Se servir de la pression au lieu de la subir
COLLABORATION SPÉCIALE
Après seulement une semaine de jeu en séries éliminatoires dans la Ligue nationale de hockey, on peut facilement voir qu'on assiste à du hockey très différent de celui disputé en saison régulière.
Un style différent pour un ensemble d'éléments! Que ce soient les impondérables, les blessures, l'arbitrage plus permissifs, les séries quatre de sept qui développent inévitablement une relation amour-haine et de grandes rivalités, ou les ajustements continus dans le but de prendre avantage de l'adversaire. Tout ça donne droit à du hockey très différent!
Avant le début des séries, les équipes plus hautes au classement ont été classées favorites en lever de rideau, mais on a parfois tendance à oublier que certaines formations ont fait des pas de géants à la date limite des transactions, comme les Rangers de New York, entre autres.
Une notion que plusieurs observateurs de la scène, dont ma propre personne, ne devraient jamais perdre de vue c'est qu'une série quatre de sept nécessite quatre victoires pour avancer. On s'attarde trop souvent au résultat d'un seul et unique match.
Les expressions « rester dans le moment » et « ne pas paniquer de l'intérieur » doivent probablement être au cœur des discours des entraîneurs. Il faut trouver une façon d'éliminer les facteurs extérieurs dans la mesure du possible, et tout le négativisme entourant une défaite. Il faut immédiatement se concentrer sur le prochain match.
Il n'y a aucun doute que la nouvelle génération de hockeyeurs démontre pour la forte majorité des habiletés hors du commun grâce à la spécialisation, l'évolution dans l'encadrement et le développement individuel, les technologies avancées, peu importe la position pratiquée, mais aussi en raison de l'audace et de l'assurance de vouloir mettre en pratique les enseignements reçus.
Mais au-delà des qualités athlétiques et des habiletés individuelles, jouer et performer en séries éliminatoires demande et exige une grande maitrise des aptitudes psychologiques au niveau de la carte du mental. La fameuse expression « never too high never too low » fait foi de tout.
On se demande souvent ce qui se passe entre les deux oreilles d'un joueur de la LNH. On dit « qu'avant d'apprendre à gérer les individus, il faut apprendre à bien connaître les individus » question de maximiser le potentiel de tous et chacun à l'intérieur de leurs dominantes, sans les dénaturer. Voilà la grande force des bons entraîneurs!
Les premiers jours des présentes séries éliminatoires nous en ont déjà appris beaucoup chez certains joueurs. Pour l'instant, nous avons vu à plusieurs reprises l'équipe visiteuse l'emporter et il aurait pu être facile pour certains entraîneurs de céder à la panique, mais ils ont refusé de le faire.
Comment expliquer que Philip Danault (Los Angeles) et Jean-Gabriel Pageau (New York), deux joueurs bien connus de chez nous, carburent à ce type de match sans lendemain? Ils ont peur, mais ils aiment cela. Ils adorent cela! Ils deviennent même excités à l'idée de faire la différence. Ils prennent à cœur leur rôle de neutraliser les meilleurs éléments adverses et de leur entrer dans la tête.
Prendre le temps de bien analyser le comportement des hommes de hockey et des joueurs, autant dans leurs réactions, leurs comportements et leurs actions, demeure pour moi un aspect des plus fascinants du rôle d'observateur.
Juste de voir comment certains se sont relevés dans l'adversité ou dans l'échec du moment dans cette incapacité de satisfaire dans l'immédiat est très impressionnant! On a aussi pu voir qui a su faire preuve de « C-A-R-A-C-T-È-R-E », de confiance en soi et qui a su montrer la démarche à suivre pour obtenir des résultats différents. Le hockey de séries ce n'est pas donné à tous. Ça prend un « mental » d'acier.
Non mesurable, l'aspect mental demeure ô combien important dans la route à succès. J'ai l'impression trop souvent ici, on force les athlètes à s'entraîner encore et encore, sur la surface glacée ou en gymnase, mais on oublie de leur donner les outils nécessaires à la réussite sportive sur l'aspect psychologique! Ce n'est pas pour rien que les meilleurs athlètes au monde, peu importe le sport, ont toujours eu un énorme « mental toughness »!
Dans un contexte où le jeu devient de plus en plus un enjeu, l'art d'apprendre à gérer nos propres émotions et non son contraire dans l'action devient un facteur des plus déterminant.
Arbitrage et reprises vidéos : rien n'est pas parfait
Des êtres humains demeurent des êtres humains, et ce, même avec les avancés technologiques des dernières années. Les reprises vidéos, qui sont maintenant utilisées à outrance pour réduire le plus possible les situations d'erreur (obstruction envers les gardiens, hors-jeu, bâton élevé, etc.), demeurent quand même encore et toujours sous la responsabilité d'êtres humains.
En contrepartie, le jugement demeure le jugement dans cette vitesse du jeu qui demeure incroyable au niveau de la surface glacée. Les officiels doivent être servis par une carapace hors de l'ordinaire vis-à-vis la critique des joueurs, des entraîneurs, etc.
Il y a encore quelques entraîneurs dans le circuit Bettman qui n'ont toujours pas compris qu'il faut choisir ses batailles et choisir les bons moments qui valent la peine de défendre certains points.
Critiquer sur tout ou sur rien ne fait que placer leur propre formation dans une situation de vulnérabilité. Une notion que devraient comprendre, il me semble, davantage d'entraîneurs du circuit. Ces derniers devraient faire preuve d'une meilleure gestion de leur tempérament dans les moments de fortes chaleurs.
Dans un cas contraire, ils devront tout simplement faire avec, et ce, à défaut de comprendre que dans certains moments critiques cela les affectera et les pénalisera par des appels, ou non-appels, pour leur équipe.
Choisir ses batailles dans sa gestion des émotions ne pourrait qu'être utile et bénéfique à certains, surtout dans un contexte où les attentes sont extrêmement élevées.
Le plus important demeure la façon d'interpeller les officiels, si l'on souhaite le faire, sinon « qui vit par l'épée périra par l'épée »!
À suivre!