TAMPA. Fl. – Deux semaines après avoir affirmé que lui et ses coéquipiers entendaient profiter de la grande finale pour se faire une place dans l’histoire, Cale Makar a tenu promesse.

Forts d’une victoire de 2-1, les joueurs de l’Avalanche ont soulevé la coupe Stanley privant leurs adversaires du Lightning d’une troisième conquête consécutive.

« On voulait battre les meilleurs pour être vraiment considérés comme les meilleurs et c’est ce que nous venons de faire ce soir », a lancé Gabriel Landeskog alors que les célébrations allaient bon train sur la patinoire de l’Amalie Arena.

Quatrième capitaine européen à soulever la coupe – Niklas Lindstrom (Detroit), Zdeno Chara (Boston) et Alexander Ovechkin (Washington) sont les autres – a quitté le domicile du Lightning en brandissant la coupe au-dessus de sa tête et en criant : « On l’a ramene à Denver! »

Bien qu’exclu de la feuille de pointage dans le match décisif – sixième fois seulement que cela est arrivé en 20 matchs éliminatoires – le jeune défenseur a reçu, par un vote unanime (18 votes de première place), le trophée Conn-Smythe remis au joueur le plus utile à son club en séries.

Un honneur pleinement mérité. Un honneur qui s’ajoute au trophée Norris qu’il a également remporté. Avec une coupe Stanley, un trophée Conn-Smythe, un Norris et un Calder à son actif, Makar est non seulement un des meilleurs défenseurs de la LNH, mais son nom est déjà associé aux meilleurs de l’histoire.

« Je croyais avoir tout vu de la part de Cale au cours de la saison, mais il a trouvé d’autres façons de me surprendre en séries », a ajouté un Jared Bednar très admiratif après la victoire.

MacKinnon la mitraille...

Le début de match décisif n’a pas été facile pour Makar et ses « Avs ».

Même qu’au terme d’une première période au cours de laquelle Steven Stamkos a donné les devants 1-0 à son équipe, il était permis de se demander si l’Avalanche ne commençait pas à être un brin intimidée par les doubles champions.

L’Avalanche ne jouait pas mal. Mais cette jeune équipe rapide et incisive, ce club habitué à connaître des départs canon pour scier les jambes de ses adversaires, semblait un peu en retard. Pas beaucoup en retard. Mais juste assez pour laisser poindre le spectre d’un possible septième match.

Ce qui n’était pas nécessairement une bonne nouvelle pour un club ayant gagné trois des quatre premiers matchs de la grande finale.

La réponse est venue très tôt en deuxième. Et cette réponse était claire : non! L’Avalanche n’était pas intimidée par le Lightning.

Cette réponse, c’est Nathan MacKinnon qui l’a criée. Victime de critiques en raison du fait qu’il s’était contenté d’un seul but depuis le début de la finale, MacKinnon a déjoué Andreï Vasilevskiy d’un puissant tir frappé décoché sur réception. Le gardien des « Bolts » a fait le bon geste. Il était bien placé. Mais la rondelle tirée avec puissance et précision par MacKinnon a continué sa course vers le fond du filet même si elle a frôlé le bouclier du grand gardien russe.

« J’espère bien qu’il viendra. C’est à son tour. Je suis allé deux fois assister à des parades de la coupe Stanley à Pittsburgh alors il me doit bien un retour d’ascenseur », que MacKinnon m’a répondu lorsque je lui ai demandé s’il s’attendait à ce que son voisin et ami de Cole Harbour, en Nouvelle-Écosse, lui rende visite plus tard cette semaine pour la parade de la coupe Stanley dans les rues de Denver.

MacKinnon a marqué un but – son 2e de la finale, son 13e des séries – sur les sept tirs qu’il a dirigés sur la cage défendue par Vasilevskiy.

MacKinnon a cadré sept des onze tirs qu’il a décochés dimanche. En six matchs disputés en finale, MacKinnon aura donc décoché 69 tirs. Une moyenne de 11,6 par partie. Il a cadré 35 de ces 69 tirs. Vingt-cinq rondelles ont été bloquées en défensive et seulement neuf ont raté la cible. Des statistiques qui à elles seules auraient dû endiguer les critiques.

Entraîneur-chef de l’Avalanche, Bednar en a rajouté sur son joueur vedette. «Je suis tellement content pour lui. Nathan est un joueur exceptionnel. Nous avons effectué la reconstruction de l’équipe autour de lui, de Landeskog et de Mikko Rantanen pour ne nommer que ceux-là. Il a connu les années difficiles de l’équipe. Il est toujours demeuré un bon leader. Je suis vraiment heureux qu’il soit enfin récompensé. Surtout qu’en finale, il a démontré qu’il pouvait contribuer aux victoires de l’équipe, pas simplement en marquant des buts.»

Encore Lehkonen

Toujours en deuxième période, Artturi Lehkonen a ensuite donné l’avance au Colorado. Une première avance depuis le but de Landeskog qui avait donné les devants 1-0 aux « Avs » dans le match numéro trois. Un match que le Colorado a finalement perdu 6-2.

On ne le savait pas encore, mais ce but de Lehkonen allait devenir celui de victoire.

ContentId(3.1408902):Finale LNH : Lehkonen donne les devants à l'Avalanche
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Eh oui! Un peu plus d’un an après avoir marqué, en prolongation, le but qui avait permis de propulser le Canadien en finale de la coupe Stanley, trois semaines après avoir marqué le but gagnant confirmant le balayage des Oilers d’Edmonton en finale de l’Ouest, le bon Artturi a maintenant établi sa place dans l’histoire en inscrivant le but victorieux dans une victoire donnant le coup d’envoi aux célébrations associées à une conquête de la coupe Stanley.

Rien de moins!

Souriant après la victoire, Lehkonen a, comme toujours, été très laconique dans ses commentaires. Il est bien plus à l’aise dans des situations périlleuses devant des adversaires sur la patinoire que devant les journalistes.

Il a toutefois pu partager les joies de sa première conquête de la coupe Stanley avec son père Ismo, un entraîneur-chef de carrière en Finlande qui est aujourd’hui analyse à la télé nationale finlandaise.

De fait, papa Lehkonen était plus volubile et démonstratif que fiston alors qu’il y allait de commentaires élogieux à l’endroit de son fils et de l’Avalanche tout en faisant des accolades aux journalistes venus du Québec et qui ont vu Artturi se développer au sein de l’organisation du Canadien.

Hockey parfait en troisième période

On ne le savait pas encore, mais ce but de Lehkonen en période médiane, son huitième des séries, allait devenir le but confirmant la victoire de l’Avalanche. S’il l’est devenu, c’est parce que l’ancien du Canadien et ses coéquipiers ont disputé une troisième période encore meilleure que la deuxième. Une période parfaite... ou presque.

« On jouait vraiment très bien en troisième. Nous avons respecté notre identité. Nous avons joué du hockey serré sans pour autant se mettre en mode défensive », que Joe Sakic a souligné.

Nerveux le directeur général des « Avs » en troisième?

« Oui un peu, parce que tu n’as aucun contrôle sur ce qui se passe sur la patinoire. Mais j’étais confiant quand même. »

S’il n’avait pas de contrôle sur ce qui se déroulait sur la glace dimanche, Sakic a eu le plein contrôle sur la reconstruction de cette équipe qui n’a signé que 22 victoires et amassé 48 points en 2016-2017, lors de la première saison de Bednar derrière le banc. En plus du repêchage et de l’embauche de quelques joueurs autonomes, Sakic a réalisé de très bonnes transactions en cours de saison pour maximiser ses chances de gagner la coupe Stanley.

Sakic était particulièrement fier de la contribution deLehkonen.

« On l’avait à l’œil depuis l’an dernier en raison de tout ce qu’il a fait pour le Canadien en séries. C’est un joueur complet. Intelligent en défensive, capable de marquer de gros buts. Artturi fait des jeunes importants qui passent souvent bien inaperçus, mais qui sont cruciaux dans les succès d’une équipe. »

Sakic est aussi allé chercher les vétérans Darren Helm, Jack Johnson et Andrew Cogliano afin qu’ils donnent l’exemple aux plus jeunes sur l’importance à accorder aux détails qui font souvent la différence entre la victoire et la défaite.

Ces transactions ont permis à Cogliano et Johnson d’enfin mettre les mains sur la coupe Stanley.

Cogliano disputait hier un 116e match de séries qui s’ajoutait aux 1141 de saison régulière disputés depuis le début de sa carrière. « J’étais rendu à me dire que je ne gagnerais peut-être jamais la coupe. La transaction qui m’a envoyée ici m’a permis de raviver mes espoirs. Je suis bien sûr très fier, mais je dirais aussi un peu soulagé de pouvoir enfin soulever ce trophée même si je sais très bien que plusieurs n’ont jamais eu ou n’aurons jamais cette chance », a témoigné Cogliano qui a d’ailleurs pris la parole devant ses coéquipiers samedi soir.

« Je voulais partager avec eux l’importance de saisir l’occasion qui s’offrait à nous de nous rendre jusqu’au bout », que Cogliano a expliqué.

Célébrant en retrait avec son épouse et des amis qui les entouraient, Johnson faisait des promesses à ses enfants avec qui il conversait en « Facetime » sur son téléphone. « Vous voyez la coupe, je vous promets qu’on la remplira de crème glacée lorsqu’elle passera une journée avec nous plus tard cet été... »

Triple couronne pour Bednar

Si les messages de Cogliano et d’autres vétérans ont de toute évidence été bien reçus par leurs coéquipiers, on peut en dire autant des messages de Bednar à tous les membres de son équipe.

ContentId(3.1408915):Jared Bednar : « On avait de grandes attentes et on est récompensés »
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Bien préparés et bien dirigés par Bednar, les joueurs de l’Avalanche ont signé dimanche une neuvième victoire sur la route depuis le début des séries. Six clubs partagent le record de la LNH qui est de 10 gains à l’étranger en séries. Les Blues de Saint Louis, en 2019, sont les derniers à l’avoir égalé.

L’Avalanche a aussi réalisé, dimanche, sa dixième remontée gagnante des séries. Une remontée qui lui permet de rejoindre les Penguins de Pittsburgh au premier rang de l’histoire avec 10 (2009).

Histoire de donner plus d’importance à ces deux statistiques, il est important ici de souligner que les « Avs » ont signé leurs quatre victoires décisives dans chacune des rondes des séries sur des patinoires ennemies.

En prime, ces quatre victoires ont couronné des remontées.

Bednar, qui a su inculquer au fil des ans un style de jeu et des stratégies qui mettent encore plus en évidence toutes les qualités de ses joueurs, est devenu le premier coach de l’histoire du hockey à réussir la triple couronne. Il a gagné la coupe Stanley après avoir soulevé les coupes Calder et Kelly, dans les ligues américaines et de la côte Est.

« Ces trois championnats démontrent que j’ai eu la chance de me retrouver au sein de très bonnes organisations et d’être entouré de dirigeants qui m’ont fait confiance et beaucoup aidé », a souligné Bednar avec une belle dose d’humilité.

Une pensée pour Pierre Lacroix

Sakic a gagné la coupe Stanley à deux reprises comme capitaine de l’Avalanche. En 1996, l’année suivant le départ de Québec, Sakic a respecté la tradition en soulevant le premier le précieux trophée.

Cinq ans plus tard, en 2001, Sakic l’a remise à Raymond Bourque pour permettre à l’ancien capitaine des Bruins d’enfin réaliser son rêve d’avoir la coupe à bout de bras.

Dimanche soir, Sakic a dû patienter un long moment avant de renouer avec le trophée.

« Je commençais à trouver ça long, mais aie! Je suis rendu directeur général maintenant. C’est aux joueurs que revient le droit de défiler avec le trophée. Ce sont eux qui ont tout fait sur la patinoire cette année », a indiqué Sakic qui devra maintenant orchestrer le travail de gestion pour s’assurer que son équipe soit aussi compétitive l’an prochain et qu’elle puisse consolider sa place dans l’histoire de la Ligue. Car oui, comme le laissait entendre Makar avant le début de la finale, l’Avalanche est formée de joueurs encore jeunes qui pourraient très bien profiter des prochaines années pour marquer l’histoire moderne de la Ligue.

Sakic se sert de son expérience d’ancien joueur pour gérer ses relations avec ses joueurs. Il se sert aussi de tout l’héritage que lui a légué Pierre Lacroix en matière de gestion pour gérer son équipe.

  «J’ai tellement appris de Pierre quand j’étais joueur et aussi quand j’ai amorcé ma carrière au sein de l’état-major. C’était un très bon homme de hockey. C’était surtout une excellente personne. Je lui dois beaucoup. En fait, je n’occuperais pas le poste que j’occupe aujourd’hui si ce n’était pas de lui », a témoigné Sakic.

Pierre Lacroix est décédé en décembre 2020 après avoir contracté le virus de la COVID-19.