McDavid chambarde la finale et marque l'histoire
SUNRISE – Ceux et celles qui, comme moi, croyaient l'issue de la finale de la coupe Stanley scellée dès la troisième victoire consécutive des Panthers aux dépens des Oilers auraient dû afficher un brin plus de prudence.
Ils auraient dû se méfier de l'éveil de Connor McDavid.
Les Panthers aussi soit dit en passant.
Car avec les deux buts qu'il a marqués et les deux autres qu'il a orchestrés, mardi soir, en Floride, McDavid a non seulement propulsé les Oilers vers une victoire de 5-3, mais il a surtout relancé une finale qui est maintenant loin d'être terminée.
Vingt-neuvième formation de l'histoire de la LNH à accuser un déficit de 0-3 en grande finale, les Oilers sont devenus les quatrièmes seulement à forcer la tenue d'un match six. Les Maple Leafs de Toronto l'ont fait en 1942 avant de finalement ravir la coupe Stanley aux Red Wings de Detroit. Les Red Wings ont réalisé le même exploit trois ans plus tard, mais ont finalement perdu la finale en sept matchs contre Toronto. Et en 2012, les Devils, avec Martin Brodeur devant le filet, y sont arrivés aussi, mais ils ont perdu cette sixième partie aux mains des Kings de Los Angeles.
Vendredi, à Edmonton, les Oilers, s'ils parviennent à éviter l'élimination pour une troisième fois de suite en finale et une cinquième fois depuis le début des séries – ils ont gagné les matchs six et sept en deuxième ronde aux dépens des Canucks de Vancouver – deviendront donc les troisièmes à forcer la tenue d'un septième match après avoir amorcé la finale avec trois revers.
Cet exploit qui semblait ô combien improbable, voire impossible, il y a quelques jours à peine, semble plus que jamais à la portée des Oilers en raison des performances sensationnelles de leur capitaine.
Sur ses épaules
« Quand nous sommes acculés au pied du mur, Connor place l'équipe sur ses épaules et démontre pourquoi il est le meilleur joueur au monde », a lancé le vétéran Corey Perry qui a reçu une passe parfaite de McDavid pour enfiler le quatrième but des Oilers. Un but, son premier des séries, qui est devenu le but gagnant.
Pour préparer ce but, McDavid a mystifié la défense des Panthers et plus encore leurs partisans qui ont eu besoin de plusieurs reprises pour bien comprendre ce qui venait de se dérouler sous leurs yeux.
« Quand je l'ai vu entrer rapidement en zone ennemie et se mettre à se faufiler entre les joueurs des Panthers, j'ai simplement foncé au filet. Je n'ai pas eu à crier, il savait que j'étais là. La rondelle est apparue et je n'ai eu qu'à la pousser au fond du but », a raconté le vétéran avec un large sourire au visage.
« Personne n'est aussi bon que Connor pour transporter la rondelle et la contrôler en zone ennemie. En jouant comme il le fait en ce moment, Connor prend beaucoup de pression sur ses épaules, ce qui nous permet de respirer sur la patinoire », a reconnu l'entraîneur-chef Kris Knoblauch.
« Il est pas mal bon », a ajouté un Stuart Skinner ricaneur quand on lui a demandé de qualifier cette autre grande performance de son capitaine. Le genre de performance qui permet aux Oilers de réellement croire en leur chance de finalement soulever la coupe Stanley.
« Connor donne le ton, c'est évident. Mais quand tu ajoutes à ses performances la contribution du reste de l'équipe, cela permet de confirmer à quel point nous sommes collectivement confiants. À quel point nous pouvons compter les uns sur les autres. C'est facile de parler de la confiance qui nous anime. C'est plus difficile de le démontrer. Et en ce moment, nous sommes en voie de prouver que nous sommes capables de faire les deux », a ajouté le gardien des Oilers.
Skinner meilleur que Bobrovsky
Dans l'ombre de McDavid, Stuart Skinner a quand même eu un mot à dire dans la victoire. Après un arrêt solide de Sergeï Bobrovsky aux dépens de Ryan Nugent-Hopkins dès les premiers instants du match, Skinner s'est dressé devant Aaron Ekblad à qui il a volé le premier but de la rencontre.
Le genre d'arrêt qui calme un gardien ou qui, au contraire, lui fournit une surdose d'adrénaline?
« Un peu des deux je te dirais. Ce genre d'arrêt te donne surtout confiance et génère de la confiance chez tes coéquipiers », a expliqué le gardien qui a réalisé 29 arrêts dans la victoire.
Plus efficace que spectaculaire, Stuart Skinner a surtout été meilleur que Sergeï Bobrovsky dans un deuxième match consécutif. Tout un revirement de situation quand on considère le rôle que Bobrovsky a rempli au fil des trois premières victoires des Panthers.
Bobrovsky a accordé quatre buts sur les 23 tirs qu'il a affrontés. Il a très mal paru sur le premier but de McDavid qui l'a surpris avec un tir du côté rapproché. Il ne semblait pas y avoir d'angle, mais McDavid a trouvé le fond du filet.
« Je ne dévoilerai pas tous mes secrets, car il reste encore beaucoup de hockey à disputer, mais c'est connu que j'ai tiré de cet endroit et visé le côté rapproché. Il (Bobrovsky) était debout et je considérais qu'il valait la peine de tenter ma chance », a expliqué la grande étoile du match qui a scellé l'issue de la rencontre en marquant dans un filet désert.
Une place de choix dans l'histoire
En plus de changer le cours de la finale, Connor McDavid est en voie de marquer l'histoire de la LNH.
Déjà meilleur passeur de l'histoire de la LNH – il a éclipsé le record de Wayne Gretzky (31 passes) lors du quatrième match – McDavid est devenu mardi le troisième joueur de l'histoire de la LNH, après Wayne Gretzky et Mario Lemieux, à fracasser le plateau des 40 points en séries éliminatoires.
Fort de ses huit buts et 34 mentions d'aide, McDavid revendique maintenant 42 points.
Il accuse un recul de cinq points derrière Wayne Gretzky qui détient le record (17 buts, 30 passes, 47 points) depuis la deuxième conquête de la coupe Stanley de l'histoire des Oilers en 1985.
Mario Lemieux est deuxième avec 44 points, dont 16 buts en 1991.
Wayne Gretzky occupe aussi la troisième place avec ses 43 points récoltés en 1988.
Si les Panthers n'arrivent pas à museler McDavid comme ils l'ont fait lors du premier match de la finale ou de le contenir, le capitaine des Oilers pourrait rejoindre et dépasser deux des plus grands joueurs de l'histoire du hockey.
Ce n'est pas rien.
Avec trois buts et 11 points à ses quatre derniers matchs disons qu'on peut avancer que si la tendance se maintient « McJésus » sera consacré meilleur marqueur des séries de l'histoire au cours d'une saison et peut-être aussi champion de la coupe Stanley.
Comme quoi il sera toujours vrai que rien n'est fini tant que ce n'est pas fini comme l'affirmait avec conviction le bon Yogi Berra...