DENVER - À 23 ans, à sa troisième saison seulement dans la LNH, Cale Makar a confirmé, cette année, sa place parmi les meilleurs défenseurs du circuit.

 

Ses 28 buts l’ont propulsé au premier rang de la Ligue chez les défenseurs. Ses 86 points l’ont hissé au deuxième rang, 10 points derrière Roman Josi qui a connu une saison magistrale avec les Predators à Nashville.

 

Quatrième sélection du repêchage de 2017 – Nico Hischier a été repêché au premier rang par les Devils, Nolan Patrick au deuxième par les Flyers et Miro Heiskanen au troisième par les Stars – Cale Makar est devenu le premier défenseur de la LNH à enfiler au moins 25 buts et à ajouter aux 55 passes en saison régulière depuis Al MacInnis en 1990-1991.

 

En séries, Makar a tellement attiré l’attention avec ses performances hors du commun qu’il n’est plus seulement considéré comme l’un des meilleurs défenseurs de la LNH, mais bien comme l’un des meilleurs joueurs du circuit.

 

Rien de moins!

 

Mais il y a plus. Mais il y a mieux.

 

Après avoir éclipsé Roman Josi en première ronde des séries avec une production historique de trois buts et 10 points dans le cadre du balayage réalisé par l’Avalanche aux dépens des « Preds », Makar a été décrit comme le meilleur défenseur depuis les années de gloire de Bobby Orr qui est non seulement considéré comme le meilleur défenseur de tous les temps, mais peut-être aussi le meilleur joueur, un point c’est tout.

 

Est-ce trop? Est-ce trop vite? Le temps nous le dira.

 

Mais les statistiques offensives de Makar ouvrent la porte à ce genre de comparaison, aussi prématurée et peut-être un brin exagérée soit-elle.

 

Avec ses 12 buts et 53 points récoltés après 50 matchs de séries éliminatoires en carrière, Makar présente une moyenne de 1,06 point récolté par match.

 

Bobby Orr est le seul défenseur de l’histoire – minimum de 40 matchs disputés – à le devancer avec une moyenne de 1,24 point récolté par partie. Brian Leetch occupe le troisième rang avec une production moyenne de 1,02 par partie.

 

Après 15 matchs éliminatoires cette saison, Cale Makar revendique déjà cinq parties au cours desquelles il a récolté trois points ou plus. Pour donner une idée de l’envergure de cette statistique, Makar partage le deuxième rang de l’histoire – chez les défenseurs – avec Denis Potvin qui a réalisé l’exploit en 1981. Paul Coffey occupe la première place avec six parties de trois points ou plus lors des séries disputées au printemps 1985 avec les Oilers d’Edmonton.

 

Autre fait saillant éloquent : les cinq points (un but) amassés par Makar lors de la quatrième et dernière partie de la finale de l’Ouest que l’Avalanche a gagnée aux dépens des Oilers d’Edmonton représentent un record de la LNH dans le cadre d’un match décisif.

 

Duel Hedman-Makar

 

En première ronde, Cale Makar a éclipsé Roman Josi, l’un de ses deux rivaux dans la course au trophée Norris remis au meilleur défenseur de la dernière saison.

 

Voilà qu’en grande finale, Makar croise son deuxième rival dans la course au Norris: Victor Hedman.

 

Bon! Le duel entre les deux défenseurs n’aura aucun impact sur les résultats de la course au trophée Norris que Makar pourrait ajouter au trophée Calder qu’il a reçu au terme de sa première saison avec l’Avalanche. Les votes ont déjà été dépouillés et les résultats seront dévoilés à Tampa le 21 juin prochain.

 

Mais ce duel pourrait permettre à Makar de dépasser celui qui est considéré par plusieurs comme le meilleur défenseur de la LNH en ce moment.

 

Mercredi, lors du premier match de la finale, le jeune défenseur a d’ailleurs gagné la première manche de ce duel l’opposant au vétéran Hedman.

 

Vrai que le géant défenseur a récolté une passe alors que Makar a été blanchi dans la victoire de 4-3 arrachée en prolongation par l’Avalanche. Mais en épiant étroitement le travail des deux défenseurs, on a relevé beaucoup plus de mauvais jeux, de revirements, de passes ratées et de positionnement un brin défaillant en zone défensive de la part de Hedman que de la part de celui qui est en voie de le dépasser.

 

Hedman a été pris hors position sur le but de la victoire marqué par Andre Burakovsky après que le défenseur phare du Lightning eut raté une sortie de zone et que son jeune coéquipier Mikhail Sergachev eut lui aussi perdu la rondelle en zone du Lightning.

 

Makar a pêché lui aussi. Il s’est laissé hypnotiser par Nikita Kucherov qui a fait de la magie pour préparer le deuxième but des « Bolts » marqué par Ondrej Palat.

 

« J’ai été paresseux sur ce jeu alors que je ne suis jamais revenu protéger l’enclave. J’ai manqué de concentration et ça ne devra plus se reproduire », a admis le jeune arrière qui affiche la maturité d’un vétéran comptant 10, 12, 15 saisons dans la LNH.

 

Makar a aussi vu les neuf tirs qu’il a décochés être bloqués en défensive (six) ou rater la cible (trois). Ce qui ne l’empêchera pas de tirer autant que possible samedi lors du deuxième match de la finale.

 

«Il faut donner le crédit qui revient au Lightning. Ils jouent très bien défensivement. Il faudra prendre les moyens pour que les rondelles ne soient pas bloquées en première ligne, mais en même temps il est parfois plus propice de distribuer la rondelle que de tirer. Nous prendrons les moyens pour être plus efficaces», a assuré Makar.

 

Meilleur duo du circuit

 

Cale Makar est-il déjà meilleur que Victor Hedman? Que Roman Josi? Est-il vraiment déjà, à 23 ans, ce qui se rapproche le plus de l’illustre Bobby Orr?

 

Les réponses fluctueront selon le niveau de partisanerie des uns et des autres.

 

Ce qui est indéniable toutefois, c’est que Makar et son extraordinaire partenaire de travail composent le meilleur duo de défenseur de la LNH.

 

Du moins à mes yeux.

 

Tapi dans l’ombre de son jeune coéquipier, Devon Toews est une véritable force tranquille. Il complète à merveille son partenaire qui ne comprend d’ailleurs pas pourquoi toute l’attaque est concentrée sur lui alors que son Toews méritait autant d’attention.

 

« Devon est l’un des meilleurs défenseurs de la Ligue. Il l’est à mes yeux en tout cas. Et son nom devrait être mentionné bien plus souvent dans la course aux honneurs individuels», que Makar m’a répondu lorsque je lui ai demandé, mardi, lors de la grande journée médiatique, de me parler de son coéquipier.

 

« Il est bon dans toutes les facettes du jeu. Nous formons vraiment un duo qui se complète parfaitement. Il est l’un des grands responsables de nos succès en saison et depuis le début des séries. »

 

Acquis des Islanders de New York en octobre 2020 en retour de deux choix de deuxième ronde – l’un en 2021 et l’autre sera sélectionné en juillet à Montréal – Toews s’est épanoui au Colorado.

 

Moins productifs offensivement que son coéquipier – 13 buts, 57 points en 66 matchs pour Toews, 28 buts, 86 points en 77 parties pour Makar – Devon Toews affiche un différentiel de +2. Conjointement, Toews et Makar affichent un différentiel de +100. S’il est vrai que les plus et les moins n’indiquent pas toujours la vérité et juste la vérité, mieux vaut être +100 que -100 mettons…

 

À 28 ans, ce choix de quatrième ronde (108e sélection) en 2014 fait bien mal paraître les Islanders qui l’ont laissé partir parce qu’il devait réduire leur masse salariale et aussi pour faire une place à Zdeno Chara.

 

Et Devon Toews ne s’offusque pas le moins du monde d’évoluer dans l’ombre de Makar.

 

«Ça aide énormément de jouer avec Cale et pour être bien franc j’aime bien cette situation où j’ai moins d’attention que lui», a admis Toews.

 

Aussitôt réunis, Makar et Toews ont rapidement développé une complicité qui, combinée à leur talent respectif, leur permet de composer l’un des meilleurs duos de la LNH. Peut-être le meilleur.

 

« Ce n’est pas comme si j’étais le seul à appuyer l’attaque alors que Devon demeure en arrière. Nous aimons tous les deux foncer en zone offensive. Orchestrer des attaques. Décocher des tirs. Nous avons vite appris à bien anticiper les intentions de l’autre afin d’éviter d’abandonner notre rôle premier qui est de défendre notre territoire », a indiqué Cale Makar.

 

Entraîneur-chef de l’Avalanche, Jared Bednar assure que ses défenseurs ont toujours le feu vert pour appuyer l’attaque. Un privilège qui s’étend à tous les arrières et pas seulement aux membres du premier duo. «C’est clair que Cale et Devon en profitent plus qu’un Jack Johnson. Mais ils ont tous le droit de foncer et c’est aux attaquants d’être alertes et de voir quand il est temps pour l’un d’entre eux de prendre la relève en défensive.»

 

Lors du premier match mercredi, Cale Makar a effectué 33 présences totalisant 28 min 50 s d’utilisation. Il a été, et de loin, le joueur le plus utilisé des deux équipes.

 

Toews a effectué le même nombre de présences, mais a passé trois minutes de moins sur la glace. Ses 25 min 36 s d’utilisation sont quand même supérieures à toutes les utilisations des joueurs du Lighnting.

 

En 15 matchs depuis le début des séries, Makar a connu 12 matchs de 25 minutes et plus. Toews : 10.

 

Cale Makar a disputé huit matchs de 28 minutes d’utilisation et plus; quatre de 29 minutes et un de plus de 30 minutes. Devon Toews a disputé trois matchs de 28 minutes et plus, deux de 29 et plus et un de 30 et plus.

 

Dire qu’ils sont toujours sur la patinoire n’est presque pas exagéré.

 

Débarqués devant les journalistes vendredi matin après l’entraînement de l’Avalanche, Devon Toews et Cale Makar ont affiché un brin d’hésitation lorsque je leur ai demandé de dévoiler la meilleure qualité de leur partenaire de travail et un défaut, s’il y en avait un à souligner.

 

« Sur ou à l’extérieur de la patinoire? Car si c’est hors de la patinoire, je ne saurais pas par où commencer », a lancé Toews en riant.

 

« Ce qui m’impressionne le plus avec Cale c’est à quel point il affiche toujours la même détermination dans tout ce qu’il fait sur la glace, peu importe que ce soit dans le cadre d’un entraînement ou d’un match. Il est pleinement engagé tous les jours », a ensuite ajouté le défenseur évoluant à la gauche de ce duo.

 

Affichant un sérieux qui n’est pas sans rappeler celui de Jonathan Toews, le capitaine des Blackhawks de Chicago, Cale Makar a aussi souligné l’engagement de son coéquipier. «Je pourrais défiler des tas de qualités, mais la constance dans l’engagement et dans notre façon de jouer est essentielle pour obtenir du succès. Quand on saute sur la patinoire, je sais que je profiterai de l’engagement total de mon partenaire.»

 

Et le ou les défauts?

 

« Je vais me garder une petite gêne », a conclu Devon Toews en quittant rapidement la table d’entrevue…