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Catherine Dubois : nouvelle réalité, même mentalité

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MONTRÉAL – Depuis ses années d'université, Catherine Dubois passe ses étés dans le coin de Québec pour bosser dans l'entreprise familiale. Son père est propriétaire d'une compagnie de maçonnerie. C'est un labeur dur, salissant, éreintant.

Entre ses saisons avec les Carabins de l'Université de Montréal, Dubois pouvait se réveiller à 4 h 30 pour aller s'entraîner avant de se diriger vers les chantiers. Même l'hiver dernier, au début de sa première saison dans la LPHF, alors qu'elle s'accrochait à sa place au sein de l'équipe montréalaise dans un rôle de réserviste, il lui arrivait de faire l'aller-retour sur l'autoroute 20 pour aller « faire des heures » dans le vrai monde. Financièrement, elle n'avait pas le luxe de s'en passer.   

Cet été, Dubois a décidé de changer le script et de revenir plus tôt qu'à l'habitude à Montréal. Elle y est rentrée la semaine dernière et y restera jusqu'au prochain camp d'entraînement.

Quotidiennement, elle profite d'un accès au gymnase où s'entraînent d'autres coéquipières comme Marie-Philip Poulin, Laura Stacey et Kristin O'Neill. Elle est aussi sur la glace pour trois ou quatre séances par semaine.

« Je suis rendue à un âge où c'est tout ou rien, explique celle qui fêtera son 29e anniversaire le 29 juillet. Dans le sens que si c'est pour être ma dernière année comme joueuse de hockey, je voulais vraiment mettre toutes les chances de mon côté pour performer. On dirait que dans ma tête, je n'ai pas atteint mon plein potentiel encore et j'aimerais vraiment voir c'est quoi. »

Sa décision de Dubois coïncide avec l'annonce qui nous a incité à aller à sa rencontre lundi. L'attaquante a signé un nouveau contrat d'une saison avec l'équipe toujours sans nom de Montréal. Elle est la troisième membre de l'édition 2024 à être reconduite par la directrice générale Danièle Sauvageau depuis l'ouverture du marché des joueuses autonomes et l'une des neuf attaquantes présentement sous contrat pour la prochaine saison.

Néanmoins, Dubois n'a pas rangé son casque et ses bottes de travail prématurément sans avoir eu de longues conversations avec son cercle rapproché. Le fait d'avoir un contrat en poche ne signifie pas qu'elle roule sur l'or. Elle est propriétaire d'un condo à Québec dont elle hésitait à se départir. Sans la bénédiction de ses parents, on ne l'aurait pas vu à Verdun avant l'automne.

« C'est vraiment une décision d'équipe que je sois ici. S'ils m'avaient dit que ce n'était pas possible, je n'aurais pas pu être ici », reconnaît celle qui dit avoir une « armée » derrière elle.

« Je me sens vraiment choyée de me lever le matin et de ne pas avoir à aller travailler. C'est vraiment spécial pour moi. »

Aucune garantie

Depuis qu'elle pratique son sport à un haut niveau, Dubois n'a jamais été le genre de joueuse qui pouvait dormir tranquille et s'asseoir sur son succès.

Lundi, un journaliste lui a demandé si elle avait pu imaginer, pendant qu'elle jouait dans les rangs universitaires, qu'elle signerait un jour un contrat dans une ligue professionnelle. « Jamais je n'aurais pu le croire, a-t-elle répondu. Mes années d'université ont été très dures mentalement. Je ne remercierai jamais assez mon entraîneuse, Isabelle Leclerc, qui a changé ma vie. Je ne sais pas où je serais sans elle. »

À la fin de son parcours avec les Carabins, Dubois a joué deux saisons écourtées dans des événements organisés par l'Association des joueuses, puis une saison avec la Force de Montréal dans la défunte Premier Hockey Federation (PHF).

Quand la LPHF a pris naissance, elle croyait devoir se résigner à accrocher ses patins. Elle a été ignorée au repêchage inaugural de la nouvelle ligue, mais a reçu une invitation au camp d'entraînement de l'équipe de Montréal. Elle y a décroché un contrat de réserviste qui ne lui permettait de jouer que pendant deux séquences de dix jours dans la saison. Ses bonnes performances combinées à l'accumulation de blessées lui ont finalement valu un contrat régulier.

Cette belle progression ne lui apportait toutefois aucune garantie pour la saison suivante, tout comme le pacte qu'elle vient de signer, à ses yeux, n'est accompagné d'aucune promesse.

« C'est sûr que je me sens soulagée d'avoir un contrat. Mais c'est tellement un sport compétitif et il y a tellement de filles qui peuvent faire l'équipe, il y a tellement de talent, que c'est sûr qu'il faut toujours travailler plus fort. Je suis soulagée d'avoir ce contrat-là, mais ça ne veut rien dire dans un sens qu'il faut que je continue à travailler et que j'arrive prête au camp. »

Pour rester connectée au sport qu'elle aime tant, Catherine Dubois a toujours dû bûcher et rester sur un pied d'alerte. Ce n'est pas maintenant qu'elle a signé son nom sur un bout de papier qu'elle s'assiéra sur ses lauriers.

« Ce qui me dit que je ne vais pas le faire, c'est que toute ma vie j'ai dû travailler pour ce que j'ai eu. Même si j'atteignais un certain plateau, j'avais toujours quelque chose de plus haut à agripper. […] Il va toujours y avoir quelqu'un de meilleur que toi, quelqu'un de plus vite que toi. Tu ne peux pas vraiment t'asseoir. Va voir Marie-Philip Poulin dans le gym. C'est la fille qui travaille le plus fort et c'est la meilleure au monde. C'est impossible de pouvoir s'asseoir quand t'es une joueuse comme moi. »