Lina Ljungblom, le petit choix qui pourrait rapporter gros
MONTRÉAL – Un certain mystère a entouré le nom de Lina Ljungblom durant la première saison de la Victoire de Montréal. Qui était cette jeune Suédoise que l'équipe avait recrutée avec le tout dernier choix du premier repêchage de la LPHF?
À mesure que Ljungblom imposait sa domination dans la SDHL, la ligue féminine professionnelle de son pays natal, la liste de questions s'est allongée. La verrait-on un jour à Montréal? Quand? Et quel y serait son impact une fois arrivée?
La plupart de ces interrogations sont désormais résolues. Celles qui ne le sont toujours pas pourraient receler des réponses enthousiasmantes pour l'équipe montréalaise.
Mise sous contrat pour une durée de trois ans en juin, Ljungblom a patiné pour la première fois dans ses nouvelles couleurs jeudi. Pour ce premier entraînement d'un camp de sélection qui s'étirera sur deux semaines, l'entraîneuse Kori Cheverie l'a fait compléter un premier trio hypothétique aux côtés de Marie-Philip Poulin et Laura Stacey. Le ton était donné.
Ljungblom, 23 ans, a été désignée attaquante de l'année et joueuse par excellence de la SDHL l'année dernière. Elle a cumulé 46 points en 36 matchs de saison régulière et marqué huit buts en dix matchs de séries. En compétitions internationales, on parle de dix buts en 15 parties. Sa dégaine est létale, son flair offensif indéniable.
Cheverie, qui la connaît pour l'avoir affrontée dans son rôle d'entraîneuse-adjointe avec l'équipe nationale canadienne, la décrit comme une « gamebreaker », une joueuse qui peut changer la morphologie d'un match à elle seule. Clairement, elle est impatiente d'évaluer la capacité de sa recrue à transposer ses qualités dans son nouvel environnement.
« C'est une joueuse spéciale. Elle a un tir foudroyant et on se disait qu'elle serait à sa place sur un trio qui a déjà beaucoup de créativité et de vitesse. [Poulin et Stacey] sont deux tireuses dynamiques. Pourquoi ne pas en ajouter une troisième dans le "mix"? »
« À toutes les fois où on l'a affrontée avec Équipe Canada, Lina a fait beaucoup de dommage. Pour être honnête, chaque fois que je vois le numéro 25 sur la glace, je suis en état d'alerte, a témoigné la défenseuse Erin Ambrose. C'est assez incroyable de penser qu'elle fait maintenant partie de notre équipe. »
Comme c'est le cas pour chaque joueur européen qui traverse l'Atlantique, Ljungblom s'attend à devoir s'adapter aux dimensions des patinoires nord-américaines. Éventuellement, elle croit que ses attributs ressortiront avantageusement dans ces nouveaux paramètres
« Le jeu est plus rapide et j'ai moins le temps de penser sur la glace. Je vais avec ma première idée, je suis mon instinct », développe-t-elle.
« Elle peut absorber beaucoup d'information, a remarqué Cheverie. Ça fait seulement trois jours que je travaille avec elle, dont une seule journée sur la glace, mais déjà je l'ai vue appliquer des petits changements dans sa façon de jouer. Ce n'est qu'un entraînement, mais ça m'a frappé. »
Plus que des buts
On y a déjà fait allusion, Ljungblom marque des buts comme le commun des mortels se brosse les dents : régulièrement et avec l'aisance inconsciente qui naît de la répétition.
Toutefois, à sa première année d'existence, on ne peut pas dire que la LPHF a été un buffet à volonté pour les joueuses offensives. Seule Natalie Spooner, avec 20 buts en 24 parties, a réussi à remplir les filets comme un personnage de jeu vidéo. Elle et Marie-Philip Poulin sont les deux seules joueuses à avoir maintenu une moyenne supérieure à un point par match.
L'attaque la plus productive de la ligue, celle des Sceptres de Toronto, n'a produit que 2,8 buts par rencontre.
Il est donc probable que Ljungblom ne puisse peser sur un match avec un simple rotation des poignets comme elle a l'habitude de le faire depuis le début de sa jeune carrière. Mais celles qui la connaissent n'en sont pas inquiétées.
Cheverie la décrit comme une joueuse physique et hargneuse. Ambrose parle de sa grande compétitivité. Poulin lui a même accolé l'étiquette d'attaquante de puissance même si, à 5 pieds 6 pouces, elle apparaît comme une candidate atypique pour le rôle.
« Je sens que je suis bonne dans les duels, je suis forte, assure la principale intéressée, qui joue depuis deux ans dans une ligue qui permet la mise en échec. J'aime me diriger directement au filet, faire le sale boulot devant la gardienne et aider l'équipe de cette façon. Je crois que je peux faire ma place dans cette ligue autrement qu'en produisant offensivement. Mais j'aime marquer des buts, bien sûr! »
Il est évidemment trop tôt pour s'emporter. De nombreuses joueuses sont arrivées à court des attentes lors de l'An 1 de la LPHF. Mais si Ljungblom s'approche le moindrement du potentiel qu'on voit en elle dans les balbutiements de cette saison, les dirigeants de la Victoire pourraient avoir réalisé un coup de génie en s'appropriant ses droits de façon aussi créative.