Poolers : 5 joueurs à repêcher avec modération
Les poolers se frottent les mains d'anticipation à l'approche d'une nouvelle chance de trôner au sommet du classement devant collègues et amis en avril prochain.
Dépendamment des subtilités propres à votre ligue de fantasy hockey, elle pourrait tenir compte uniquement des points, considérer des catégories spécifiques comme les tirs au but, les tirs bloqués et les mises en échec pour bâtir un classement (communément appelée une ligue rotisserie), ou se trouver quelque part à mi-chemin entre ces deux façons de comptabiliser les points.
Après avoir recommandé la semaine dernière dix joueurs à sélectionner avec confiance cet automne, on se tourne aujourd'hui vers une liste de cinq noms que je prévois snober à leur rang de sélection actuel.
L'an dernier, pour la première édition de cet exercice, ceux qui auront appliqué les recommandations auront évité le piège que posaient aux poolers Chris Kreider (choix de 3e ronde en moyenne), Alex DeBrincat (choix de 3e ronde), Jack Campbell (choix de 5e ronde), Nazem Kadri (choix de 5e ronde), Mackenzie Weegar (choix de 7e ronde) et Tony DeAngelo (choix de 9e ronde).
Un rappel qui peut sembler banal, mais qui demeure crucial : l'idée de dresser une liste de joueurs à éviter n'est pas de vous décourager à tout prix de repêcher un joueur. Un pool, c'est un peu comme faire des placements en bourse. Il faut déterminer à quel moment un titre ou un autre devient assez tentant pour plonger et y investir.
Par exemple, selon la tendance actuelle, je n'aurai Connor Bedard dans aucun de mes pools en 2023-2024. Aussi talentueux puisse être le no 98, je ne suis simplement pas disposé à utiliser un choix de 3e ronde, alors même que plusieurs attaquants disponibles sont mieux entourés et affichent eux aussi un potentiel réaliste oscillant autour de 75 points, si ce n'est davantage. Si le prodige marque 40 buts à sa saison recrue, j'aurai peut-être raté une belle affaire. Mais tout compte fait, c'est un risque que je suis prêt à endosser, surtout dans mes ligues tenant compte du différentiel +/-.
Dans le but de rejoindre le plus grand nombre possible de poolers, notons que le rang de sélection moyen (Average Draft Position ou ADP) est basé sur les données fournies par la plateforme Yahoo!.
1. David Pastrnak, AD - Bruins de Boston
ADP : 3,6
J'en entends déjà plusieurs crier au blasphème! N'en déplaise aux partisans des Bruins et aux poolers que Pastrnak a menés vers les plus hauts sommets avec sa campagne renversante de 61 buts et 113 points, les éléments extérieurs au talent fou du Tchèque de 27 ans ne sont pas en place pour que « Pasta » nous sorte une autre production offensive de la sorte. Est-ce que ça demeure une possibilité qu'il surpasse le plateau des 100 points pour une deuxième année d'affilée? Bien entendu. Est-ce que c'est le dénouement le plus plausible? J'ai mes réserves, personnellement.
Pourtant, au moment d'écrire ces lignes, Pastrnak est sélectionné au troisième rang plus fréquemment que le centre vedette du Colorado, Nathan MacKinnon - les deux premières positions allant généralement au duo dynamique des Oilers d'Edmonton.
À l'image de l'ensemble de sa carrière dans la LNH, l'apport immense de David Krejci est sous-estimé dans cette équation. Le synchronisme remarquable des compatriotes a été essentiel à ce que Pastrnak passe à trois buts de rafler le trophée Maurice-Richard. Pavel Zacha et Charlie Coyle ne sont pas de mauvais joueurs de centre, mais ni l'un ni l'autre ne peut alimenter Pastrnak aussi bien que le faisait Krejci. Et ça, c'est sans parler des répercussions inévitables du départ à la retraite de Patrice Bergeron, l'ultime leader des Bruins dans tellement de facettes du jeu.
Tout porte donc à croire que je « snoberai » Pastrnak ces prochaines semaines. Encore une fois, ce n'est rien du tout contre les habiletés du joueur. Si le tirage au sort me confère une place dans le top-6, je lui préfèrerai MacKinnon, Auston Matthews, et possiblement même Matthew Tkachuk, Mikko Rantanen ou la meilleure option à la défense (et de loin), Cale Makar.
À noter que si votre ligue utilise un format qui requiert de repêcher des joueurs à chaque position, celle d'ailier droit s'annonce la plus faible d'entre toutes, tant pour la qualité que la profondeur. Dans ce cas précis, je serais enclin à considérer Pastrnak plus longuement.
2. Connor Bedard, C/AG - Blackhawks de Chicago
ADP : 33,9
La mèche aura été vendue pour ceux qui ont eu le courage de lire l'introduction du texte.
En tant qu'amateur de hockey, je vais prendre énormément de plaisir à voir et revoir les prouesses du jeune phénomène des Hawks. Combien de buts sur des tirs parfaits dans la lucarne nous réserve-t-il à sa saison recrue? Probablement une douzaine, et c'est un chiffre conservateur. Bedard a été une machine à faits saillants partout où il est passé.
En tant que pooler? Compétitif comme je suis, ça risque d'être plus difficile de m'en réjouir!
Qu'on veuille l'admettre ou non, il y a déjà eu meilleur contexte que celui que les Hawks proposent à Bedard pour un premier choix au total. L'alignement de Chicago n'est pas complètement dépourvu de talent, mais ça reste plutôt mince, même après les ajouts de Taylor Hall, Corey Perry, Nick Foligno et Ryan Donato.
Ce n'est qu'un avis parmi d'autres, mais les vétérans greffés à l'équipe par Kyle Davidson depuis la sélection de Bedard serviront davantage à faciliter sa transition vers les pros et à limiter sa charge de travail à tout juste 18 ans, qu'à faire une différence tangible dans le nombre de points qu'il totalisera.
Est-ce qu'un talent générationnel comme Bedard peut faire fi de tout cela tout comme l'ont fait Sidney Crosby et Connor McDavid avant lui? Si la présaison est un avant-goût ce qu'il nous prépare, la réponse est oui.
Mais à l'heure actuelle sur la plateforme Yahoo!, en moyenne, Bedard trouve preneur devant Artemi Panarin, Timo Meier, Kyle Connor, Jack Eichel, Aleksander Barkov et Nico Hischier, pour ne nommer que ceux-là. En jetant un coup d'œil à la position de défenseur, Rasmus Dahlin, Dougie Hamilton et Evan Bouchard sont aussi des cibles alléchantes en troisième ronde qui sont régulièrement ignorées au profit du « MVP » du dernier Mondial junior. Chacun des huit patineurs énumérés ci-haut se retrouveront devant Bedard sur ma liste.
3. Ryan Nugent-Hopkins, C/AG - Oilers d'Edmonton
ADP : 33,2
Ça lui aura pris douze saisons dans la LNH pour y parvenir, mais à 29 ans, l'ancien 1er choix au total du repêchage de 2011 a atteint le plateau des 100 points pour la première fois. Ce qui est étrange, c'est que « RNH » n'avait pas même réussi une saison de 70 points auparavant. Bien entendu, les 55 points obtenus par Nugent-Hopkins en supériorité numérique l'ont propulsé vers cette campagne de 104 points.
Sa place au sein de la première vague d'attaque massive des Oilers ne date pourtant pas d'hier, et aussi dévastateur soit l'unité composée de McDavid, Draisaitl, RNH, Zach Hyman et Evan Bouchard, ça semble sage de prévoir que le no 93 régressera statistiquement en 2023-2024.
Une baisse l'amenant entre 80 et 85 points ne serait pas considérée désastreuse, mais n'est-ce pas le genre de production qu'on peut raisonnablement prédire à Jesper Bratt (ADP de 70,9), Kevin Fiala (76,7) et Johnny Gaudreau (80,9)? De trente à quarante choix plus tôt que ce trio d'ailiers, je lèverai le nez sur Nugent-Hopkins.
4. Jamie Benn, AG - Stars de Dallas
ADP : 75,9
Le capitaine des Stars a remarquablement bien complété le puissante quintette de son club sur le jeu de puissance, aux côtés des Robertson, Pavelski, Hintz et Heiskanen. À un point tel qu'à 33 ans, Benn, qui a été largement ignoré dans les repêchages à pareille date l'an dernier, a connu l'an dernier sa meilleure production depuis 2017-2018, avec sa récolte de 78 points. C'est 32 de plus que l'année précédente, dans les deux cas en 82 rencontres. Benn a assurément été revigoré par le système employé par Peter DeBoer, plus permissif envers ses attaquants de talent.
Certains indicateurs laissent cependant croire que le produit de la BCHL pourrait revenir sur terre cette saison, à commencer par son pourcentage de réussite de 17,2 % en 2023-2024, 4 % de mieux que sa moyenne dans la LNH. On ne doute pas de la chimie qu'il a créée avec Wyatt Johnston et Evgenii Dadonov, mais n'oublions pas qu'avant de revivre aux yeux des poolers l'an dernier, Benn avait amassé 48 points en moyenne (calcul fait sur 82 matchs) à ses quatre campagnes précédentes.
À ce stade-ci encore hâtif du repêchage, il y a encore de trop nombreuses options à l'attaque qui allient prudence et potentiel pour que je me choisisse de me tourner vers un Jamie Benn de 34 ans.
5. Stuart Skinner, G - Oilers d'Edmonton
ADP : 98,9
Skinner est le nom qui ressort le plus parmi les gardiens de but que les poolers repêchent en se croisant les doigts pour qu'il conserve tout le long de la saison l'étiquette de no 1. Les nombreuses misérables sorties de Jack Campbell ont eu raison de la confiance et de la patience des partisans des Oilers. On souhaite que Skinner bâtisse sur les signes encourageants de l'an dernier. L'état-major d'Edmonton, lui? Il espère probablement que Campbell se ressaisisse pour la 2e saison d'un généreux contrat qui lui rapportera 5 M$ pour encore quatre autres années.
Sur la plateforme Yahoo!, il est possible de sélectionner Thatcher Demko et Tristan Jarry sensiblement au même moment du repêchage que Skinner, soit en fin de 8e ronde. Jacob Markstrom demeure libre comme l'air au 130e rang, tandis qu'Adin Hill trouve preneur en moyenne au 147e échelon. La trajectoire de Markstrom et Hill vers 35 victoires en 2023-2024 n'est pas si différente de celle de Skinner. Jarry et Demko, eux, comportent nettement moins de risques que le gardien « 1A » des Oilers pour entamer la nouvelle saison.
Je compte également me tenir bien loin de Linus Ullmark (ADP : 31,2) et de Filip Gustavsson (51,4). Qui serait vraiment sous le choc si Jeremy Swayman était le plus solide des deux gardiens des Bruins cette saison, en route vers 50 départs?
Gustavsson a été considérablement meilleur que Marc-André Fleury l'an dernier, mais le gardien originaire de Sorel trouve souvent une façon de rebondir après une campagne jugée décevante (selon ses standards). L'échantillon du portier suédois était très convaincant, mais ça demeure mince, avec 66 départs en carrière.
« Flower » pourrait sortir des blocs avec aplomb, sachant qu'il s'attaque au deuxième rang pour les victoires, détenu par Patrick Roy.