David Reinbacher, héritier de Thomas Vanek
BUFFALO – Dans l'histoire de la LNH, 17 joueurs autrichiens ont joué au moins un match dans la grande ligue. Êtes-vous capable d'en nommer cinq sans sortir un téléphone de votre poche?
Pas le droit de répondre Thomas Vanek non plus. Vous avez lu son nom dans le titre qui coiffe cet article... Forcez-vous un peu.
Michael Grabner? Facile. Michael Raffl? Bravo. Wayne Groulx? Wow! Même notre savant confrère de La Presse+ Guillaume Lefrançois, cet amoureux des joueurs de l'ombre, n'y aurait pas pensé (on a vérifié).
Groulx, vous l'aurez deviné, n'est pas né en Autriche. Repêché en 9e ronde par les Nordiques de Québec en 1983, l'Ontarien natif de Welland a joué un match au Forum de Montréal en janvier 1985 avant de poursuivre sa carrière professionnelle quelques années plus tard dans son pays d'adoption, où il a obtenu la nationalité.
L'Autriche a depuis développé la capacité à cultiver ses propres terres pour alimenter ses sélections, et par la bande, la LNH. En avril dernier, Marco Kasper est devenu le plus récent représentant de son pays à faire ses débuts dans le circuit chez les Red Wings de Detroit. Un an plus tôt, c'était Marco Rossi avec le Wild du Minnesota.
Et, bien avant eux, il y a eu Vanek. Le visage du hockey autrichien, encore aujourd'hui.
« Il est comme Arnold Schwarzenegger chez nous », comparait récemment l'espoir David Reinbacher, au Camp d'évaluation de la LNH à Buffalo. « Au hockey, c'est assurément l'un des plus gros noms. Il a montré à l'Autriche que c'est possible de soutirer quelque chose du hockey. »
Cinquième choix du repêchage de 2003 par les Sabres de Buffalo, Vanek est encore à ce jour le joueur autrichien sélectionné le plus hâtivement dans l'histoire de la LNH. Le Viennois a joué 1029 matchs dans le circuit Bettman, majoritairement avec les Sabres, récoltant 373 buts et 416 passes avant de prendre sa retraite en 2019 au terme d'une carrière de 14 campagnes.
Depuis qu'il a rangé sa poche de hockey, cinq de ses jeunes compatriotes ont été repêchés à leur tour, dont deux en première ronde ; Rossi en 2020 (9e) et Kasper en 2022 (8e). Et un troisième s'en vient.
Reinbacher, un arrière droitier, est considéré par quantité d'observateurs spécialisés comme le meilleur défenseur de la cuvée 2023 et un espoir pouvant à tout le moins rêver au top-10.
« Je ne peux pas vous dire qui sera le premier défenseur repêché. Ce pourrait être Reinbacher ou [Axel] Sandin-Pellikka. Du côté nord-américain, notre personnel a beaucoup aimé Étienne Morin et Oliver Bonk. Mais ça reste difficile cette année de projeter où ils seront sélectionnés », a relativisé le vice-président de la Centrale de recrutement de la LNH, Dan Marr.
Un club désireux d'ajouter à sa relève un défenseur complet capable d'évoluer en Amérique du Nord avant longtemps pourrait cependant se laisser tenter par le profil de Reinbacher, jugé comme le plus près de la LNH en raison notamment de son expérience acquise chez les professionnels la saison dernière.
Après avoir quitté son pays natal à l'âge de 14 ans pour intégrer le programme du club suisse HC Kloten, Reinbacher a fait ses débuts dans la Ligue nationale suisse cette année, prenant part à 46 rencontres et récoltant 22 points (3 buts, 19 passes) au passage. Avec un temps d'utilisation moyen de 18:56 par match, il a été le deuxième défenseur le plus sollicité des siens.
« Il est calme, efficace et il montre un jeu à la fois mature et très structuré, peut-on lire dans le rapport annuel 2023 de HockeyProspect. [...] Il a non seulement connu du succès rapidement, il a aussi affiché un rare niveau de constance dans la Ligue nationale suisse. Il s'appuie beaucoup sur ses lectures du jeu, sa première passe et son puissant tir de la ligne bleue pour générer sa production, plutôt que sur un talent de haut niveau. »
David Reinbacher
Reinbacher a de plus eu l'opportunité de se frotter à des professionnels de la LNH au dernier Championnat du monde de hockey, où il a pu défendre le territoire autrichien le temps de quatre rencontres avant d'être freiné par une blessure à un genou qui lui a fait rater trois matchs.
« Je veux monter au prochain niveau, c'est certain, afin de jouer aussi tôt que possible dans la LNH, a tranché l'athlète de 6 pi 2 po et 194 lb. C'est le rêve de tous les jeunes de jouer là. On verra dans les prochaines semaines, quand on en saura davantage sur le plan [de l'équipe qui me repêchera]. »
Si le club qui l'invitera sur l'estrade le 28 juin prochain à Nashville décidait de retarder sa traversée de l'Atlantique, Reinbacher affirme qu'il n'y verrait pas d'inconvénients. Au contraire.
« Je prendrais bien une autre saison en Suisse, a-t-il laissé planer. L'école est importante pour moi en dehors du hockey. »
Enrôlé à la United School of Sports en Suisse, le jeune homme originaire de Hohenems travaille déjà sur sa deuxième carrière : celle de chasseur de têtes. Dans le cadre de son programme d'études, il aide des entreprises suisses à trouver des candidats pour la réalisation de projets en épluchant les profils sur la plateforme LinkedIn, entre autres.
« C'est très important pour ma famille et moi d'avoir autre chose que le hockey comme plan. Car on ne sait jamais quand ça va finir et où ça va nous mener. »
Mais pour l'heure, il a un plan A et un héritage à perpétuer.
« Ce serait un grand honneur de montrer aux enfants en Autriche que c'est possible de se rendre [dans la LNH], leur montrer que nous aussi on peut jouer au hockey et en soutirer quelque chose même si on vient d'une petite ville. »