Eriks Mateiko admet qu'il aurait dû s'imposer physiquement
BUFFALO – « Eriks Mateiko, il s'est perdu quelque part entre la Lettonie et le Canada au retour du Championnat mondial junior ».
Cette remarque imagée d'un recruteur nous donnait un aperçu du fascinant et énigmatique ailier de six pieds cinq pouces des Sea Dogs de Saint John.
Énigmatique parce que c'est périlleux de prédire son rang de sélection alors que les prédictions oscillent du 40e jusqu'au 100e rang.
Fascinant car le Letton se débrouille magnifiquement bien en anglais et il reconnaît qu'il aurait dû démontrer davantage une identité physique.
« Il semble être beaucoup dans sa tête, disait justement ce même recruteur. En deuxième moitié de saison, il n'avait pas l'air de vouloir être repêché, à se demander si ses intentions peuvent être plus en Europe pour le hockey professionnel. »
Sans sourciller quand on lui refile la question, Mateiko assure que non.
« Je veux assurément jouer dans la LNH, je trouve que le hockey nord-américain me convient davantage; c'est mon rêve », a-t-il soumis après avoir fait l'impasse à plusieurs tests physiques en raison d'une blessure guérie à 90% à une épaule.
Réaliste et intelligent, Mateiko comprend – et accepte – de tels questionnements envers son jeu.
Il admet avoir un petit sentiment de regret face à sa saison de repêchage.
« Oui. Bien sûr que j'y ai pensé, je me dis que j'aurais pu jouer plus physiquement et peut-être me battre. Ensuite, ma blessure est arrivée et j'ai perdu un mois. À mon retour, je ne pouvais pas trop pousser, ç'aurait empiré les choses », a répondu le colosse.
« Les entraîneurs m'en parlaient toujours et les recruteurs aussi l'ont mentionné. Mais je détiens cet ingrédient et je veux devenir un joueur plus physique », a enchaîné l'auteur de 43 points (23 buts et 20 aides) en 49 parties.
Mateiko explique cette prise de conscience tardive par son parcours en Lettonie.
« Dans mon pays, les patinoires sont plus grandes, le jeu physique ne faisait pas vraiment partie de mon arsenal. En arrivant au Canada, j'ai vu que si je voulais jouer dans la LNH, je devais jouer de manière plus robuste. J'ai commencé à le faire et je vais pousser encore plus dans ce sens », a-t-il noté en rappelant aux équipes qu'il a démontré cette carte lors du Championnat mondial junior.
Ce n'est pas un sujet qui fera fureur dans l'opinion publique, mais les équipes de la LNH ont demandé à Mateiko s'il avait l'intention de se battre dans les rangs professionnels.
« Oui et c'est arrivé cette saison que j'avais le goût de le faire. Les bagarres arrivent encore et s'il faut défendre un coéquipier, je vais répondre présent », a expliqué le gaucher.
Nos sources racontent que ses entraîneurs parlent de lui en grand bien. On présume également que les entrevues à Buffalo auront rassuré quelques formations.
Par contre, la prudence des recruteurs nous laisse croire que son implication physique décevante le forcera à patienter lors du repêchage.
« Je ne suis pas un friand des statistiques avancées, mais je m'en servirais pour démontrer qu'il ne touche jamais à la rondelle, c'est fou... Il a des atouts de grandeur et son niveau de compétition a un peu monté, mais, s'il ne mesurait que six pieds, on ne parlerait pas de lui », a jugé un deuxième recruteur consulté.
Le troisième recruteur a même été renversé de voir que la Centrale de recrutement de la LNH l'avait identifié comme le 33e espoir évoluant en Amérique du Nord.
« Je n'ai pas compris! Pour vrai, c'est un gros joueur qui fonctionne par séquence, mais il y a des failles dans son jeu. Il n'est pas très combatif et tu peux le perdre pendant une période. Il finit par réapparaître parce qu'il a réussi un beau jeu grâce à sa grandeur », a-t-il justifié.
Outre le regret de ne pas avoir maximisé ses atouts physiques, on doit rappeler que Mateiko évoluait pour des Sea Dogs démunis cette saison. Il a assurément perdu un peu de motivation pour cette raison, mais on demeurera curieux de découvrir si l'équipe qui le repêchera parviendra à assembler tous les morceaux de ce jeune homme intrigant.