La Victoire à Boston pour un match de six points
MONTRÉAL – Maintenant que toutes les équipes de la LPHF ont entre cinq et sept matchs à jouer avant la conclusion de la saison, le classement offre une lecture de plus en plus limpide des enjeux que recèle chacun des duels à l'affiche dans le dernier droit du calendrier.
Prenez le match de ce soir entre la Victoire de Montréal et le Fleet de Boston. Pas besoin de s'approcher de son écran en plissant les yeux bien longtemps pour en comprendre l'importance. Un bref coup d'œil suffit.
La Victoire a longtemps semblé à l'abri du danger en tête du tableau. Ses succès répétés combinés aux matchs en main qu'elle détenait sur ses rivales légitimaient ses espoirs de filer sans opposition vers la conquête du championnat de la saison régulière. Mais la donne a changé. L'équipe s'est mise à échapper des points et d'autres en ont profité pour gagner du terrain.
Si bien que le Fleet n'est qu'à six points du premier rang. Dans une ligue où une victoire en temps réglementaire vaut trois points, le calcul est simple. Demain matin, les Montréalaises pourraient s'être éloignées à neuf points de leur plus proche opposition, ou elles pourraient sentir dans leur cou le souffle chaud de la rétrogradation.
« Ah, je ne savais même pas... », a répondu Marie-Philip Poulin, faignant l'ignorance, quand ces scénarios lui ont été présentés avant le départ pour le Massachusetts lundi. La boutade de la capitaine portait un message clair : les scénarios hypothétiques peuvent aider les journalistes à raconter leur histoire, mais ils n'aideront pas son équipe à gagner des matchs.
« Ça fait partie du jeu, il faut savoir où on est et contre qui on joue, a-t-elle ajouté plus sérieusement À la fin de la journée, le classement, c'est le classement. C'est à nous de se concentrer un match à la fois et aller de l'avant. »
« C'est un gros match pour nous, a reconnu l'entraîneuse-chef Kori Cheverie. Il y a des choses qu'on veut corriger dans notre jeu, des détails sur lesquels on veut vraiment se concentrer. Contre Boston, qui nous donne toujours du fil à retordre et qui semble toujours nous traîner en prolongation, on veut aller chercher trois points. On veut établir notre plan de match, travailler plus fort qu'elles et trouver le fond du filet, ce qui peut être difficile à faire contre [Aerin] Frankel. »
Organiquement, la Victoire et le Fleet se sont retrouvés liés par l'une des premières rivalités naturelles à s'être formées depuis la création de la LPHF. L'an dernier, Boston a sorti Montréal des séries grâce à trois victoires consécutives en prolongation. Cette saison, trois des quatre matchs entre les deux clubs ont nécessité du temps supplémentaire.
La Victoire a triomphé une fois à la régulière et deux fois en prolongation. Le Fleet a prévalu une fois en tirs de barrage.
« J'ai l'impression que chaque fois qu'on affronte Boston, on a des comptes à régler avec elles, énonce Maureen Murphy. Personnellement, j'ai des amis et de la famille là-bas, alors ces matchs ont toujours une plus grande signification. Ce qui est arrivé l'année dernière ajoute une autre couche à tout ça. Et maintenant que les séries approchent, je crois qu'on se fait tous cette réflexion même si certaines ne veulent pas l'avouer! »
Le Fleet est en grande forme depuis la mi-saison. Sa dernière défaite en temps réglementaire remonte au 14 février. Dans les huit matchs qu'il a joués depuis, seule la Victoire a trouvé le moyen de la couler.
Le baptême de Willoughby?
Il s'agira du premier match de la Victoire depuis que l'équipe a fait l'acquisition de l'attaquante Kaitlin Willoughby à la date limite des transactions.
Willoughby s'est entraînée pour la première fois avec ses nouvelles coéquipières dimanche. Lundi, on l'a vu demander des précisions à Cheverie avant l'exécution de quelques exercices. Ses coéquipières ont aussi dû la guider à certaines occasions durant la séance. Une période d'adaptation lui sera clairement nécessaire afin d'assimiler les subtilités du système de jeu de sa nouvelle équipe, mais il semble évident que l'état-major montréalais ne l'a pas identifiée pour qu'elle vienne jouer un rôle de figurante.
Reste à voir si elle sera utilisée dès ce soir à Boston.
« On intègre une très bonne personne dans notre vestiaire, a noté Cheverie. Elle a la vitesse que nous recherchions. Ses habitudes de travail et sa minutie sont à la hauteur de nos standards. Elle peut contribuer à 5 contre 5 mais pourra aussi nous aider en désavantage numérique. »
« Je suis une joueuse caméléon, a dit Willoughby lundi. Dans certains matchs, j'ai joué trois minutes, d'autres fois j'en ai joué dix. Je me fais une fierté de pouvoir jouer n'importe où dans la formation, peu importe comment le coach veut m'utiliser. Je vais faire ce qu'on me demande de faire. »
Willoughby jouait très peu à Toronto. Son temps d'utilisation a été inférieur à cinq minutes dans 16 de ses 20 matchs cette saison. Sa production offensive ne surprendra donc personne : elle n'a récolté qu'un point en 43 matchs depuis l'an dernier en LPHF.
« Je crois que mon principal atout est ma vitesse. Chaque fois que je saute sur la glace, j'essaie d'apporter de l'énergie, que ça soit pour mon propre trio ou pour inspirer celui qui suit. J'aime être le bâton dans les roues de l'adversaire, être la peste que tout le monde déteste. Je n'ai pas contribué offensivement cette année, mais peut-être qu'un nouveau départ m'aidera à débloquer. »