Repêchage de la LNH : un rôle différent pour Émilie Castonguay
Comme elle en a l'habitude depuis plusieurs années, Émilie Castonguay assistera au repêchage de la Ligue nationale de hockey qui sera présenté à compter de demain soir au Centre Bell.
La Québécoise ne sera cependant pas dans les gradins en compagnie des joueurs que son ex-agence représente, mais à la table des Canucks de Vancouver en tant que directrice générale adjointe. Peu importe le titre, la jeune femme sait que les deux prochains jours seront excitants.
« Ça va être différent d'habitude, mais ça va être le fun à la table, car personne ne sait ce qui va se passer, a déclaré Castonguay en visioconférence mercredi. Nous travaillons très fort depuis plusieurs mois et nous espérons que nous pourrons réclamer les joueurs sur nos listes. »
« Quand tu es agent, tu as des joueurs qui sont repêchés par différentes équipes, alors que là, c'est vraiment l'aboutissement de tout le travail que nous avons effectué avec nos dépisteurs. »
Depuis sa nomination le 24 janvier dernier, le quotidien de Castonguay est tout sauf tranquille. Il faut dire que ce n'est pas exactement le travail qui manque chez l'ancien club de Jyrki Lumme.
Les Canucks ont raté les séries éliminatoires à six reprises au cours des sept dernières saisons, et en excluant un soubresaut pendant l'imprévisible campagne 2019-2020, ils n'ont pas remporté une ronde depuis leur défaite en finale de la Coupe Stanley contre les Bruins de Boston en 2011.
« J'ai été embauchée avant la date limite des transactions en mars et la plupart des membres de la direction n'avaient jamais travaillé ensemble auparavant. Nous devions d'abord apprendre à nous connaître et ensuite commencer rapidement à évaluer l'équipe, a mentionné Castonguay.
« Il fallait également regarder les contrats qui allaient venir à échéance, préparer le repêchage et apprendre à connaître les recruteurs... tout en changeant la culture que nous souhaitions mettre en place. Ç'a été un travail qui s'est construit brique par brique. Ça n'arrête jamais! »
La courbe d'apprentissage pourrait sembler ardue pour quiconque ne gravite pas dans ce milieu, mais la principale intéressée assure que son passé l'avait adéquatement préparé pour ce défi.
« Je n'ai pas vécu de surprises en tant que telles, mais d'être de l'autre côté de la table me donne une nouvelle perspective, a dit Castonguay. Les priorités et défis ne sont pas les mêmes.
« En tant qu'agent, tu souhaites toujours obtenir la meilleure entente pour tes clients, mais comme équipe, les enjeux sont évidemment complètement différents. Le fait d'avoir été agente me permet de connaître le processus et surtout de mettre toutes les choses en perspective. »
L'arrivée de Castonguay s'est également déroulée dans un contexte particulier, puisqu'elle ne s'est pas intégrée à une équipe déjà en place. Les Canucks avaient en effet fait table rase avant d'embaucher le vétéran Jim Rutherford à titre de président des opérations hockey. S'est ensuite notamment greffé le directeur général Patrick Allvin, un ancien adjoint de Rutherford chez les Penguins de Pittsburgh, et la directrice générale adjointe Cammi Granato, une ex-joueuse.
« Jim est incroyable. Il nous laisse faire notre travail et supporte chacune de nos décisions et de nos idées. Sa force, c'est de se servir de son expérience pour nous amener à toujours penser plus loin, a raconté Castonguay. Nous sommes en train de bâtir quelque chose de spécial. »
La nomination de Castonguay avait suscité énormément d'intérêt en janvier, étant donné qu'à ce moment-là, aucune femme n'occupait de telles fonctions dans la Ligue nationale de hockey. Depuis, Cammi Granato (Canucks), Meghan Hunter (Blackhawks de Chicago), Hayley Wickenheiser (Maple Leafs de Toronto) et Kate Madigan (Devils du New Jersey) l'ont rejointe.
« J'imagine que j'ai été le premier domino qui devait tomber pour briser le plafond de verre, a indiqué Castonguay. Il y a beaucoup de femmes qualifiées pour occuper ces postes et tant mieux si mon embauche a ouvert des portes à d'autres. Cela dit, tout le crédit revient à Jim.
« Mais honnêtement, j'ai hâte qu'on passe à un autre appel. Je comprends que c'est un passage obligé, mais j'ai toujours pensé que c'était juste une question d'engager du monde compétant. »
Parlant d'autre appel, le marché des joueurs autonomes s'ouvre la semaine prochaine. Avec une marge de manœuvre d'un peu plus de deux millions $ US au moment d'écrire ces lignes, les Canucks devront faire preuve de créativité pour renverser la tendance des dernières années.