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Conciliation hockey-famille : une mission possible

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Le 1er juillet 2023, la vie de Kendall Coyne Schofield change à jamais. Rien à voir avec l'annonce, dans les heures précédentes, de la création d'une nouvelle ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) pour laquelle elle milite depuis plusieurs années. L'Américaine amorce le plus beau des chapitres en donnant naissance à son premier enfant, un fils appelé Drew.

Six mois plus tard, Schofield brille par son absence au tournoi présaison de la LPHF à Utica, dans l'État de New York. Même si elle a repris l'entraînement de façon assidue, la vedette de l'équipe du Minnesota est demeurée à la maison pour prendre soin d'elle et de son fils, une décision entièrement approuvée et encouragée par sa nouvelle directrice générale.

« Nous lui accordons plus de temps à la suite de son accouchement. Le but est qu'elle soit prête pour le premier match de la saison le 3 janvier », explique Nathalie Darwitz.

Natalie Spooner sait ce que ça signifie de revenir au jeu quelques mois après un accouchement. Son garçon Rory est né le 6 décembre 2022. En avril 2023, elle remportait l'argent avec le Canada au Championnat du monde.

« Ce n'est pas difficile de jouer au hockey et d'être une mère. Ça demande seulement beaucoup de planification. »

La triple médaillée olympique insiste aussi sur l'appui crucial de son entourage. Les images de fiston dans les bras de sa grand-maman ont beaucoup circulé durant le tournoi à Brampton.

« Ma mère et mon mari sont de grands supporters. Ils s'occupent tout le temps de Rory. Quand je suis à l'aréna, je peux me concentrer à jouer au hockey et quand je retourne à la maison, je suis une maman. »

Nouvelle ligue, nouveaux avantages

En s'absentant des matchs préparatoires à Utica, Coyne Schofield ne profite pas d'un traitement privilégié parce qu'elle est une joueuse étoile. La convention collective de la LPHF inclut plusieurs clauses qui visent à faciliter la conciliation hockey-famille.

Pour la première fois, les joueuses pourront profiter d'un congé de maternité, qu'elles aient porté l'enfant ou non. Celles qui voyageront avec un bambin de moins de trois ans pourront obtenir une chambre d'hôtel individuelle, plutôt que de la partager avec une coéquipière. Les organisations doivent également fournir un endroit adéquat pour l'allaitement, autre qu'une salle de bain.

« On a voulu lancer le message : "Si tu as eu un enfant, que tu peux encore jouer à ce niveau et que tu veux t'investir, tu pourras le faire." C'était important de créer un environnement propice », a laissé entendre fièrement Danièle Sauvageau, DG de l'équipe de Montréal.

Son homologue de la formation torontoise, Gina Kingsbury, abonde dans le même sens.

« On doit comprendre la complexité de prendre soin d'un enfant. Je trouve ça beau. C'est surréel de penser qu'on a maintenant une convention collective qui s'occupe des athlètes et de leur situation personnelle. »

La directrice générale sera aux premières loges de ces accommodements, elle qui a repêché Spooner en quatrième ronde lors de la séance de sélection de la LPHF en septembre dernier.

« Rory vient à l'entraînement avec sa mère. Comment peut-on faciliter la vie de Spooner pour qu'elle joue encore plusieurs années sans penser que c'est difficile de gérer une famille en même temps? »

De la musique aux oreilles de la joueuse ontarienne qui considère que ces nouvelles mesures, à commencer par le congé de maternité, enlèveront un fardeau sur les épaules de celles qui songent à fonder une famille.

« Des fois, on devient maman et on pense que c'est tout ce que l'on doit faire. Le support de la ligue prouve que tu peux faire les deux : être une mère et jouer au hockey au plus haut niveau. Je pense qu'il va y avoir beaucoup plus de filles qui vont devenir mères et c'est incroyable! »

Kingsbury est aussi convaincue que cette meilleure conciliation entre le hockey et la vie personnelle inspirera une nouvelle génération de jeunes filles qui espèrent faire carrière au hockey, que ce soit sur la glace ou dans les postes de gestion.

Au Minnesota, Coyne Schofield continuera de prouver que les barrières sont faites pour être brisées. Sa directrice générale sera sa première alliée pour lui permettre de conjuguer ses rôles de maman et de leader sur la patinoire.

« Sortons des sentiers battus et assurons-nous que ça fonctionne pour tout le monde » conclut Darwitz.

Innovation et inclusion : la première saison de la LPHF n'est pas encore commencée, mais le ton est déjà donné.