L'attaquant québécois Samuel Poulin livre un vibrant témoignage sur la santé mentale
L'attaquant québécois Samuel Poulin a livré un vibrant témoignage, mercredi matin, sur les raisons qui l'ont mené à prendre une pause du hockey professionnel il y a quelques années.
Poulin avait en effet quitté les Penguins de Wilkes-Barre/Scranton, club-école des Penguins de Pittsburgh dans la Ligue américaine de hockey, pendant quatre mois en décembre 2022 à la suite d'une crise de panique survenue lors d'une rencontre contre les Bears à Hershey.
« Le 4 décembre 2022, ma vie a changé à jamais, a sobrement lancé Poulin dans une vidéo publiée sur Instagram. Avant cette date-là, tout ce que je voulais faire dans la vie, c'était de jouer au hockey et me rendre dans la Ligue nationale de hockey. Avant cette date-là, j'avais déjà entendu parler de santé mentale, mais je me disais que ça n'allait jamais m'arriver à moi, que ça n'allait jamais m'empêcher de jouer au hockey pendant plus de quatre mois.
« Avant cette date-là, je pensais que j'étais une machine de guerre qui pouvait s'entraîner comme elle le voulait, qui pouvait passer par-dessus n'importe quel défi de la terre sans être affecté par ça, sauf que j'avais tort. Quelques semaines auparavant, j'avais joué mes trois premiers matchs avec les Penguins, je venais d'atteindre mon rêve de jeunesse après autant d'efforts et de sacrifices, sauf que c'est là que j'ai réalisé que quelque chose n'allait pas. »
L'ancien choix de première ronde précise qu'à son retour dans la Ligue américaine, « l'envie de jouer et la motivation n'étaient plus là » et que chaque aller-retour entre son domicile et l'aréna lui demandait « de plus en plus d'effort ». « Tout ce que je voulais faire, c'était de m'isoler et de dormir dans ma chambre, poursuit Poulin en toute transparence. Je ne savais pas comment gérer ça et je n'avais jamais appris comment gérer les émotions difficiles. »
L'attaquant explique également avoir renoncé à se confier à ses coéquipiers, ses entraîneurs et même ses proches, craignant se faire traiter de « faible » ou bien de « lâche ». C'est finalement après la première période du match face à Hershey que tout a basculé.
« J'ai passé par-dessus la première période de peine et misère. Pendant cette période-là, tout ce qui me passait par la tête, c'était juste du négatif. Je faisais juste me détruire par moi-même, par mes propres pensées, détaille Poulin. C'est vraiment à mon retour dans la chambre que j'ai commencé à mal filer. J'étais entouré de mes coéquipiers, mais je sentais que je ne pouvais pas être là, je sentais que j'allais exploser. J'ai décidé de quitter le vestiaire pour prendre de l'air et c'est là que j'ai pris la décision d'en parler à quelqu'un. »
Poulin s'est tourné vers le thérapeute de l'équipe à cette époque-là et s'est éventuellement retrouvé dans une salle avec un des membres du personnel d'entraîneurs du club-école.
« J'ai commencé à éclater en sanglots et à brailler pendant plus de 30 minutes, mentionne-t-il. Je venais de vivre ma première crise de panique. J'ai été chanceux, mes parents étaient sur place, et c'est ainsi que j'ai quitté la partie sans voir mes coéquipiers pendant plus de quatre mois. À mon retour à Wilkes-Barre, j'ai rencontré le psychologue de l'équipe et c'est là que j'ai décidé de retourner chez moi pour prendre soin de ma santé. C'était la décision la plus difficile de ma vie, puisque je pensais laisser tomber mes coéquipiers et mon équipe.
« J'étais tellement gêné et je me sentais tellement coupable d'avoir fait ça que je ne voulais pas que personne ne le sache. »
Poulin a finalement conclu en disant que pendant plusieurs années, il n'a pas pris le temps de gérer plusieurs événements survenus dans sa vie personnelle et qu'il espère que sa prise de parole incitera les gens à ne jamais hésiter à s'occuper de leur santé mentale.
« Notre santé mentale, il faut en prendre soin. C'est aussi important que notre santé physique ou spirituelle », martèle Poulin.