Quand Snoop Dogg vole la vedette
EDMONTON - Exception faite des oriflammes aux couleurs des Oilers accrochées aux poteaux du centre-ville et des partisans qui déambulaient çà et là avec des chandails McDavid, Draisaitl et Nugent-Hopkins sur les dos, Edmonton était loin de vibrer au rythme de la finale de la coupe Stanley, sur l'heure du lunch, en ce beau jeudi ensoleillé.
En face du Rogers Place, un gros autobus noir de la compagnie Prévost sur lequel on voit le visage plus grand que nature de Calvin Cordozar Broalus junior attirait même presque toute l'attention des passants pourtant à la recherche de leurs vedettes des Oilers ou de leurs rivaux venus de la Floride.
Le nom de Calvin Cordozar Broalus junior vous laisse de marbre? Son nom d'artiste, Snoop Dogg, devrait vous permettre de vite le replacer.
Oui! Oui! Le vrai Snoop Dogg, le rappeur qui n'a jamais donné le début d'un commencement de signe d'être stressé dans la vie, était à Edmonton jeudi.
Comme quelques curieux, je suis resté près de l'autobus aux fenêtres plus que teintées histoire de peut-être avoir la chance de le voir descendre de l'autocar et d'effectuer quelques enjambées au « Super Slow Mo ».
Pas de chance!
À défaut d'obtenir un autographe ou une photo avec le légendaire rappeur, les jeunes qui faisaient le pied de grue autour de l'autobus ont pu se rabattre sur une autre légende : sur Ron MacLean qui anime « Hockey Night in Canada » depuis toujours et qui a gentiment fait plaisir à tous ceux et celles qui, habitués de le voir à la télé, le voyaient enfin pour vrai de vrai...
Grand fan de hockey, Snoop fait souvent des apparitions dans le cadre de grandes festivités orchestrées par la LNH. Son nom était même associé à un groupe d'investisseurs intéressés à faire l'acquisition des Sénateurs d'Ottawa.
Snoop se pointera peut-être au match de vendredi. On verra. Mais s'il est arrivé à Edmonton avant les Panthers – ils devaient se poser en début de soirée jeudi – c'est d'abord et avant tout pour y faire escale dans le cadre de sa tournée « Cali au Canada ». Il a d'ailleurs chassé les Oilers de leur patinoire jeudi alors qu'ils ont dû patiner sur la surface d'entraînement auxiliaire cachée à une extrémité de leur domicile transformé pour l'occasion en salle de spectacle.
Drapeaux et klaxons
Si Calvin Cordozar Broalus junior donnait nettement l'impression d'avoir pris le contrôle du centre-ville d'Edmonton jeudi midi, les Oilers le reprendront vendredi.
On peut même dire que c'était le calme plat avant une tempête qui s'annonce impressionnante. Heureux d'avoir salué leurs favoris dans le cadre de la victoire de 8-1 qu'ils ont signée, samedi dernier, les partisans des Oilers rêvaient bien sûr à une sixième partie. Ils étaient toutefois conscients que la « logique » avait bien plus de chance de dissoudre ce rêve que de lui permettre de se réaliser.
« Ce sera complètement fou », a promis Stuart Skinner. Avant de devenir gardien des Oilers, Skinner a d'abord été un gamin qui est né et a grandi à Edmonton en rêvant de porter un jour l'uniforme des Oilers.
« Les partisans offrent aux Oilers un appui total depuis toujours. Mais depuis le début des séries, on a atteint des niveaux que je n'avais jamais connus. Disons que c'est ma femme qui fait les courses depuis quelques semaines. Et les jours de match, les défilés de drapeaux des Oilers et les concerts de klaxon dans le centre-ville sont impressionnants. Je vous l'assure. On entend les klaxons à l'intérieur du vestiaire avant les matchs », que Skinner racontait après l'entraînement de jeudi.
Avis aux environnementalistes, aux écologistes, aux membres du Parti vert et aux amateurs de voitures électriques, les prochaines phrases pourraient être difficiles à lire.
Car quand Skinner parle de défilé des drapeaux et de concert de klaxons, il fait référence à des défilés de Pick-Up très gros formats – genre XXL – armés de puissants moteurs qui dégagent autant de grosse fumée noire quand leurs propriétaires enfoncent l'accélérateur – c'est-à-dire à toutes les 10 secondes – que les klaxons rendent sourds avec le son tonitruant et les décibels qu'ils produisent.
Voilà!
Dans un tout autre registre, mais qui démontre tout de même l'engouement de la grande finale à Edmonton, le bon Mattias Ekholm, qui a déjà vécu une finale de coupe Stanley un brin plus tranquille à Nashville – les Preds avaient perdu aux mains des Penguins en 2017 – a dû servir une petite leçon de vie à son fils.
Installé à Edmonton avec sa famille depuis un peu plus d'un an, Ekholm a profité d'un rare congé pour aller voir fiston jouer au soccer mercredi.
« Il est venu me voir un moment donné pour me dire que tous ses petits coéquipiers et leurs parents lui avaient demandé s'il pouvait leur présenter son père. J'ai dû lui expliquer pourquoi ils s'intéressaient à son père », a expliqué le grand défenseur suédois qui s'est bien sûr plié à la demande de fiston... et celles de ses coéquipiers.
Après l'escale de Snoop Dogg, les Oilers et la finale de la coupe Stanley reprendront toute la place dans la capitale albertaine. À Edmonton, où le fait de voir des lueurs du soleil jusqu'autour de 23 h nous rappelle qu'on est à quelques heures seulement du solstice d'été.
Un signe qu'il serait grand temps que la saison de hockey se termine.
D'ailleurs, dans mon livre à moi comme dirait le bon vieux Stan, la coupe devrait avoir défilé dans les rues de la ville championne depuis un bon moment déjà. Elle devrait même être sur le point d'amorcer sa grande tournée autour de la planète hockey avec des escales festives au domicile de tous les joueurs et dirigeants qui ont sué sang et eau pour obtenir le privilège de la brandir à bout de bras.
Mais bon : s'il n'en tient qu'aux Oilers et à leurs partisans, il n'y a rien de mal à attendre jusqu'à la Saint-Jean...