Ne serait-ce qu’en raison de l’affreuse façon dont il a géré les dossiers des gardiens Roberto Luongo et de Cory Schneider, Mike Gillis devait être congédié.

À l’image du propriétaire du Canadien Geoff Molson qui a congédié le directeur général Pierre Gauthier en fin de saison il y a deux ans, le proprio des Canucks Francesco Aquilini a attendu que son équipe soit officiellement évincée de la course aux séries pour se débarrasser de son président et directeur général.

Ce congédiement était inévitable. Et il devait être confirmé avant même la fin de la saison afin de sauver ce qu’il reste à sauver de l’image des Canucks. S’il en reste...

Après avoir flirté avec la coupe Stanley trois ans de suite, les Canucks ont été évincés des séries dès la première ronde et en quatre petites parties le printemps dernier.

Après avoir perdu trois ans de suite contre les éventuels gagnants de la coupe Stanley – Chicago, Boston dans le cadre du 7e match de la grande finale et Los Angeles – les Canucks ont vu la fenêtre d’opportunité commencer à se refermer au-dessus de leur vestiaire l’an dernier.

La fermeture s’est complétée cette saison. Une saison misérable alors que l’entrée en scène d’un entraîneur-chef aussi belliqueux que John Tortorella a mis le trouble dans le vestiaire alors qu’il est clair que les joueurs de talent qui composent l’alignement des Canucks a refusé de suivre leur nouveau coach. Oui! Les blessures ont fait mal aux Canucks. Prétendre le contraire serait malhonnête. Mais la plus grosse blessure qui a miné ce vestiaire est la coupure vive entre Tortorella et ses joueurs.

Parce que l’équipe a piqué du nez, parce que les fans ont ridiculisé plusieurs fois leurs favoris et qu’ils réclamaient à grands cris le congédiement de Gillis – Fire Gillis sonnait aussi fort que les Olé! Olé! Olé! au Centre Bell les soirs de grandes victoires du Canadien – Acquilini devait bouger.

Surtout que les collègues qui couvrent au quotidien les activités des Canucks révèlent depuis quelques semaines que les ennuis sur la glace se traduisent pas des ennuis aux guichets. Les fiers détenteurs de billets de saison qui allongeaient les dollars par millier parce qu’ils sentaient la coupe toute proche gardent leur argent bien en poche. Ils refusent de faire une autre profession de foi en renouvelant tout de suite leurs billets de saison.

Le genre de message qui a bien plus d’échos dans l’oreille d’un propriétaire que les simples huées reliées à des performances moribondes de son club de hockey.

Mike Gillis a donc écopé. Et il le mérite. Pleinement.

S’inspirer de l’Avalanche

Mais avant de s’occuper de ce qui se passe, ou ne se passe plus, sur la patinoire et dans le vestiaire, Francesco Aquilini doit s’occuper de l’image.

Plusieurs collègues assurent que le proprio des Canucks confirmera l’embauche de Trevor Linden à titre de président de l’équipe au cours des prochaines heures.

Ce serait un choix logique. Mais surtout un choix sensé.

Trevor Linden est un demi-dieu à Vancouver. Il y est né, il y a grandi et il a connu certaines des meilleures années de sa carrière avec les Canucks dont il a été le fier capitaine entre 1991 et 1997.

Homme d’affaires prospère depuis qu’il est rentré à la maison à titre de jeune retraité, Linden est souvent envoyé à la mairie de Vancouver et dans différents rôles de premier plan sur la scène publique.

En embauchant Linden, Aquilini ferait un très bon coup sur le plan de l’image. Du marketing. Il imiterait en ce sens la famille Kroenke, à Denver, qui a amorcé la restauration de l’image de gagnant de l’Avalanche en confiant à Joe Sakic la présidence de l’équipe et en rapatriant ensuite Patrick Roy.

Avant même qu’ils ne connaissent les succès qu’ils ont multipliés au cours de la saison qui s’achève, Sakic et Roy avaient réussi à redonner aux fans de Denver ce qu’ils avaient perdu depuis quelques années : une fierté et une confiance réelle en leur club.

Et ça, c’est important pour les affaires. Non! C’est essentiel.

Linden, si la nouvelle se confirme, sera donc le Joe Sakic des Canucks. La figure de proue. Celui qui inspirera confiance et qui pourra acheter un peu de temps et obtenir un brin ou deux de patience de la part de partisans qui se sentent floués d’avoir vu la coupe Stanley passer au-dessus de Vancouver sans jamais s’y être posée.

Quoi faire avec Tortorella? 

Viendront ensuite les décisions hockey.

On dit, et j’en suis convaincu, que John Tortorella n’était pas le premier entraîneur-chef sur la liste de candidats de Mike Gillis l’été dernier.

Dans les faits, il aurait été bien mieux de garder Alain Vigneault et Rick Bowness son adjoint. Le premier a su faire contrepoids à un début de saison atroce pour atteindre les séries. Le deuxième épaule Jon Cooper, un candidat logique au titre d’entraîneur-chef de l’année, avec le Lightning de Tampa Bay.

En imposant Tortorella, Francesco Aquilini a miné un peu la crédibilité de son DG tout en changeant complètement la philosophie de son club sans changer les joueurs de son équipe.

Un mélange qui ne pouvait que mener à l’échec.

On ne demande pas aux jumeaux Sedin ou à Ryan Kesler de jouer comme des plombiers en se préoccupant davantage de bloquer des rondelles qu’à faire ce qu’ils savent faire de mieux : de la magie lorsqu’ils sont en possession de cette rondelle.

Mais bon! C’est du grand Tortorella…

S’il est vrai qu’Aquilini a imposé Torts et qu’il lui a offert tout ce fric – 10 millions $ pour cinq ans – il devra se résigner à encaisser une perte de huit millions pour les quatre prochaines années. À moins qu’une autre équipe soit assez désespérée pour croire que Tortorella règlera ses ennuis au lieu d’en créer davantage et lui offrira un emploi.

Misère!

Car si Aquilini tient à relancer son équipe, et qu’il fait un premier pas dans la bonne direction en embauchant Trevor Linden comme président, il devra ensuite se sortir de la scène. Et en rester le plus loin possible.

Une fois Linden en poste, il devra trouver celui qui remplira son rôle sur le plan hockey. Celui qui orchestrera les changements nécessaires au sein de cette formation pour la relancer. Des changements qui sont non seulement souhaitables mais peut-être devenus nécessaires alors que quelques joueurs ont perdu la foi en leurs chances de victoire à Vancouver.

Julien Brisebois

Qui obtiendra le volet direction générale pour épauler le président Linden qui s’occupera du volet des affaires?

Je ne sais pas.

Je continue à mousser la candidature de Julien Brisebois qui serait un candidat de premier plan pour réussir dans un rôle de directeur général. Surtout s’il avait la chance de pouvoir travailler sous la gouverne d’un gars aussi important sur la scène populaire et médiatique que Linden. Car c’est Linden et non Brisebois qui aurait les feux des projecteurs fixés sur lui.

Il faudra ensuite trouver un coach. Un bon.

Quand on regarde les succès de Jon Cooper à Tampa, on ne peut que se dire que Julien Brisebois – il était son patron au sein du club-école du Lightning dans la Ligue américaine – a eu l’intelligence et la vision de l’identifier comme un candidat de premier plan.

Ça veut sans l’ombre d’un doute dire qu’il serait en mesure de mettre la main sur un bon remplacent à Vancouver. Surtout qu’il sera facile de faire oublier Tortorella et ses manières fortes d’une autre époque en dénichant un coach qui sera en mesure d’au moins éviter de se mettre toute son équipe à dos dès sa première année.

Ça aiderait un peu le travail de reconstruction qui attend les Canucks.

Mais bon!

Attendons de voir si l’embauche de Trevor Linden se confirme et de voir si le départ imminent – et souhaité – de John Tortorella suivra rapidement l’entrée en scène de l’ancien capitaine des Canucks tout en haut de l’organigramme de l’état-major.

Mais ce serait un bon début.