment, l'encadrement auprès des professionnels qui le côtoient prend soudainement une importance accrue.

« Une année de repêchage n'est pas une année comme les autres. On joue pour son futur, mais il ne faut pas non plus se mettre de la pression parce qu'il y a des recruteurs dans les estrades, relativise Lavoie. Sinon, on change notre game et on joue à un jeu dangereux. Quand il y a des recruteurs, il faut davantage être fébrile et ne pas changer qui nous sommes. »

« L'aspect psychologique est une grosse partie pour la carrière d'un athlète. Si tu ne vas pas bien et que tu t'acharnes sur toi-même, il peut y avoir des conséquences. La force mentale est importante pour le niveau de jeu sur la patinoire. Il y a des gens pour nous encadrer. »

Parmi ceux au sommet de cette pyramide de personnes ressources, il y a évidemment les membres de sa famille, mais aussi son entraîneur-chef Louis Robitaille, un préparateur mental ainsi que son agent.

Du haut de ses 17 ans d'expérience comme agent et avec une cinquantaine de clients à son actif, Lavigne considérait qu'il était primordial de rapidement briser la glace en abordant le sujet du repêchage l'été dernier, à 12 mois de l'évènement. De cette manière, il était plus facile pour Lavoie de se concentrer sur sa saison sans se sentir submergé à l'approche de l'encan 2024.

« On voulait qu'il se concentre sur sa manière de jouer et sur les détails de son jeu, plus que sur le repêchage qui n'est qu'à la fin juin. On a donc commencé à parler de cette étape dès l'été dernier pour éviter d'avoir un gros build up jusqu'au repêchage, explique Lavigne. Malheureusement, beaucoup de joueurs son étouffés par le repêchage, donc avec Tomas, on a commencé rapidement puisqu'on savait que les attentes allaient être élevées. »

Ce n'est pourtant pas la première fois que Lavoie est confronté à une pression hors de l'ordinaire. Pas plus tard qu'il y a deux ans, Lavoie avait été le tout premier choix du repêchage de la LHJMQ par les Eagles du Cap-Breton.

Même s'il s'est joint à une équipe en pleine reconstruction et qu'on lui a confié des tâches qui ne sont généralement pas accomplies par des joueurs de 16 ou 17 ans, Lavoie a été en mesure de naviguer à travers les vagues. Cette expérience ne peut que l'aider à l'approche d'une étape importante de sa carrière vers les rangs professionnels.

« La première saison au Cap-Breton n'a pas été facile et je n'ai pas eu des statistiques impressionnantes. Au final, j'avais du temps de glace et je pouvais jouer contre les meilleures lignes adverses. C'est une belle expérience et je m'en suis sorti avec l'aide de mes entraîneurs et de mes coéquipiers. »

Le regard maintenant porté sur l'encan de la LNH, Lavoie devra assurément relever une multitude de défis, qu'ils soient psychologiques ou physiques. S'il souhaite traverser les obstacles qui seront sur sa route, il devra faire de sa force mentale sa meilleure amie.

« On a rappelé à Tomas que les joueurs du Québec sont souvent classés un peu plus loin qu'ils ne devraient l'être, concède Lavigne. Mais ce n'est pas grave parce que le lendemain du repêchage, le rang de sélection ne compte plus. À moins d'être un choix top-10, les entraîneurs ne prennent pas le rang en considération quand ils font leurs équipes. Quand tu performes et que tu fais ce que tu dois faire, tu tombes dans l'œil de l'entraîneur. »

Lavoie a fait tout en son pouvoir pour impressionner les 32 équipes de la LNH autant sur la patinoire qu'à travers sa personnalité de jeune athlète mature et discipliné dans les dernières années. Son agence estime qu'il devrait entendre son nom quelque part entre la fin du premier tour et le milieu du troisième tour lors du repêchage.

La prochaine décision pour la suite de sa carrière n'est plus entre ses mains, mais peu importe où elle le mènera, ce sera à lui d'en tirer le maximum. S'il s'inspire de la mentalité de son agent, il se donnera certainement les outils nécessaires pour y parvenir.

« En réalité, on peut dire ce qu'on veut, mais l'histoire montre que c'est ce qu'on fait après le repêchage qui est important, rappelle Lavigne. On veut garder le focus sur le joueur, plutôt que sur l'année de repêchage. »

« Comme on dit, ‘Prove them right or prove them wrong'. S'il pense qu'il a été repêché trop bas, ce sera à lui de leur montrer qu'ils avaient tort. S'il pense qu'il a été repêché au bon rang, il devra leur prouver qu'ils ont pris la bonne décision. »