Un Québécois aux quatre coins de l'Amérique pour la coupe Stanley
Karl Sigouin flotte encore sur un nuage, quelques jours après l'épopée renversante qu'a été la finale de la coupe Stanley entre les Panthers de la Floride et les Oilers d'Edmonton.
Si un méga partisan de hockey prétend avoir vécu de plus près que lui cette confrontation, le Québécois de 35 ans aimerait bien lui échanger quelques mots.
« À l'été 2023, j'ai fait le voyage vers Vegas et j'ai vu les Golden Knights soulever la coupe. Le match et l'événement qui entoure ça avaient été tellement cool, ça m'avait marqué. Quand j'ai vu que les Panthers se dirigeaient vers un retour en finale, je me suis dit que je n'allais pas passer à côté de ça. »
Durant les deux semaines sur lesquelles s'est échelonnée la dernière étape menant les Panthers au premier championnat de leur histoire, le jeune père de famille a multiplié les vols entre la Floride, le Québec et l'Alberta, au point d'être le témoin privilégié des prouesses répétées d'Aleksander Barkov, Connor McDavid et compagnie un grand total de... six fois.
Vous avez bien lu. Entre le 8 et le 24 juin, il n'y que le match no 3 de la finale, à Edmonton, qui ait échappé au palmarès de Karl Sigouin.
Karl SigouinRevenu à la maison après les deux premières rencontres à Sunrise – « l'ambiance et le niveau de jeu étaient très bons, mais on voyait que les deux clubs revenaient d'une longue pause » – il n'a fait ni une ni deux en voyant que les Panthers s'étaient approchés à un succès de la coupe, et s'est envolé vers l'Ouest canadien, bien déterminé à être du match no 4 au Rogers Place, et ce, même s'il n'avait pas encore déniché son billet.
S'il ne se savait pas partisan des nouveaux champions il y a un an à peine, il s'approche maintenant drôlement du statut de « fan no 1 ».
Affublé de sa casquette surdimensionnée et de ses chaînes tout aussi imposantes aux couleurs des félins, disons que Sigouin avait le look idéal qu'on le distingue dans la foule. Se sont ajoutés à sa garde-robe les Crocs des Panthers, ainsi que la réplique – en édition limitée produite en 50 copies – du précieux trophée.
Un marché de vendeur
Doté d'une connaissance intime de l'univers immobilier, Sigouin dresse avec une pointe d'humour un parallèle entre celui-ci et le marché des billets en séries éliminatoires.
« Le plus souvent, je me servais de la plateforme Ticketmaster 4 ou 5 heures avant les matchs pour l'achat des billets. Si tu te montres assez patient, tu vas mieux t'en tirer dans ce qui est vraiment un marché de vendeur », a-t-il relaté.
« Après la victoire d'Edmonton en Floride dans le match no 5, la demande était folle. Le momentum était du côté des Oilers, et ça se reflétait dans le coût des billets. J'étais dans le West Edmonton Mall et je surveillais les prix de minute en minute. C'est à ce moment que j'ai aperçu une paire de billets disponibles tout près du banc de McDavid. J'ai voulu confirmer la transaction, mais tabarouette, le site me prenait pour un robot! On m'a bloqué, sous prétexte qu'il y avait quelque chose de louche avec ma connexion », a-t-il raconté en riant.
La paire de billets convoitée a finalement pu être achetée par l'entremise de StubHub, une plateforme rivale. Rejoint par un ami – arrivé à bord d'un Uber en provenance de Calgary après que son avion eut atterri en retard –, Karl Sigouin a pu savourer l'ambiance démente du sixième duel, de même que toute l'intensité relative à un match aux enjeux aussi élevés.
Karl Sigouin« Le stade était tellement bruyant pour le match no 6. Pour te donner une idée, je crois vraiment que ce soir-là, le [Rogers Place] faisait plus de bruit que le Centre Bell! »
Ayant observé les partisans des Panthers lors de chacun des quatre affrontements au Amerant Bank Arena, Siguouin a perçu que leur attitude empreinte de confiance avait laissé place au doute dans les minutes précédant le match ultime.
« Heureusement, les Panthers ont joué avec beaucoup d'intensité dès la première minute. Ça s'est tout de suite vu que ce n'était pas le même club que dans les trois matchs précédents (...) J'étais hyper émotif à la fin, et quand ils ont marqué. C'était magique! »
Conscient que sa profession et le fait de compter sur un entourage œuvrant dans le secteur immobilier et basé en Floride ont contribué à rendre possible cette aventure trépidante, le jeune homme concède qu'il n'a pas lésiné sur les dépenses.
« À lui seul, le match no 7 m'aura coûté environ 16 000 $, dévoile-t-il en toute transparence. En tout, j'estime que j'ai déboursé quelque part autour de 85 000 $ pour vivre ça. »
Sigouin précise immédiatement que dans son cas précis, il faut regarder au-delà des factures engendrées.
« Oui, c'est une somme d'argent importante. Mais il y a les connexions que j'ai pu faire durant cette aventure… De rencontrer des passionnés de hockey et d'affaires. Au plan du réseautage, ça crée des liens très forts! »
Karl Sigouin n'exclut pas de refaire le plein d'émotions fortes si les Panthers devaient connaître le même genre de succès lors des séries de 2025.
« Ils ont vraiment fait de moi un grand partisan avec ce parcours-là! Je suis maintenant un super fan aux yeux des Snowbirds qui sont amateurs de hockey là-bas », plaisante-t-il.