La Victoire se bat bien, mais laisse Toronto gagner du terrain
LAVAL – La Victoire de Montréal pouvait assurer sa place en séries éliminatoires dimanche après-midi à la Place Bell. Ça sera pour un autre jour.
Les célébrations attendues auront plutôt laissé place à la continuation des questionnements entourant une équipe en inquiétante perte de vitesse.
En s'inclinant 2-1 devant les Sceptres de Toronto, les Montréalaises ont perdu un troisième match de suite et ont été incapables de s'imposer en temps réglementaire dans un septième match de suite. Elles n'ont emmagasiné que huit points sur une possibilité de 21 au cours de cette séquence, laissant le champ libre à leurs rivales pour revenir dans leur roue au classement.
Avec cinq matchs à faire à la saison régulière, l'avance de la Victoire au premier rang n'est plus que de trois points sur les Sceptres, qui suivent une trajectoire symétrique à celle de Montréal. Depuis que le point médian de la saison a été franchi, les championnes de la saison régulière en 2024 montrent une fiche de 8-1-1.
Les joueuses de Kori Cheverie ont connu un lent début de rencontre, peinant à créer du danger à forces égales. Et lorsqu'elles ont trouvé leur rythme en deuxième période, elles ont été bâillonnées par la gardienne Kristen Campbell.
Cette dernière a réalisé 17 arrêts uniquement dans l'engagement médian et a globalement été dominante dans son espace de travail. Personne ne lui reprochera d'avoir été battue par un tir de Marie-Philip Poulin pendant un avantage numérique de la Victoire en fin de troisième période. Grâce à ses 32 arrêts, la gardienne manitobaine a été la principale responsable des malheurs montréalais.
« Nos joueuses ont fait exactement ce qui leur avait été demandé, c'est-à-dire envoyer des rondelles au filet, terminer leurs courses au filet, a défendu Cheverie. On a dominé 33-20 dans le département des tirs cadrés. On a fait ce qu'on avait à faire autour du filet adverse. »
Mais les bonnes intentions ne suffisent plus depuis un bon moment déjà pour la Victoire, dont chaque performance ne fait qu'accentuer le poids des manquements qui l'accablent.
L'équipe n'a marqué que 17 buts dans ses 10 derniers matchs, soit depuis qu'elle a été blanchie à domicile par le Frost du Minnesota. De ces 17 buts, huit ont été générés par Poulin et Laura Stacey. Six autres ont été fournis par des défenseuses. C'est donc dire que les efforts de douze autres attaquantes n'ont produit que trois buts durant cette séquence.
« On doit être capables de mettre les rondelles dans le fond du filet. Mais dans notre façon de transporter la rondelle autant que notre jeu de positionnement, on n'a qu'à continuer sur la même voie », s'encourage Cheverie.
Poulin prétend que les insuccès actuels de l'équipe ne sont pas difficiles à porter pour ses coéquipières et elle. On la sent toutefois un peu plus à fleur de peau dernièrement. On n'accède pas au niveau d'excellence qui est le sien en acceptant la défaite.
« On a le groupe, on a [ce qu'il faut] dans la chambre. Ça fait partie du hockey, ça fait partie du processus. Ça ne sera pas toujours rainbows and butterflies, comme on dit. Ça va être à nous de vraiment aller à travers l'adversité, de se relever les manches et y aller en groupe. »
Fautes défensives
Des buts de Jesse Compher et Natalie Spooner, inscrits au deuxième tiers, ont suffi à garder Toronto au-dessus de la mêlée. Pour toutes les questions qui lui ont été posées au sujet des problèmes offensifs de son équipe, Cheverie a surtout déploré les oublis défensifs qui ont mené aux deux buts encaissés.
Compher a ouvert la marque dès la première minute de l'engagement, battant Elaine Chuli d'un tir de l'enclave au terme d'une fluide contre-attaque. Quelques secondes auparavant, Mikyla Grant-Mentis s'était bêtement fait soutirer le disque alors qu'elle arrivait à la ligne bleue torontoise. Les Montréalaises n'ont su organiser leur repli assez rapidement et ont laissé Compher seule dans l'enclave.
À 12:10, Spooner a sorti le pic et la pelle dans le demi-cercle de la gardienne pour pousser derrière la ligne rouge une rondelle que lui avait relayée Sarah Nurse. Celui-là a particulièrement déplu à Cheverie, qui avait mis l'accent cette semaine à l'entraînement sur l'importance d'imposer sa présence dans les zones payantes aux deux extrémités de la patinoire.
« C'est un cadeau qu'on leur a fait. On aurait dû s'arrêter autour du demi-cercle et mieux en défendre l'accès. Ce n'est pas la façon dont on veut jouer autour de notre filet », a déploré l'entraîneuse.
Chuli a obtenu son premier départ depuis qu'une blessure subie par Ann-Renée Desbiens l'a placée dans le rôle de titulaire. Même si elle n'a pas été aussi sollicitée que sa vis-à-vis, elle a été solide dans la défaite en stoppant 18 rondelles.
« C'était une bonne réponse de sa part après ses récentes sorties contre Toronto et Boston, a dit Cheverie. C'est une gardienne qui nous donne une chance de gagner à chaque fois qu'elle est appelée à jouer et on aime ce qu'elle nous a donné aujourd'hui. »
La Victoire n'a toujours pas donné de détails sur la nature de la blessure qui tient Desbiens à l'écart. Cheverie a précisé qu'il était improbable que la gardienne accompagne l'équipe dans son déplacement au Minnesota cette semaine.