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RÉSULTATS

Rencontre avec l'Équipe Vincent Desharnais

Vincent Desharnais Vincent Desharnais - Getty
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EDMONTON – Vincent Desharnais téléphonera à la maison avant de s'allonger pour sa sieste d'avant-match vendredi à Los Angeles.

Peu importe que les Oilers gagnent ou perdent la troisième rencontre de la série qui les oppose aux Kings, peu importe qu'il ait bien joué, moins bien joué, ou qu'il ait connu un match difficile, il rappellera aussi à la maison.

Sa mère Josée Legault et son père Jacques seront là au bout du fil. 

« C'est notre routine. Des fois il envoie seulement un message texte au lieu d'appeler. Mais il nous contacte toujours avant et après les matchs. Et on est là à l'autre bout avec notre cellulaire en main », lance Josée Legault avec un petit sourire complice.

Et c'est vraiment comme ça tous les jours de match? Depuis longtemps?

« C'est comme ça depuis qu'il est parti de la maison à 17 ans lorsqu'il est allé dans une école secondaire (Northwood) à Lake Placid. Il a continué quand il est allé en Colombie-Britannique pour sa première année junior, à Providence dans la NCAA où il a passé quatre ans et dans toutes les villes où il a joué dans la Ligue américaine et dans la Ligue de la Côte-Est.  

« Eh oui! C'est comme ça après tous les matchs, sauf de très rares exceptions, même si ça nous fait coucher tard parce qu'il joue la majorité de ses matchs dans l'Ouest et qu'on n'en rate jamais un », ajoute Josée Legault sous le regard approbateur de son mari.

Lundi et mercredi étaient jours d'exception. Vincent Desharnais n'a pas eu à téléphoner à la maison, dans le quartier Fabreville à Laval, car la maison s'était déplacée à Edmonton. « On était là, à Anaheim, à son premier match dans la Ligue nationale. Il était hors de question qu'on manque ses premiers matchs en carrière en séries », a ajouté le paternel.

Rencontrés mercredi après-midi dans le lobby de l'hôtel J.W. Marriott à 100 pas du Rogers Place, l'hôtel où Vincent Desharnais a passé 74 nuits avant d'obtenir le feu vert des Oilers de se trouver un appartement, le couple Legault-Desharnais venait de recevoir la visite de fiston.

Le grand Vincent était venu rassurer ses parents. Leur confirmer qu'il était en forme, qu'il était bien préparé, qu'il était confiant. Il en a profité pour leur glisser les deux bons billets obtenus en vue d'un match que les Oilers devaient gagner. Un match qu'ils ont d'ailleurs gagné pour niveler les chances 1-1 dans la série.

Avec leur fils aîné Alex, le fan numéro un de son « petit frère », avec son agent Philippe Lecavalier et tous ceux qui ont contribué à son développement au cours des 10 dernières années, Josée Legault et Jacques Desharnais complètent l'équipe Vincent Desharnais.

Une grosse équipe qui vit et partage avec son principal membre les grands moments des derniers mois.

Au fait : c'était comment assister au premier match de la série? De voir Vincent sauter sur la patinoire pour l'échauffement. De le voir disputer un match solide jusqu'à ce qu'il écope une pénalité en prolongation. Une pénalité qui a ouvert la porte au but gagnant marqué par Alex Iafallo?

Presque aussi grand que son fils, grand sportif qui a joué du baseball de haut calibre dans Rosemont où il a grandi et qui a été invité à un camp d'entraînement des Red Wings de Detroit à la fin des années 1970, Jacques Desharnais se tortille sur sa chaise pendant que je pose ma question.

« Je ne suis toujours pas convaincu que c'était une pénalité », que le fier papa a répliqué rapidement et avec conviction.

D'un côté comme de l'autre de la table, le couple Legault-Desharnais est toutefois très fier de la façon dont Vincent a encaissé la pénalité et la défaite qui a suivi.

« Vincent est rendu un gars très solide. Il a acquis beaucoup de confiance et de maturité. Il a encaissé le coup et a passé à autre chose. Quand on l'a vu après le match, c'est lui qui nous disait de ne pas nous en faire avec la manière dont le match s'était terminé. C'est lui qui nous rassurait », ajoute Josée Legault.

Josée Legault et Jacques Desharnais

D'adolescent fragile, à homme solide

Tout un revirement de situation avec la réalité de la famille dans un passé pas si lointain. Car malgré le fait qu'il soit maintenant un colosse de 6 pi 7 po et de 235 livres, un colosse capable de se dresser devant n'importe qui dans n'importe quelle situation, Vincent Desharnais a déjà été vulnérable sur le plan de la confiance.

« Mon gars était un grand anxieux. J'étais naïf », que Jacques Desharnais commence à répondre avant de s'arrêter d'un coup. 

Les mots qu'il voudrait laisser sortir sont coincés dans sa gorge nouée par les émotions. Les mots qu'il voudrait lancer sont remplacés par des larmes qu'il est incapable de contenir.

C'est là que Josée Legault prend la relève. Comme elle l'a fait pendant les années plus difficiles de celui qui sera toujours son « grand garçon ». Un deuxième garçon qui est arrivé dans la famille par surprise, car après avoir eu leur fils aîné Alex, le couple ne croyait pas que la famille s'élargirait.

« Jacques a supervisé le développement physique de Vincent. Il connaît le hockey. Il a beaucoup coaché et nos deux gars ont joué du gros calibre dans les rangs mineurs. Mais c'est moi qui me suis plus occupée des choses plus personnelles. C'est normal. C'était plus facile pour Vincent de me parler des choses qui le tracassaient hors de la patinoire que de le faire avec son père », qu'elle raconte.

Les ennuis psychologiques qui ont plusieurs fois mis Vincent Desharnais en échec sont connus. Le grand défenseur ne les a jamais cachés. Il en a toujours parlé et en parle toujours avec franchise et aplomb.

« Je n'ai aucune honte ou gêne de parler de ça. Ça fait partie de toutes les épreuves que j'ai dû surmonter depuis que je joue au hockey. Ça fait partie des choses qui m'ont rendu plus fort. Qui m'ont permis de me rendre à la Ligue nationale et de te parler à quelques heures de mon deuxième match de séries éliminatoires », que Vincent Desharnais m'avait défilé quelques heures avant que je croise ses parents.

Menacé par des partisans du CH

C'est parce qu'ils ont vécu et traversé avec leur fils toutes les épreuves qui ont miné son ascension vers la Ligue nationale, que Josée Legault et Jacques Desharnais admettent candidement avoir pleuré de joie lorsqu'ils ont vu leur fils sauter sur la patinoire à Anaheim le 11 janvier dernier.

Qu'ils ont pleuré encore le 12 février lorsque Vincent a disputé son premier match au Centre Bell lors de l'escale annuelle des Oilers.

Un match que le Canadien a gagné. Un match au cours duquel Vincent Desharnais a mis un terme à la saison d'Arber Xhekaj avec qui il s'est battu. Un match après lequel le grand défenseur a reçu des menaces violentes lancées par des partisans du Tricolore alors qu'il entrait dans un restaurant voisin du Centre Bell avec les autres membres de la grande équipe Vincent Desharnais.

« Encore là, c'est lui qui a pris le contrôle. Il est demeuré calme, il a parlé avec le monde et fait baiser la tension. Tout s'est bien terminé. Un autre signe que notre gars un peu fragile à l'adolescence est un homme solide aujourd'hui », lancent les deux parents en même temps.

Eh oui! Ils ont pleuré à nouveau lundi soir lors de son premier match en séries éliminatoires.

« On devrait être corrects ce soir », que Josée Legault s'est empressée d'ajouter. 

« C'est incroyable le nombre de souvenirs qui te passe par la tête quand tu vis des moments comme ceux qu'on a vécu à Anaheim, à Montréal et ici depuis le début de la semaine. Tout se bouscule dans nos têtes. Je pense à toutes les heures qu'il a passé à s'entraîner. Je pense à toutes les fois qu'il nous a dit qu'il ne lâcherait jamais et qu'il réaliserait un jour son rêve de jouer dans la Ligue nationale. Peu importe le temps que ça prendrait », défile Jacques Desharnais.

Je n'ai pas vérifié si le couple avait tenu promesse. Mais après la victoire de mercredi, Josée Legault et Jacques Desharnais affichaient de larges sourires de satisfaction en quittant le Rogers Place avec leur garçon.

Un coup de pouce de Gretzky

Au-delà tous les sacrifices qu'il s'est imposés et tout l'appui qu'il a reçu de ses parents et des autres membres de la grande équipe qui l'épaule, Vincent Desharnais a eu besoin d'un coup de pouce pour faire sa place dans le vestiaire des Oilers.

Ce coup de pouce initial est venu de Gretzky. Pas du grand Wayne, mais de son petit frère Keith, directeur général des Condors de Bakersfield, le club-école des Oilers dans la LAH.

Gretzky a plusieurs fois répété à Ken Holland et aux autres membres de l'état-major des Oilers que le défenseur qu'ils cherchaient afin de solidifier leur brigade était déjà au sein de l'organisation. Qu'il jouait à Bakersfield dans la Ligue américaine. Qu'il s'appelait Vincent Desharnais! Qu'il se remettait d'une opération à une main et qu'une fois complètement remis, il pourrait grandement les aider.

Cette insistance a valu à Vincent Desharnais l'appel lancé par les Oilers. Depuis, il a développé une grande complicité avec son partenaire de jeu Brett Kulak. Il jouit aussi de la confiance que lui voue Dave Manson, l'ancien défenseur de la LNH qui s'occupe de la brigade des Oilers à titre d'adjoint à Jay Woodcroft.

Et le voilà un membre à part entière des Oilers. Un défenseur qui effectue des présences régulières au sein du troisième duo et vers qui on se tourne pour écouler des pénalités.

Josée Legault et son mari Jacques n'ont pas suivi leur fils à Los Angeles. Ils sont plutôt rentrés à Laval. C'est là où le petit Vincent est devenu grand qu'ils attendront les messages de fiston avant et après ses prochains matchs.

Il n'est toutefois pas exclu que la maison de Laval déménage à nouveau vers Edmonton si les Oilers prolongent leur ascension vers la finale de la coupe Stanley.