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RÉSULTATS

LPHF : Une foule record et un test colossal attendent Montréal

Kori Cheverie Kori Cheverie - PC
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MONTRÉAL – Lorsqu'elle a déménagé à Toronto pour jouer dans la défunte Ligue canadienne de hockey féminin, Kori Cheverie a dû décrocher deux emplois à temps partiel, l'un dans une boutique d'articles de sport et l'autre dans une garderie, pour arriver à joindre les deux bouts. C'était l'époque, pas si lointaine, où les joueuses de hockey pratiquaient leur sport sans toucher de salaire.  

Vendredi, Cheverie reviendra dans la Ville Reine dans un contexte spectaculairement contrastant. L'entraîneuse-chef de l'équipe montréalaise de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) dirigera ses troupes dans un match à guichets fermés à l'Aréna Scotiabank, le domicile des Maple Leafs de Toronto.

Annoncée le 25 janvier dernier, cette affiche spéciale entre les deux rivales naturelles a suscité un intérêt fulgurant. Les 18 800 sièges de l'amphithéâtre ont trouvé preneur dans l'heure qui a suivi leur mise en marché. À un peu plus de 24 heures de l'événement, une recherche non-exhaustive sur le marché de la revente permettait de prévoir un investissement de près de 200$ pour une paire de billets au balcon.

L'équipe torontoise de la LPHF dispute habituellement ses parties au Mattamy Athletic Centre, qui peut accueillir un peu moins de 2500 spectateurs.

« J'ai encore beaucoup d'amis à Toronto, racontait Cheverie avant d'embarquer dans l'autobus qui devait y transporter son groupe. Je suis excitée à l'idée d'aller jouer dans cet aréna, même devant une foule qui se rangera majoritairement derrière notre adversaire. On pourra compter sur les encouragements de notre petite section de partisans. Ça sera un moment agréable, mais aussi important pour le hockey féminin. »

C'est aussi dans la métropole de l'Ontario, à la Toronto Metropolitan University – qu'on appelait Ryerson, à l'époque – que Cheverie a commencé sa carrière d'entraîneuse. La Néo-Écossaise a révélé jeudi qu'elle avait aussi été stagiaire au sein de l'organisation des Maple Leafs.

« Plusieurs de mes anciens collègues travaillent encore pour l'équipe. C'est cool, je m'attends à croiser plusieurs d'entre eux. Je crois que c'est un match qui méritait d'être joué dans ce contexte. »

C'est la troisième fois cette saison que les Montréalaises seront impliquées dans un match qui brisera un record d'assistance. Le 2 janvier, leur match inaugural à Ottawa avait été le plus couru de l'histoire du hockey professionnel féminin avec une foule de 8318 spectateurs. Quatre jours plus tard, elles avaient joué devant 13 316 amateurs au Minnesota.

Leur souhait, outre celui de décrocher une victoire vendredi dans l'antre inhospitalier de leurs rivales, est de devenir les hôtesses du match qui établira la véritable marque à abattre dans la LPHF. La capacité maximale pour un match de hockey au Centre Bell est de 21 105 spectateurs.

« Je veux que le record soit à Montréal, n'a pas caché la gardienne Ann-Renée Desbiens. Je suis consciente que le Centre Bell est plus grand que le Scotiabank Arena. Donc c'est le fun de briser [le record] une fois en sachant qu'on peut le briser de nouveau par la suite. Si j'étais une personne d'administration, c'est ce que j'aurais fait! Je ne sais pas s'ils ont poussé la réflexion jusque-là, mais je suis confiante qu'on va avoir l'occasion de jouer au Centre Bell et que les partisans du Québec vont se pointer. »

« C'est sûr que tu y penses, a admis Marie-Philip Poulin. Je pense que ça va être dans les plans. Danièle [Sauvageau] a une vision. On espère qu'éventuellement, on sera là. »

Une brique et un fanal

Il s'agira du deuxième face-à-face de la saison entre Montréal et Toronto. Il y a un mois, les Torontoises avaient profité de leur passage à Verdun pour mettre fin à une série de trois revers. Elles avaient poivré Desbiens de 40 lancers et avaient fini par avoir le dernier mot après une enlevante séance de tirs de barrage.

Les joueuses de l'entraîneur Troy Ryan n'ont pas ralenti depuis. Elles ont maintenant remporté trois matchs de suite. Au classement, elles sont en position pour rejoindre Montréal au deuxième rang avec une victoire en temps réglementaire vendredi.

« Je ne suis pas surprise, affirme Desbiens. C'est une équipe qui compte sur beaucoup de travaillantes, qui a beaucoup de structure. Je suis très familière avec leur staff, ce sont des gens qui exigent ça de leurs joueuses, de l'intensité, de mettre de la pression sur les gardiennes adverses.  Je m'attends à quelque chose de très similaire de leur part. Mais je suis certaine que de notre côté on va s'être adaptées et on va être prêtes pour le style de jeu qu'elles vont nous présenter. »

Affronter Toronto, c'est affronter la joueuse de l'heure dans la LPHF. Dans la séquence victorieuse de son équipe, l'attaquante Natalie Spooner a marqué sept des onze buts de son équipe. Mercredi, son tour du chapeau a été le fait saillant d'une victoire de 5-3 à Boston. La double médaillée d'or olympique a aussi inscrit un doublé dans le match décisif de la Série de la rivalité dimanche dernier.

Spooner a dix buts en autant de matchs depuis le début de la saison. Elle est également la joueuse de la LPHF qui a cadré le plus de tirs (42).

« Ce qui la rend dangereuse, c'est sa vitesse et la façon dont elle amène les rondelles au filet, analyse Desbiens. Tu le sais qu'elle va s'en venir dans ton demi-cercle, qu'elle va essayer de te pousser avec la rondelle dans le but. Ça fait des années qu'elle fait ça. Je pense qu'au cours des dernières années, elle a appris à aimer ces forces-là. »

« Spooner ne m'inquiète pas, lâche Cheverie. C'est vrai qu'elle connaît une bonne saison au plan individuel. Collectivement, peut-être qu'on doit être un peu plus éveillées quand certaines joueuses sont sur la glace, mais on essaie de se concentrer sur notre groupe. Si on fait ça, on devrait réussir à neutraliser les menaces offensives adverses. »

Montréal a remporté ses trois derniers matchs, dont les deux plus récents en prolongation.