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RÉSULTATS

Sous la loupe, Cheverie assume ses décisions

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MONTRÉAL – Erin Ambrose avait deux regrets après le deuxième match de la demi-finale qui oppose Montréal à Boston dans la LPHF.

Le premier, évidemment, était le résultat. Pour la deuxième fois en trois jours, son équipe venait de subir la défaite en prolongation et tirait maintenant de l'arrière 0-2 dans la série 3-de-5.

L'autre était d'avoir porté des souliers à talons hauts pour venir à l'aréna.

« J'aurais juste dû repartir avec mes gougounes! », se plaignait la défenseuse d'expérience lundi matin en repensant à sa tenue d'après-match.

Ambrose avait 61 bonnes raisons de regretter son choix de chaussure. Une pour chaque minute passée sur la patinoire dans cette défaite crève-cœur qui avait connu son dénouement en troisième période de prolongation.

La quart-arrière de l'équipe montréalaise a été la joueuse la plus sollicitée des deux camps, un effort surhumain qui l'a astreint à une discipline de fer le lendemain. Des bains de glace et des bains chauds en alternance, une bonne hydratation et beaucoup de marche.

« De la marche? », lui a demandé un confrère.

« Si j'avais passé la journée étendue sur le divan, je ne crois pas que je serais capable de me tenir à la verticale aujourd'hui », a-t-elle rétorqué.

En plus du sens de la répartie d'Ambrose, la situation a une nouvelle fois mis en lumière le déséquilibre dans la division de la charge de travail au sein du vestiaire montréalais.

Pour un deuxième match consécutif, l'entraîneuse Kori Cheverie s'est fortement appuyée sur le travail de ses deux premiers trios et de seulement deux paires de défenseuses.

Sur l'autre banc, son homologue Courtney Kessel a distribué les missions avec un peu plus d'équité. Ironiquement, c'est l'une des attaquantes qu'elle a fait jouer avec le plus de parcimonie, Taylor Wenczkowski, qui a offert à son équipe le but victorieux.

Déjà examinées à la loupe après la première défaite des siennes, les décisions de Cheverie ont été doublement remises en question depuis que son équipe fait face à l'élimination. Mais la patronne du banc montréalais les assume avec sa confiance habituelle et ne croit pas qu'elles rendent ses joueuses plus vulnérables pour les matchs sans lendemains qui les attendent au Massachussetts.  

« On doit continuer de mettre nos joueuses dans des situations où elles pourront connaître du succès, s'est-elle justifiée. Comme entraîneurs, on remet constamment nos décisions en question. On demande aux joueuses d'étudier leurs tendances afin qu'elles puissent s'améliorer et on fait la même chose de notre côté. »

« [Les derniers jours] en disent long sur tout le travail que nos joueuses ont abattu. Celles qui obtiennent beaucoup de minutes, c'est pour ça qu'elles font partie de l'équipe nationale. C'est le résultat de 10 ou 15 années d'efforts au sein de l'élite. Les filles riaient lors des entractes, elles donnaient beaucoup de crédit à nos préparateurs physiques. Cette année, elles se sont entraînées 22 fois immédiatement après un match. C'est pour des moments comme ceux-là. »

« Je serais plus inquiète si on avait perdu nos dernières parties 3-0 ou 4-0, a poursuivi Cheverie. Je me dirais probablement qu'on doit changer notre approche. Mais on s'est rendues deux fois en prolongation, ça aurait pu pencher d'un côté ou de l'autre. Je n'ai pas senti que [Laura] Stacey ou [Marie-Philip] Poulin perdait de la vigueur en temps supplémentaire. On verra quelle sera la physionomie du prochain match. »

Gérer la déception

Avant le début des séries, Cheverie avait été questionnée sur le règlement qui force les équipes de la LPHF à garder trois joueuses dans un rôle de réservistes plutôt que de leur permettre de gérer des effectifs élargis. Bien qu'elle avait reconnu les contraintes occasionnées par ce système, elle en avait souligné un avantage, soit celui d'avoir moins de joueuses à retrancher, et donc à décevoir, à chaque partie.

En coupant son banc aussi drastiquement depuis deux matchs, Cheverie a dû serrer les dents et mettre les sentiments de côté.

« Notre façon de bâtir et d'entretenir nos relations avec nos joueuses a été l'une de nos forces cette année, assure-t-elle. On se parle constamment. J'ai discuté avec quelques-unes d'entre elles hier. Il y a des joueuses qui devront accepter des rôles différents et je pense qu'elles le savent. Ça ne rend pas ça plus facile, mais elles doivent savoir ce qui est attendu d'elles quand les occasions se présenteront. On veut qu'elles sachent qu'on a toujours confiance en elles et en communiquant de la sorte, habituellement cette confiance devient réciproque. »

Ambrose a précisément tenu à exprimer sa solidarité envers les défenseuses Madison Bizal et Brigitte Laganière, qui ont chacune joué moins d'une minute dans le marathon de samedi.

« Elles étaient là pour nous durant tout le match. Leur énergie m'a donné des forces, elle s'en allait directement dans mes jambes et j'ai apprécié leur présence. Il n'y a aucun moment dans un match, que tu sois sur le banc ou sur la glace, où tu ne peux pas avoir une influence positive sur ton équipe. C'est important pour tout le monde de garder ça en tête. »  

« Ça fait partie du sport professionnel. Dans le hockey féminin, on ne connaît pas nécessairement cette façon de faire, mais dans la chambre, on est toutes unies, promet Poulin. On essaie d'être là pour les filles qui ont peut-être eu moins de temps de glace, mais tu sens leur énergie, elles sont toujours là à nous encourager. On a bâti cette culture où tout le monde est ensemble et peu importe ta contribution, tu vas la faire au meilleur [de tes capacités]. Je pense que les filles l'ont fait et on continue ensemble. »

Les Montréalaises se sont prêtées à un court entraînement d'une trentaine de minutes avant de mettre leurs bagages dans l'autobus en direction de Lowell. Les troisième et quatrième matchs de la série y sont prévus mardi et jeudi.

Stacey et la gardienne Ann-Renée Desbiens ont obtenu congé d'entraînement afin de récupérer de leurs efforts. Cheverie n'a soulevé aucun drapeau rouge dans leur cas.

Inactive depuis cinq matchs, l'attaquante Sarah Bujold a fait du temps supplémentaire en solitaire et a participé à quelques exercices d'équipe avant de retraiter au vestiaire. Elle portait un chandail jaune indiquant qu'elle n'était pas prête aux contacts. Son statut pour le match numéro 3 est incertain.