Repêchage : les pires échanges des 25 dernières années

« On a un échange à annoncer... »

C'est bientôt ce temps. Le seul de l'année où Gary Bettman est applaudi par un public pendu à ses lèvres. Celui où il se présente au lutrin pour interrompre le cours normal du repêchage et révéler le coup de génie d'un directeur général... ou la pire gaffe d'un autre.

À l'aube de la première ronde, tenue vendredi Las Vegas, voici quelques-unes des pires transactions bouclées ces 25 dernières années sur le plancher du repêchage. 

Partisans des Islanders, on s'excuse.

2021 : Seth Jones aux Blackhawks

Chicago a obtenu : Seth Jones, un choix de 1re ronde en 2021 (Nolan Allan) et un choix de 6e ronde en 2022 (Dominic James).

Columbus a obtenu : Adam Boqvist, un choix de 1re ronde en 2021 (Cole Sillinger), un choix de 2e ronde en 2021 (Aleksi Heimosalmi) et un choix de 1re ronde en 2022 (David Jiricek). 

Sacrifier l'avenir pas si lointain pour une hypothétique percée en séries. Voilà essentiellement le pari que faisait à l'époque le directeur général des Hawks, Stan Bowman. Patrick Kane et Jonathan Toews n'étant plus dans la fleur de l'âge, le temps pressait pour le club de l'Illinois, écarté des éliminatoires lors de trois des quatre printemps précédents.

Ça n'a pas fonctionné.

Chicago n'a toujours pas accédé aux séries depuis l'arrivée du défenseur. Le futur de l'équipe est certes plus prometteur maintenant avec Connor Bedard, mais imaginez si le prodige pouvait aussi compter sur David Jiricek et Cole Sillinger à ses côtés pour ramener les Hawks au sommet...

2017 : Artemi Panarin aux Blue Jackets

Columbus a obtenu : Artemi Panarin, Tyler Motte et un choix de 6e ronde en 2017 (Jonathan Davidsson).

Chicago a obtenu : Brandon Saad, Anton Forsberg et un choix de 5e ronde en 2018 (Michael Callahan).

Pourquoi avoir renoncé si tôt à Artemi Panarin? Pour rapatrier Brandon Saad en plus? Voilà deux autres questions que vous pourriez poser à Bowman.

Au moment de la transaction, le Russe de 25 ans venait de conclure ses deux premières saisons en carrière dans la LNH avec 30 et 31 buts, s'appropriant le trophée Calder en 2015-2016. Deux éliminations successives au premier tour en 2016 et 2017 après une conquête de la coupe Stanley en 2015 ont toutefois suffi à convaincre Bowman qu'il valait mieux troquer la vedette en devenir.

Saad, qu'il avait échangé deux ans plus tôt pour respecter le plafond salarial, était la solution pour ramener la coupe, pensait-il.

Erreur. Grave erreur.

Depuis son départ de Chicago, Panarin a affiché une moyenne de points par match supérieure à 1,00 dans chacune de ses sept campagnes. En 510 matchs avec les Jackets et les Rangers de New York, il a amassé 630 points (204 buts, 426 passes), la cinquième meilleure récolte dans la LNH depuis qu'il a quitté Chicago.

Saad, lui, n'a pas atteint le plateau des 50 points en une saison depuis.

2015 : Griffin Reinhart pour Mathew Barzal

Edmonton a obtenu : Griffin Reinhart

New York a obtenu :  un choix de 1re ronde en 2015 (Mathew Barzal) et un choix de 2e ronde en 2015.

Les besoins des Oilers en défense ne datent pas d'hier. Leurs insuccès à les combler non plus. En obtenant l'ancien quatrième choix au total du repêchage de 2012, le club albertain pensait bien raffermir sa ligne bleue.

Reinhart n'aura finalement joué que 29 matchs dans l'uniforme des Oilers, évoluant principalement dans la Ligue américaine jusqu'en 2019 avant de traverser outre-mer pour y jouer ses trois dernières saisons chez les professionnels.

Barzal, que les Islanders ont sélectionné au 16e rang, est aujourd'hui leur joueur de concession. La sélection de deuxième tour également acquise dans la transaction a quant à elle été refilée au Lightning de Tampa Bay dans un échange qui aura au final permis aux Islanders de repêcher Anthony Beauvillier en première ronde de l'encan de 2015 (no 28). Le Québécois n'est peut-être plus dans l'organisation, mais il est un joueur établi dans le circuit Bettman.

2006 : Andrew Raycroft pour Tuukka Rask

Toronto a obtenu : Andrew Raycroft

Boston a obtenu : Tuukka Rask

Et dire que le pari risqué, ce sont les Bruins qui semblaient le prendre...

Au moment de la transaction, Rask évoluait chez les professionnels en Finlande après avoir été un choix de premier tour des Leafs en 2005 (21e). Raycroft venait quant à lui de remporter le trophée Calder deux ans auparavant. Malgré une saison à oublier en 2005-2006, les Leafs pensaient être en mesure de relancer le portier canadien.

Raycroft n'aura finalement été le gardien no 1 des Torontois que pour une campagne, jouant 72 matchs en 2006-2007 et ne parvenant pas à transporter son équipe jusqu'en séries.

Rask, lui, a joué 564 de saison régulière dans l'uniforme des Bruins, aidant ceux-ci à accéder à trois finales de la coupe Stanley et à la remporter en 2011. Sur une étagère quelque part dans son domicile repose aussi un trophée Vézina, gagné en 2014.

2001 : Alexei Yashin aux Islanders

New York a obtenu : Alexei Yashin

Ottawa a obtenu : Bill Muckalt, Zdeno Chara et un choix de 1re ronde en 2001 (Jason Spezza)

Les Sénateurs n'avaient pas le choix, ils devaient échanger Alexei Yashin. Mais allaient-ils être en mesure de maximiser la valeur du joueur qui leur avait fait faux bond pour la saison 1999-2000 avant de revenir à contre-cœur pour honorer la dernière année de son contrat?

Pas mal, oui.

Avant de se pointer à Long Island, le Russe a signé un pacte de 10 ans d'une valeur de 87,5 millions $, le plus lucratif de l'histoire de la LNH à l'époque. Après une première bonne saison, Yashin n'a fait que régresser, si bien que les Islanders ont fini par racheter son contrat en 2007.

Sélectionné au deuxième rang du repêchage de 2001, Jason Spezza a quant à lui pivoté le premier trio des Sénateurs pendant plusieurs années. Zdeno Chara s'est de son côté développé comme l'un des meilleurs défenseurs de son époque, avant de devenir un futur membre du Temple de la renommée du hockey dans l'uniforme des Bruins.

Bill Muckalt? Il n'a pas marqué le moindre but avec les Sénateurs. Mais qui s'en souvient?

2000 : Luongo et Jokinen en Floride

New York a obtenu : Mark Parrish et Oleg Kvasha

La Floride a obtenu : Roberto Luongo et Olli Jokinen

Pourquoi garder Roberto Luongo si on peut repêcher Rick DiPietro au tout premier rang et faire de lui notre gardien du futur? 

C'est la réflexion qui a conduit Mike Milbury à céder le porter québécois aux Panthers en compagnie du jeune Olli Jokinen, en retour de deux joueurs établis qui, croyait-il, amélioreraient sa formation.

Mark Parrish n'en était alors qu'à sa deuxième saison dans la LNH et, bien qu'il croyait en ses moyens, se doutait déjà qu'il passerait à l'histoire pour la mauvaise raison.

« C'est un mauvais échange! », se souvient-il d'avoir réagi en apprenant qu'il avait été acquis en retour de Luongo.

Parrish a joué 345 de ses 722 matchs en carrière dans la LNH avec les Islanders, récoltant 214 points durant cette période. Kvasha n'a quant à lui jamais récolté plus de 51 points en une saison avec les Islanders.

Intronisé au Temple de la renommée en 2022, Luongo a signé 230 de ses 489 victoires en carrière – le 4e plus haut total de l'histoire de la LNH – avec les Panthers. Jokinen est pour sa part le troisième meilleur pointeur de l'histoire du club floridien (419) derrière Aleksander Barkov (711) et Jonathan Huberdeau (613). 

1999 : le génie de Brian Burke

Concluons ce palmarès de façon positive en saluant le coup de maître réalisé par le directeur général des Canucks de Vancouver Brian Burke à la veille du repêchage de 1999.

Dans les heures qui ont précédé la première ronde, Burke a mis son plan à exécution de repêcher les jumeaux Daniel et Henrik Sedin en cédant d'abord Bryan McCabe et un choix de première ronde aux Blackhawks en retour de la sélection de premier tour de ces derniers, la quatrième au total.

Il a ensuite troqué celle-ci ainsi que d'autres choix au Lightning de Tampa Bay en retour du premier choix au total, qu'il a aussitôt refilé aux Thrashers d'Atlanta pour reculer son tour de parole au deuxième rang. 

Sachant qu'Atlanta ferait de Patrik Stefan le premier appelé sur l'estrade et qu'il était déjà muni de la troisième sélection, Burke avait ainsi le champ libre pour faire des Sedin des Canucks.